Premières cartes de randonnées martiennes…

C'est à partir des données collectées par la sonde européenne Mars Express, que des cartographes et des planétologues allemands ont réalisé les premières cartes de randonnée de la planète rouge.

Pour le moment, seule une petite partie de la région de Iani Chaos a été choisie et ainsi cartographiée, avec force détails. Ces premières cartes, sont en fait et surtout des cartes topographiques où ont été reportées la toponymie locale et les lignes d'altitude (d'une équidistance de 250 m au 1/200.000, de 100 m au 1/100.000 et de 50 m au 1/50.000)), sans oublier le fond visuel en « couleurs MEX » provenant de la caméra HRSC et une légende standardisée.
Pour les réaliser, il a fallu compiler les données de la sonde MEX et notamment les ortho-images de la caméra HRSC et réaliser des Modèles Numériques de Terrain (MNT ou Digital Terrain Models en anglais). Les données d'origine ayant été collectées entre le 5 et le 11 octobre 2004 durant les orbites n°0912, 0923 et 0934 de la sonde MEX.
C'est sous la conduite du célèbre Gérard Neukum (Université Libre de Berlin), que J. Albertz et S. Gehrke (Institute for Geodesy and Geoinformation Science, Technische Universität Berlin), en coopération avec le German Aerospace Centre (DLR) et l'Institute of Planetary Research (Berlin) que la première série de cartes a été faite à une échelle initiale de 1/200.000. La qualité des données permet aussi aux cartographes de réaliser à partir de ces cartes, des sub-divisions en 6 et 4 parties et d'obtenir des cartes des mêmes régions au 1/100.000 et 1/50.000, soit des échelles se rapprochant de notre fameuse carte d'Etat-Major.
Les planétologues ont choisi la région de Iani Chaos en raison de son intérêt topographique. C'est en effet une large dépression de 330 km sur 430 km, située vers 2,8° S par 342,5°E. Cette région est couverte de collines, de buttes résiduelles, de lambeaux de plateau, de zones effondrées, de coulées de débris, de blocs individuels et d'astroblèmes plus ou moins éparses qui forment un véritable chaos à travers le paysage. Ces reliefs résiduels, témoins fantômes d'une surface topographique antérieure aujourd'hui disparue, sont assimilables à des reliefs ruiniformes. On y observe également ce qui pourrait être des terrasses alluviales, des restes d'îles…

Il pourrait s'agir de structures altérées successivement par la présence d'épisodes volcaniques, lacustres et glaciaires en forte corrélation avec les écoulements catastrophiques d'Ares Vallis…
Ces cartes ont été générées à partir du logiciel cartographique « Planetary Image Mapper (PIMap) développé à l'Université Technique de Berlin. Elles sont un bel exemple de ce qui peut être conçu à partir des données de la sonde MEX. La caméra HRSC va dans les années à venir, fournir assez de données pour créer de telles cartes sur la totalité du globe de Mars. Au 1/200.000, cela représenterait pas moins de 10.372 feuillets dont 10.324 allant de -85° à +85° de latitude (en projection « Sinusoïdale » complétées par 48 feuillets couvrant les régions polaires en projection « Lambert azimutale ».
Sur Terre, ce type de cartes réalisé le plus souvent sans fond de plan, est employé par les professionnels du transport et de la logistique mais aussi par les urbanistes et le grand public, notamment les randonneurs.

On attend donc avec impatience l'ensemble des cartes couvrant toute la planète…

© Texte : Gilles Dawidowicz/APM.
© Images : Map Compilation: Technische Universität Berlin, 2006; Image Data: ESA / DLR / FU Berlin (G. Neukum).