Gabrielle Giffords est la présidente (démocrate) de la sous-commission "Espace et Aéronautique" de la commission "Science et Technologie" de la chambre des représentants des Etats-Unis. Elle est l'élue du 8ème district de l'Arizona (Tucson).
(source : Commission de la Science et de la Technologie de la Chambre des Représentants des Etats-Unis)
Traduction Pierre Brisson
Bonjour…J’ai organisé cette audience…car nous avons un problème sérieux à traiter, l’avenir du programme des vols habités américains, et nous devons le faire correctement.
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Nous sommes ici aujourd’hui parce que le Congrès et le peuple américain estiment que le budget du Président ne répond pas à leur attente. Ce budget propose pour l’avenir de la NASA des changements considérables qui auraient un impact énorme sur les emplois qualifiés et sur les capacités manufacturières de haute technologie. Il pourrait laisser notre pays sans programme d’exploration par vols habités, sans véhicule spatial qualifié pour ces vols et sans pouvoir donner aucune inspiration à la jeunesse de ce pays. De plus, la proposition budgétaire parvient à ce résultat avec un manque de détails flagrant pour étayer la direction donnée à cette nouvelle politique.
Cette audience est la dernière d’une série qui a été organisée par la Commission de la Science et de la Technologie…C’est notre travail et notre responsabilité de nous assurer que les dollars des contribuables américains sont dépensés avec sagesse. Nous devons être certain que les programmes existants sont justifiés et sont bien gérés et nous devons être pleinement informés des conséquences de l’annulation de certains d’entre eux.
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Malheureusement, l’Administrateur de la NASA a été incapable de satisfaire un grand nombre de membres de cette Commission. Nous allons continuer aujourd’hui à regarder de plus près les éléments du plan proposé et nous allons essayer d’obtenir des informations complémentaires, dans la mesure où ces informations existent…
On nous a demandé de soutenir un projet de budget qui laissera ce pays sans système public d’accès à l’orbite basse terrestre et sans système d’accès à des destinations plus lointaines.
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Ce pays deviendrait dépendant, pour les vols des astronautes, de services privés qui restent à développer, sans que ces services puissent être chiffrés et sans que la sécurité qu’ils offriraient puisse être connue. Ces services n’auraient aucune solution de repli publique. Pour le futur prévisible, nous serions très vraisemblablement contraints de dépendre d’autres pays pour accéder à l’orbite basse terrestre et à la Station Spatiale Internationale. Nous resterions sans plan, destination ou calendrier précis pour les missions d’exploration au-delà de l’orbite basse terrestre.
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Au lieu de bonnes explications et de raisonnements sérieux pour de tels changements dévastateurs et, franchement, déconcertants, on nous a servi un ensemble d’arguments non convaincants et de réponses du genre « on travaille sur les détails ».
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On demande au Congrès d’investir les dollars des contribuables dans une entreprise commerciale pour les vols habités sans fournir de perspective raisonnable de succès…
Au cours de l’audience d’aujourd’hui, nous traiterons des questions qui restent en suspens dans la proposition budgétaire, en ce qui concerne l’exploration par vols habités. Nous demandons des réponses claires, basées sur des faits. Le public américain ne mérite pas moins que cela.
Comme note finale, je voudrais vous faire partager quelque chose que j’ai reçue par courriel récemment. Je tiens dans ma main un dessin que m’a envoyé un jeune scout de sept ans nommé Noah. Il montre un vaisseau spatial atterrissant sur un corps céleste avec la légende suivante, écrite en caractères majuscules comme en utilisent les enfants : « Nous aimons l’espace ». Quand Noah sera grand et qu’il se demandera quelle carrière aborder ou quelles études entreprendre, la NASA sera-t-elle encore ce phare brillant qui inspire notre nation ? Noah n’est pas seul. Cette commission a fait de l’éducation des jeunes en science et en mathématiques une de ses plus hautes priorités.
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Audience après audience, on nous dit que l’une des choses les plus importantes pour susciter l’intérêt des jeunes dans les sciences et dans l’ingénierie, est de leur présenter une source d’inspiration. Je crois que la NASA a été l’une des plus grandes sources d’inspiration que ce pays et même le monde, ait connu et mon intention est que ça le reste.
Ce qui est le plus troublant dans le projet du Président, à mon avis et je crois pour beaucoup de mes collègues, c’est le manque de tout véritable plan d’exploration par vols habités, qui constitue le summum de l’inspiration.
J’attends davantage du gouvernement et franchement, de la NASA, une organisation où travaillent certains des esprits les plus brillants et les plus analytiques de cette planète, qu’une vague liste de destinations hypothétiques. Nous méritons et exigeons un plan d’exploration par l’homme qui donne des détails sur l’endroit où nous irons, quand nous irons et comment nous irons. C’est seulement en déterminant une mission que nous détermineront les technologies nécessaires et le calendrier de leur développement.
Je suis convaincue que l’Amérique ne doit pas rester assise sans rien faire pendant vingt autres années, avant de se lancer dans une expédition sur Mars. Je veux voir un plan qui comprend l’exploration humaine au-delà de l’orbite basse terrestre pour la fin de cette décennie. Rien dans ce budget ne donne d’indications que cela puisse arriver et je trouve cela inacceptable. Nous avons la technologie. Faisons en sorte que cela soit possible. Merci.
Commentaire :
Ce discours traduit parfaitement la frustration actuelle des parlementaires américains face à la nouvelle orientation proposée par l’administration en matière d’exploration spatiale. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres, mais qui met l'accent de façon particulièrement forte et concise sur les points essentiels qui devraient guider une véritable vision…
Gabrielle Giffords est une Américaine comme on les aime, directe et pragmatique. Elle est en position de faire changer la politique spatiale de son pays car, aux Etats-Unis, l’approbation par le Congrès (quelle que soit la chambre) n’est pas une formalité, même si la proposition vient d’un gouvernement de même tendance politique que la majorité. Le vote de la loi sur l’assurance maladie l’a encore une fois bien prouvé.Il reste donc encore de l’espoir ! On attend maintenant avec impatience la réaction du président Obama à l'occasion du discours sur la politique spatiale qu'il doit prononcer le 15 avril en Floride.
Pierre Brisson