Le 24 septembre, la NASA a célébré son 50 ème anniversaire dans les nouveaux locaux du National Air and Space Museum près de l’aéroport international de Washington Dulles. L’évènement organisé par L’American Institute for Aeronautics and Astronautics a rassemblé environ 2200 personnes. Les astronautes John Glenn et Neil Armstrong, et l’administrateur de la NASA Michael Griffin ont pris la parole lors de cette soirée. Leurs interventions peuvent être trouvées dans leur intégralité sur le site de la NASA.
Une partie du grand hall du Steven F. Udvar-Hazy Center du National Air and Space Museum. L’entrée du hall spatial se trouve dans l’axe du SR 71 éclairé en orange au premier plan. (doc. A. Souchier)
John Glenn rappelé que l’évolution des USA sur les 120 dernières années devait beaucoup au fait que « la nation avait mis plus (que les autres) dans la recherche de base et fondamentale apprenant de nouvelles choses en premier ».
« En juin 2004 le Président a annoncé – le président a ordonné – une nouvelle mission pour la NASA : aller sur la Lune puis Mars.
Tout le monde a avalisé cela, moi aussi. J’ai pensé que cela était grand excepté sur un point: l’argent ne suivait pas. Nous n’avions aucun plan pour trouver de nouveaux fonds. Et Mike Griffin…a reçu ce que je considère comme une tâche impossible : faire tout ce que fait aujourd’hui la NASA…mais y ajouter un couple de petits projets comme aller sur la Lune et vers Mars.
Hé bien, il n’avait pas d’autre choix que de prendre quelques actions comme de couper la recherche dans certains domaines. Aujourd’hui, nous avons une station là haut qui va être terminée dans un an environ. Nous aurons dépensé un peu plus de 100 milliards de dollars…, mais nous ne l’utilisons pas pour le type de recherche que nous devrions y faire, parce que nous n’avons plus d’argent.
J’ai toujours vu le vol spatial comme ayant deux finalités. Les deux concernent la recherche. L’une est la macro recherche, l’autre la micro recherche et je pense que les deux vont de pair…
La macro recherche est l’exploration. Aller plus loin. Apprendre comment aller en différents endroits. Juste pour voyager vers différents endroits : ce que nous apprenons en faisant cela et en construisant les vaisseaux et installations pour y aller.
Mais avec cela va la micro recherche qui je pense est aussi importante. Nous devons économiser plus pour faire ce type de recherche maintenant. Nous sommes même dans une situation où nous devons stopper notre propre moyen de transport vers la station internationale pendant un certain nombre d’années après le retrait de la navette en 2010.
Cela semble sinistre mais je reste tout à fait optimiste, même à cette date tardive, et pense que l’on pourra trouver assez d’argent pour restaurer ce que je vois comme (un programme) plus équilibré… »
On le voit : ce discours avalise l’exploration mais pousse nettement à l’utilisation plus poussée de la station.
John Glenn et Neil Armstrong durant leurs interventions (doc. A.Souchier)
Le discours de Neil Armstrong a été plus court est s’est plutôt attaché aux grande finalités des activités spatiales.
« Finalement (la course à l’espace entre les USA et la Russie) a fourni un mécanisme qui a engendré une coopération entre les adversaires. En ce sens et parmi d’autres, cela a été un investissement national exceptionnel pour les deux cotés. Je considère que l’un des rôles les plus importants des gouvernements est de motiver ses citoyens, et particulièrement ses jeunes citoyens, à aimer apprendre et à s’efforcer de participer et contribuer au progrès de la société.
L’objectif est beaucoup plus que d’aller plus vite, plus haut et plus loin. Notre objectif, en fait notre responsabilité, est de développer de nouvelles options pour les générations futures. Options pour étendre le savoir humain, l’exploration, l’implantation de l’homme, et le développement de ressources dans l’univers qui nous entoure.
Notre espoir le plus élevé et le plus important est que la race humaine améliorera son intelligence, sa personnalité et sa sagesse de manière à pouvoir évaluer et choisir correctement parmi ces options et toutes les autres qu’elle rencontrera dans les années futures. »
Après John Glenn et Neil Armstrong, l’administrateur de la NASA, Michael Griffin, avait la charge de conclure les interventions.
Le discours de Michael Griffin (doc. A.Souchier)
« … avec notre budget actuel en dollars fixes, en dollars constants, en dollars ajustés à l’inflation, si nous gardons le cap, lorsque nous serons à l’époque du 100 ème anniversaire…, nous pourrons fêter le 20 ème anniversaire du premier atterrissage sur Mars… C’est possible avec les technologies disponibles, et c’est possible dans le budget, mais cela demande que nous agissions avec une continuité qui est inhabituelle pour des américains, que nous ne dérivions pas de notre trajectoire, que nous restions fidèles à ce que nous croyons des objectifs appropriés pour notre agence pour l’époque de nos enfants et petits enfants. »
Michael Griffin fait en suite références aux matériels extraordinaires qui sont exposés dans les musées et en particulier dans celui où se déroule la cérémonie, le SR71 Mach 3, les matériels Apollo. Dans les musées en général « ce qui nous apparaît facile aujourd’hui ne l’était pas lorsque cela fut fait la première fois. Mais il n’y a que dans le domaine aérospatial américain…où l’on peut aller dans un musée, regarder des objets et souhaiter que l’on sache encore faire aussi bien. A mon avis cela devrait attrister tout le monde ici. »
Michael Griffin fait ensuite référence à la mission chinoise avec trois taïkonautes qui n’avait pas encore eu lieu au moment de la cérémonie, en soulignant que pendant cette mission il y aura autant d’astronautes chinois que de russes plus américains dans l’espace.
« En contraste les victoires que nous nous efforçons d’obtenir …incluent le passage au Congrès d’une dérogation qui me permettrait d’utiliser l’argent du contribuable américain pour acheter des sièges sur le Soyouz russe pour amener nos astronautes jusqu’à la station spatiale que nous avons construite. Et cela sera une victoire car toutes les autres solutions sont pires. C’est la situation dans laquelle nous nous trouvons à cause de ce que la commission d’enquête sur l’accident de Columbia a appelé une forte perte de vision du programme spatial américain par rapport à ce qu’il devrait être. J’ai pris les rênes de la NASA au meilleur et au pire moment : le meilleur parce qu’il y a la possibilité de changer les choses et c’est ce que nous faisons. Et je pense que l’équipe que nous avons assemblée travaille vraiment très bien. Je suis immensément fier d’eux. Mais en ce jour de 50 ème anniversaire, nous ne sommes pas en train de célébrer le 20 ème anniversaire du débarquement sur Mars ; nous aurions pu, mais nous avons perdu nos objectifs. Et nous avons perdu la compréhension de ce que tout ce dont la réalisation vaut le coup ne peut pas être présenté sur une feuille Excel et passé au crible d’une analyse bénéfices-coûts. J’espère que dans les 50 prochaines années nous pourrons embrasser cette compréhension et alors, ceux qui sont aujourd’hui dans ce musée et qui seront encore là dans 50 ans, pourront regarder la foule et dire : n’est ce pas grandiose d’avoir une base sur Mars. Merci »
Il est intéressant de noter qu’a part le terme de « module Apollo sur la Lune » dans le passage sur les matériels du passé, Michael Griffin n’a pas utilisé une seule fois le terme Lune dans son discours.
La NASA avait invité tous les astronautes US ou non US ayant volé sur des engins américains. Ici Buzz Aldrin très entouré. (doc. A.Souchier)