Par Alexandre Mangeot
Quand l’équipage 143 est arrivé à la Mars Research Desert Station (MDRS) dans l’après-midi du 15 novembre, chaque membre se connaissait depuis une journée tout au plus. L’équipage est composé de membres provenant de plusieurs disciplines et de nationalités de divers continents, incluant des professions allant des sciences et de l’ingénierie au journalisme, représentant le Canada, la France, la Russie ainsi que les États unis d’Amérique. L’anglais et le français ont été les langues principalement utilisées pour unir l’équipage. En plus de l’intérêt commun pour l’espace, tout le monde était désireux, non seulement de poursuivre leur recherche, mais aussi d’assister et aider les autres dans les leurs. Au début de la mission, un ensemble d’objectifs ainsi que la déclaration d’intention de la mission ont été établis pour guider le cours de la mission pour les deux semaines à suivre. Les buts et la déclaration d’intention ont été établis comme suit :
– S’engager à respecter les conditions de simulation, des règles et des restrictions tout au long de notre séjours à la MDRS.
– Conduire divers projet de recherche scientifique, en ingénierie et en sciences humaines pour atteindre les objectifs de chacun des membres de l’équipage.
– Maintenir la sensibilisation du public comme il convient en respectant les objectifs de chaque membre de l’équipage.
– Acquérir de nouvelles compétences, par les autres membres de l’équipage, qui seraient applicables pour vivre à la Flashline Mars Artic Research Station (FMARS) pour la durée d’une année.
«C’est la mission de l’équipage MDRS 143, finaliste de la mission Mars Arctic 365, que de fournir un modèle à la fois pour une dynamique de groupe efficace et la mise en œuvre de recherches sur des scénarios d’exploration martienne.»
Les travaux de chaque membre au sein du groupe en tant qu’officier, scientifiques et journalistes exécutant leurs recherches ont atteint leurs objectifs et même plus.
L’équipage 143 est entré en condition de simulation le 17 novembre. Les règles de simulation nous ont été présentées durant le processus de transfert d’équipage. Elles ont pour but de nous garder dans les conditions qui seraient effectives dans une vraie mission martienne. Ceci implique de maintenir un contact avec le support de mission (Mission Support) en soumettant des rapports quotidiens de nos activités et des requêtes, telles que les plans d’Activité Extra Véhiculaire (AEV) lorsqu’un membre de l’équipage a l’intention d’aller travailler à l’extérieur. Tout au long des deux semaines à la MDRS, l’équipage 143 a maintenu les conditions de simulation aussi fidèlement que possible et n’as pas rencontré de situation qui nécessitait d’arrêter la simulation.
Avant d’arriver à la MDRS, chaque membre de l’équipage 143 a soumis une proposition de recherche scientifique à effectuer. Pour plusieurs membres, des recherches de terrains qui nécessitent une période d’étude plus longue à la FMARS ont été présentées et ont été conduites comme des validations de principe durant les deux semaines à la MDRS. Le biologiste de l’équipage, Paul Solokoff a conduit une étude sur les espèces végétales dans le voisinage de l’habitation en incluant un plan d’expansion basé sur les leçons apprises à la MDRS pour les appliquer sur une étude des plantes d’une durée d’un an à la FMARS. Le géologue de l’équipage, Paul Knightly a mené une série d’études géologiques sur les caractéristiques du voisinage de l’habitation, se concentrant sur les techniques d’échantillonnage pour identifier les lacunes techniques afin de définir un meilleur protocole d’échantillonnage pour une étude de plus longue durée. L’ingénieur de l’équipage, Ian Silversides a conduit une série d’études d’analyse structurelle de l’habitation qui serait appliquée à une étude plus vaste à la FMARS. Le commandant en second, Alexandre Mangeot a commencé une étude sur l’habitabilité de la MDRS (partiellement menée par Dr. Irene Schlacht – Italie). Cette étude suggère diverses modifications pour faire face à certaines insuffisances et dangers potentiels, qui pourraient améliorer les conditions de travail durant une mission d’un an à la FMARS.
Certaines études se sont concentrées sur l’aspect humain d’une expédition habitée vers Mars. Le commandant en second et ingénieur, Alexandre Mangeot à testé son programme d’apprentissage de prélèvement géologique pour comparer comment des membres d’équipage experts et débutants prélèveraient des échantillons de sol. L’officier de la Serre (GreenHab), physicien et ingénieur junior, Claude-Michel Laroche s’est concentré sur comment les membres de l’équipage pourraient efficacement construire un protocole décrivant les tâches et les procédures expérimentales de sorte que n’importe quel membre de l’équipage puisse accomplir le protocole si le principal intéressé ne peut être en mesure d’exercer ses fonctions normales. Enfin, la journaliste de l’équipage, Anastasiya Stepanova a consciencieusement rapporté les activités quotidiennes de l’équipage et a soutenu en grande partie la sensibilisation du public qui a été quotidiennement conduite durant la mission.
La sensibilisation du public est un facteur important dans le processus visant à envoyer des humains vers Mars. L’équipage 143 en a fait comme but principal non seulement d’atteindre le public cible qui est intéressé par la vie à la MDRS, mais en plus d’atteindre une audience non traditionnelle pour diffuser les nouvelles de nos activités de mission. Pour ce faire, il a fallu tirer parti des sites de média sociaux tels que Twitter et Facebook pour rendre disponibles les mises à jour régulières du travail que nous avons effectué. Chaque membre de l’équipage a également apporté son propre appareil photo numérique et a largement documenté son séjour en partageant les photos prises tout au long de la mission. Pendant notre séjour, nous avons également interagi avec nos visiteurs, des médias français, pour augmenter la portée de notre message et du travail accompli à la MDRS. La sensibilisation du public ne s’arrêtera pas avec la fin de la mission. Presque tous les membres de l’équipage travaillent sur des plans de sensibilisation, comprenant la publication des travaux de recherche, des entrevues avec des médias locaux dans leurs villes respectives ainsi que des présentations sur leurs expériences à la MDRS.
Acquérir de nouvelles compétences sera une partie intégrante de la formation continue pour tous ceux qui partiront sur Mars. Les membres de l’équipage 143 l’ont compris dès le début et se sont engagés à créer des possibilités d’apprentissage pour l’équipe. Cet échange de connaissances s’étend de l’enseignement à l’accomplissement de tâches de recherche d’un autre membre de l’équipage, à des activités amusantes comme apprendre à danser ou jouer de la flûte de nez. Les séances d’exercice physique et de yoga ont été dirigées par des membres d’équipage expérimentés puisque l’activité physique sera un élément primordial pour maintenir le bien-être physique et mental de tous les membres d’équipage pour une mission prolongée. Des séances d’information régulière sur la santé et la sécurité ont été données par l’officier de santé et sécurité de l’équipage, Paul Solokoff, et ont abordé diverses problématiques allant de la promulgation des premiers soins aux incendies et autres procédures d’urgence adaptées à l’habitat. La volonté de chacun a essayer de nouvelles expériences, et d’apprendre de nouvelles compétences a été un thème récurrent tout au long de la mission et qui se poursuivra après que nous ayons quitté la MDRS.
Peut être l’expérience qui a le plus uni l’équipage, sur une base quotidienne, est la préparation des repas tout au long de notre rotation. La nourriture a réuni des personnes venant de différents milieux depuis des siècles et pour cet équipage l’expérience n’a pas été différente. L’empressement de chaque membre de l’équipage à cuisiner les repas à partir de provisions limités, avec la participation des autres membres et à créer une atmosphère amicale est reconnu et approuvé par chacun. Peut être que c’est de façon approprié que notre simulation a inclu la fête américaine de Thanksgiving, cette fête où le repas a été une occasion pour nous de rendre grâce à l’expérience qu’il nous a été accordé de vivre.
Nous tenons à remercier tous les bénévoles de la Mars Society qui nous ont soutenus tout au long de la mission et aux donateurs qui ont financé la Mars Desert Research Station. Collectivement, ils font de la MDRS un outil de recherche précieux en ce moment ou l’humanité se prépare à explorer Mars dans les prochaines décennies.
L’expérience de l’équipage 143 peut-être décrite comme productive et inspirante pour toutes les personnes impliquées. En vivant dans une simulation de mission martienne durant deux semaines, poursuivant nos objectifs individuels de recherche dans un environnement stimulant, menant des activités de sensibilisation du public, et apprenant de nouvelles compétences au cours de notre séjour, chaque membre d’équipage a acquis des compétences précieuses qui ne seront pas oubliées de si tôt. C’est l’espoir de chacun que nos activités de recherche et de sensibilisation puissent continuer et que notre temps passé à la MDRS soit simplement la base pour les étapes futures dans nos efforts pour faire avancer la cause de l’exploration martienne.
(Docs. A. Mangeot/équipe MDRS 143)