Communiqué de Presse NASA,
Pasadena, Californie, le 20 mars 2008
Contact: Guy Webster ; Jet Propulsion Laboratory, Pasadena, Californie.guy.webster@jpl.nasa.gov
Traduction et commentaire: Pierre Brisson
Le satellite Mars Odyssey de la NASA a trouvé des preuves de dépôts de sel. Ces dépôts indiquent des endroits où l'eau était autrefois abondante et où l’on pourrait trouver les traces d’une vie martienne passée.
Une équipe menée par Mikki Osterloo, de l'université d'Hawaï, a trouvé approximativement 200 sites dans l’hémisphère sud de Mars qui montrent des caractéristiques spectrales compatibles avec des chlorures. Le chlorure fait partie des nombreux types de sel, tels que le chlorure de sodium (ou sel de table). Les sites ont une étendue d’environ un à vingt-cinq kilomètres carrés.
La couleur bleu profond signale un dépôt minéral riche en chlorures dans les hauts plateaux de l’hémisphère sud de Mars.
Image en fausses couleurs qui met en évidence les différences de composition minérales des terrains.
Crédit images :NASA/JPL-Caltech/Université d’Etat d’Arizona/Université d’Hawaï.
Selon Osterloo : « Les chlorures pourraient provenir des eaux souterraines affleurant la surface dans des endroits de basse altitude. L'eau a dû s’évaporer et laisser les dépôts de minéraux s'accumuler avec le temps. Les sites sont déconnectés et sont donc peu susceptibles d'être les vestiges d'un océan global ».
Les scientifiques ont utilisé le système d’imagerie par émissions thermiques d’Odyssey, une caméra conçue et opérée par l'université d’Arizona, Tempe, pour prendre les images dans des longueurs d'onde de lumière visible et infrarouge.
Les longueurs d'onde infrarouges thermiques sont utiles pour identifier les types de minéraux et de roches à la surface martienne. Osterloo a trouvé les sites en examinant des milliers d'images traitées pour indiquer, en fausses couleurs, des différences de composition à la surface martienne. Repérés sur une carte de Mars, les sites riches en chlorures apparaissent seulement dans les hauts plateaux de l’hémisphère sud de la planète, là où se trouvent les roches les plus anciennes. Osterloo et sept co-auteurs publient leurs résultats dans le numéro du 21 mars 2008 du magazine « Science ».
« Beaucoup de ces dépôts sont situés dans des bassins ou débouchent des chenaux d’écoulement ; » nous dit Philip Christensen, co-auteur et investigateur principal pour la caméra de l'université d’Arizona. « C'est le genre de traits géographiques qu’on trouve sur Terre, comme les lacs salés de l’Utah ou les chotts de Tunisie, qui sont compatibles avec de l'eau s’écoulant sur de longues périodes ».
Cette image donne des vues en haute résolution d’un site où une autre observation indique la présence de dépôts de chlorures.
Crédit image : NASA/JPL-Caltech/Université d’Arizona/Université d’Etat de l’Arizona/Université d’Hawaï.
Les scientifiques pensent que les gisements de sel se sont formés il y a approximativement 3,5 à 3,9 milliards d'années. Plusieurs séries de preuves suggèrent que Mars a connu des périodes intermittentes de conditions sensiblement plus humides et plus chaudes que le climat sec et glacial d’aujourd’hui.
Les scientifiques recherchant les preuves de vie passée sur Mars se sont concentrés principalement sur une poignée de sites mettant en évidence des argiles ou des sulfates. Les argiles signalent l’action de l'eau, et les sulfates ont pu avoir été formés par évaporation de l'eau. Les nouvelles investigations cependant, suggèrent qu'une cible minérale alternative [ celle des sels ] reste à explorer pour la recherche de vestiges biologiques.
« De par leur nature, les dépôts de sel révèlent la présence passée de beaucoup d'eau qui pouvait subsister dans des cuvettes pendant qu'elle s'évaporait » dit Christensen. « C’est crucial. La vie suppose un habitat qui reste stable pendant une longue période ».
Savoir si la vie jamais a existé sur Mars est la plus importante des questions scientifiques qui motivent la recherche martienne. Sur terre, le sel est bon pour préserver le matériel organique. Des bactéries ont été réanimées en laboratoire après avoir été préservées dans des gisements de sel pendant des millions d'années.
« Cette découverte confirme l’intérêt scientifique de la mission Odyssey, qui entame maintenant sa septième année. Plus nous étudions Mars, plus la planète se révèle être un endroit fascinant » dit Jeffrey Plaut, membre de l’équipe scientifique d’Odyssey du Jet Propulsion Laboratory de la NASA à Pasadena, Californie.
« C'est un résultat merveilleux et scientifiquement passionnant obtenu à partir d'une mission de la NASA de coût relativement bas et qui a toujours des années de vie devant elle » remarque Alan Stern, administrateur associé de la Direction des Missions Scientifiques de la NASA (Washington). "
Il ajoute : « Attachez vos ceintures, il est certain que nous allons encore recevoir des résultats passionnants de la planète Mars ».
Commentaire :
Avec le temps, la réflexion s’affine et nous nous donnons vraiment les moyens d’investigation dont nous avons besoin pour « traquer » les traces qui pourraient avoir été laissées par la vie, en réduisant les risques de passer à côté.
Ceci dit on peut constater que pour la maturation et l’évolution de cette réflexion, l’étape lunaire ne sert à rien.
Pierre Brisson