Début juin, parution chez Flammarion du livre « Dernières nouvelles de Mars », de Francis Rocard, responsable de l’exploration du système solaire au CNES, astrophysicien spécialiste de la planète Mars.
Ce « Petit livre orange » de l’aventure martienne (petit par son format et… son prix : 12 €), est accessible à tous et particulièrement agréable à lire. L’auteur commence par traiter de la question de la vie sur Mars et de la prochaine étape majeure de l’exploration robotique, le retour d’échantillons. Mais son ouvrage est essentiellement consacré aux perspectives techniques et politiques du projet d’exploration humaine de la Planète rouge. Et dans ce difficile exercice, il parvient à donner, de façon claire et concise, une vision cohérente de la situation actuelle de cette grande ambition.
L’auteur ne cache pas les nombreuses difficultés qui se présentent, dont celles d’origine budgétaire et géopolitique sont à ses yeux les plus déterminantes. Mais, précisément, il pense que le programme se fera du fait de la volonté des Américains de rester leaders, quitte à étaler le programme en le garnissant d’étapes intermédiaires (c’est essentiellement à ce titre que la station orbitale lunaire se justifierait…).
Sur le plan des défis techniques, même si leur analyse reflète une extrême prudence, la conclusion de l’auteur est qu’ils seront surmontables, mais qu’ils conduiront à des retards programmatiques. Trois développements sont particulièrement préoccupants à ses yeux : le nucléaire spatial (incontournable comme source d’énergie), le système d’entrée atmosphérique, de descente et d’atterrissage et, enfin, le véhicule de remontée en orbite martienne. Malgré ces réserves, son point de vue global est plutôt positif : le projet se réalisera, les difficultés trouveront solution. Mais cela sera progressif et demandera du temps…
Cette analyse reste dans le cadre de la vision institutionnelle, imposée de fait par les Américains, et on peut regretter que la vision alternative de SpaceX soit pratiquement passée sous silence. Certes, on peut douter du réalisme technique et financier de celle-ci, néanmoins elle prétend surmonter les trois obstacles majeurs rappelés ci-dessus, tout en réduisant les coûts. Son financement ? La réponse de SpaceX est Starlink, sa constellation de diffusion Internet globale, qui pourrait générer un revenu annuel de 30 milliards de dollars… De quoi imaginer un partenariat public-privé solide.