Note d’information de la NASA 09-096, datée du 20 mai 2009
Par Et
Katherine Trinidad Kelly Humphries
Siège de la NASA, Washington Johnson Space Center,Houston katherine.trinidad@nasa.gov kelly.o.humphries@nasa.gov
Traduction et commentaires de Pierre Brisson
Le Centre de Contrôle de la NASA a autorisé les astronautes de l’expédition 19 à bord de la Station Spatiale Internationale à boire l’eau purifiée par le nouveau système de recyclage de la Station.
Le Centre de Contrôle a envoyé l’autorisation à l’équipage le mercredi 20 mai, en conformité avec un rapport de l’équipe de la NASA spécialisée dans les systèmes de récupération de l’eau, approuvé par les responsables de programme de la Station. La décision est une étape importante du développement des systèmes de contrôle environnemental et de support de vie de la Station qui permettront à un équipage de six personnes d’y vivre à partir de la fin mai.
Le commandant de l'expédition 19, Gennady Padalka, et les ingénieurs de vol, Mike Barratt et Koïchi Wakata, ont célébré la décision en portant un toast dans le laboratoire Destiny.
Equipage de l'expédition 19 trinquant avec de l'eau recyclée. Image NASA
Barratt a déclaré : « C’était de la science-fiction. Tout le monde avait parlé de recyclage d’eau en boucle fermée mais personne ne l’avait fait auparavant. Voici aujourd’hui réalisé le premier recyclage. Nous sommes vraiment très satisfaits de cet événement et de l’équipe qui l’a rendu possible. C’est le genre de technologie qui nous permettra d’aller sur la Lune et au-delà. »
Selon Kirk Shireman, Directeur de programme adjoint de la Station Spatiale Internationale au Johnson Space Center de la NASA à Houston : « C’est une date importante dans le développement de la Station. Ce système réduira la masse d’eau que l’on devra lancer vers la Station lorsque les vols de la Navette seront arrêtés. Il nous permettra aussi de tester une technologie clef requise pour envoyer des êtres humains en missions de longue durée vers la Lune et vers Mars. »
Le vol STS-126 de la navette Endeavour a livré le système de traitement d’eau à la Station en Novembre 2008. Le spécialiste Don Pettit et le commandant de l’expédition 18, Mike Fincke, ont installé l’équipement avant qu’Endeavour ne reparte vers la Terre. Le système a traité l’urine pour en faire de l’eau purifiée depuis que l’équipage du vol STS-119 de la navette Discovery a livré et installé, en mars, un nouveau système de traitement d’urine remplaçant l’ancien. Le système de traitement d’eau est fixé dans le compartiment des toilettes, de l’hygiène et des déchets de la Station. Il récupère et recycle aussi l’humidité de son atmosphère.
Les équipages du vol STS-126, de l’expédition 18 et du vol STS-119 ont envoyé des échantillons d’eau recyclée sur la Terre. Un total de 20 litres d’eau recyclée a été testé pour en vérifier la pureté, par les laboratoires Eau et Microbiologie du centre Johnson de la NASA. Une réunion spéciale du Bureau de contrôle du programme ISS a examiné les analyses le 27 avril. Comme elles montraient que les agents contaminants étaient bien en dessous des limites admises, ce Bureau a confirmé que l’eau était saine et potable. Les directeurs de mission ont choisi néanmoins d'en différer la consommation jusqu’à ce qu’une vanne de contrôle un peu dure du système de traitement de l’urine soit changée le 18 mai.
Les équipages de l’ISS vérifieront la pureté de l’eau recyclée avec des équipements embarqués et enverront périodiquement des échantillons pour examen sur Terre.
Commentaires :
Une des conditions essentielles de la faisabilité de l’exploration spatiale habitée, à commencer par celle de Mars, c’est de réduire au maximum la masse qu’il est nécessaire d’arracher à la gravité terrestre. Dans son livre fondateur, Cap sur Mars (The case for Mars, 1996), Robert Zubrin soulignait tout particulièrement cette nécessité pour permettre l’utilisation des technologies de propulsion maîtrisées et éviter le risque d’assemblages multiples, longs et incertains en orbite basse terrestre. Par ailleurs, toute masse économisée en consommables signifie davantage d’équipements de recherche disponibles à destination.
Evidemment on peut aujourd’hui concevoir d’utiliser l’eau martienne puisqu’on a découvert de la glace d’eau accessible en surface. Il ne faut cependant pas oublier qu’un voyage aller et retour entre les deux planètes nécessitera beaucoup d’eau du fait de sa durée et que, du moins pour le premier voyage, on ne sait pas encore dans quelles conditions l’eau martienne pourrait être utilisée.
Cette mise au point d’une technique de recyclage à l’efficacité prouvée est donc bien "un petit pas" vers Mars.