Note de Presse NASA du 28 octobre 2008 (2008-198)
Guy Webster (Jet Propulsion Laboratory, Pasadena, California); Dwayne Brown (NASA Headquarters, Washington); Jennifer Huergo (Johns Hopkins University Applied Physics Laboratory, Laurel, Md.)
Traduction et commentaire de Pierre Brisson
La sonde MRO de la NASA a constaté qu’une nouvelle catégorie de minéraux est largement répandue sur Mars. Cette découverte suggère que de l’eau s’est maintenue à l’état liquide sur Mars un milliard d’années de plus que ce que les scientifiques croyaient jusqu’à présent, que cette eau a joué un rôle important dans la formation du sol de la planète et qu’il n’est pas exclu qu’elle ait permis d’abriter la vie.
En examinant les données transmises par le spectromètre « Compact Reconnaissance Imaging Spectrometer for Mars », les chercheurs ont trouvé la preuve de la présence de silicate hydraté communément connu sous le nom d’« opale ». Les dépôts de minéraux hydratés nous disent « quand » et « où » l’eau était présente sur l’ancienne Mars.
Cette image montre des roches martiennes contenant un mineral hydraté semblable à l’opale. Les roches sont de tons clairs et apparaissent crème dans cette image en fausses couleurs prise par la caméra HIRISE (High Resolution Imaging Science Experiment) embarquée sur la sonde MRO.
Credit : NASA/JPL-Caltech/University of Arizona
Selon Scott Murchie, du Laboratoire de Physique appliquée de l’Université John Hopkins, chef de l’équipe de recherche du spectromètre, « C’est une découverte passionnante car elle prolonge très sensiblement la durée de la période pendant laquelle l’eau liquide a pu exister sur Mars et elle augmente également les surfaces où elle a pu permettre la vie. L’identification de silicate de type opale nous dit que l’eau a pu exister sous forme liquide jusqu’à il y a environ 2 milliards d’années ».
Jusqu’à présent, seuls deux grands groupes de minéraux hydratés, les phyllosilicates et les sulfates hydratés, avaient été observés par les satellites tournant autour de Mars. Les phyllosilicates, semblables à l’argile, se sont formés il y a plus de 3,5 milliards d’années, après que des roches volcaniques soient restées en contact prolongé avec de l’eau. Durant les centaines de millions d’années qui ont suivi, jusqu’à il y a environ 3 milliards d’années, des sulfates hydratés se sont formés par évaporation d’eau salée et parfois acide.
Les silicates de type opale qui viennent d’être découverts sont les plus jeunes des trois types de minéraux hydratés. Ils se sont formés là où il y a eu altération, par de l’eau liquide, de matériaux provenant de l’activité volcanique ou d’impacts météoritiques. Un de ces endroits, repérés par les scientifiques, est le grand canyon Valles Marineris.
Selon Ralph Miliken du JPL de la NASA (Pasadena, Californie), « Sur de longues distances le long des bords de Valles Marineris et, parfois, à l’intérieur du canyon lui-même, nous voyons de nombreux affleurements de minéraux de type opale, généralement en couches fines.
Miliken est le principal contributeur d’un article paru dans le numéro de novembre de « Geology » qui décrit l’identification de silicate de type opale. L’étude révèle que ces minéraux, que le rover Spirit de la NASA a également trouvés récemment dans le cratère Gusev, sont répandus et qu’on les trouve dans des terrains relativement jeunes. Dans certains endroits, soit à l’intérieur, soit a proximité de lits fluviaux asséchés, le spectromètre du satellite a trouvé du silicate d’opale mélangé à des sulfates de fer. Cela indique que de l’eau acide est restée à la surface de Mars pendant une longue période. Milliken et ses collègues pensent que dans ces régions, de l’eau acide à basse température a été impliquée dans la formation de l’opale. Dans les zones où il n’y a pas de signes clairs que l’eau était acide, les dépôts ont pu se former dans d’autres conditions. « Ce qui est important, c’est que plus l’eau a subsisté en surface, plus la fenêtre pendant laquelle Mars a pu être propice à la vie a été grande » dit Milliken. « Les dépôts de silicates d’opale seraient de bons endroits à explorer pour évaluer le potentiel d’habitabilité de Mars, spécialement les terrains les plus jeunes ».
Le spectromètre discerne 544 couleurs, ou longueurs d’onde, de lumière solaire réfléchie, pour identifier les minéraux à la surface de Mars. Sa plus haute résolution est environ vingt fois plus précise que le regard précédemment porté sur la planète, uniquement dans les longueurs d’onde du proche infrarouge.
Commentaire :
Un milliard d’années, ce n’est pas rien ! Décidément, après une image très terne et décevante de la planète donnée par les premières observations, on s’aperçoit que son histoire géologique a été plus longue et plus riche. Cela rend moins improbable de découvrir, un jour, plus que des prémices du processus de la vie.
Il faut reconnaître que toute la phase récente d’exploration robotique a été extrêmement utile. On sait de plus en plus précisément où se poser et que rechercher.
Pierre Brisson