Par Alexandre Mangeot
Quand la science rencontre l’art, et l’art rencontre la science…
Le projet SSLP m’a permis d’avoir à ma disposition une bonne quantité de terre inutilisée. La mesure de la densité a montré que, mélangée à de l’eau, la terre devient une boue très consistante et collante. A ce moment là, j’ai pensé faire de la poterie avec le reste d’échantillon de terre, au lieu de les jeter.
Peu de temps après, nous avons trouvé du Gypse sur Tank Wash. Vous savez déjà ce qu’on en a fait (voir le post du 23 novembre).
Avec ces deux matériaux à ma disposition, j’ai décidé de fabriquer un objet décoratif (artistique) avec un processus de fabrication semi-industriel. L’idée original était de fabriquer deux moules en plâtre avec une gravure en bas relief. Avec ces moules on pourrait fabriquer des médaillons en terre cuite à l’effigie de notre équipage et de la MDRS.
Cependant, la partie poterie s’est révélée infaisable. Quand l’argile sèche, des craquelures apparaissent et l’objet d’origine se détruit. Il parait que l’argile doit être préparée, d’une façon qui nous reste inconnue, pour être utilisée en poterie.
Par contre j’ai pu graver les contre-moules. Le résultat est laissé à votre jugement. Il sera toujours possible d’utiliser de l’argile commerciale, de retour en France, pour fabriquer les médaillons. L’inconvénient sera que l’argile ne viendra pas de la MDRS. Cela devait être les premiers (à notre connaissance) objets fabriqués à la MDRS (made in MDRS)!…
En dépit de cet échec, pendant les tests préliminaires, il a été possible de fabriquer une bille d’argile sans craquelures. Cela m’a donné l’idée de fabriquer des billes de terre expansées utilisées en culture hors-sol. La seule chose manquante à la MDRS est un four haute-température. En effet, il est nécessaire de cuire l’argile à 1200°C ou l’argile se redissout dans l’eau à son contact. Etant à court de temps, cette idée devra attendre une future mission.
Pour conclure, il est étonnant de voir ce qu’il est possible de faire avec les rebuts de programmes scientifiques ou/et les ressources locales. Dans ce cas particulier, il y a un flux logique d’idées allant d’activités scientifiques (l’analyse des échantillons et l’exploration) à des activités artistiques. N’étant pas artistes par nature, c’est notre curiosité et notre ingéniosité qui ont conduit nos idées dans cette direction. Tester ces idées donne de nouvelles idées liées à d’autres activités scientifiques, technologiques ou artistiques.
Dans les prochaines décennies, il est probable que l’Espace devienne de plus en plus habité. A un moment, une nouvelle culture apparaitra de ce nouveau « territoire ». Par conséquence, pour les missions spatiales de longue durée ou pour les premières colonies, les créations artistiques ne devraient pas être négligées pour faciliter l’émergence de cette nouvelle culture. Elles conduisent également à des nouvelles façons de penser et rendent les gens plus enclin à exploiter les rebuts et autres ressources…
(Docs. A. Mangeot/MDRS 143)
Des informations (en anglais) concernant la mission de simulation MDRS 143 sont disponibles sur le site de la Mars Society :
Composition de l’équipage et biographies
Rapports journaliers de l’équipage
Nombreuses photos de la mission (voir quelques exemples ci-après)
Des nouvelles sont également disponibles sur Facebook et Twitter
Alexandre Mangeot montrant sur la trame de la toile du drapeau US les performances du microscope utilisé pour étudier les dégradations de l’extérieur de l’Habitat
Bloc et astronaute analogue sur fond de Henry’s Mountains
Astronaute analogue isolé et ciel bien terrien
Descente vers le Hab depuis le Hab Ridge
(Docs TMS/MDRS 143)