Etude de Sergio Fonti de l'Universita del Salento (Italie, Pouilles) et de Giuzeppe Marzo du Centre de Recherches Ames de la NASA
Synthèse et commentaire de Pierre Brisson
Carte des concentrations de méthane.
ppbv: parties par milliard en volume; LS: longitude héliocentrique de Mars; MY: Martian Year.
Crédit: NASA/Universita del Salento (Lecce, Puglia, Italia)
Sur cette carte très intéressante, vous voyez les variations de la présence de méthane dans l’atmosphère martienne. Les données ont été recueillies entre 1999 et 2004 par le spectromètre pour émissions thermiques embarqué à bord de l’orbiteur de la NASA, Mars Global Surveyor, et étudiées par Sergio Fonti de l’Universita del Salento et Giuseppe Marzo du Centre de Recherches Ames de la NASA.
L’atmosphère martienne, qui est constituée à 95% de dioxyde de carbone, comporte du méthane même s’il ne s’agit que de traces (car, au plus, il n’atteint que 4% de son niveau terrestre). Les scientifiques ont identifié trois zones où il est le plus abondant : Arabia Terra, bien connu pour son potentiel élevé d’eau souterraine, et les deux zones volcaniques principales que sont Tharsis et Elysium (à noter que, dans la zone d'Arabia Terra, Nili Fossae, riche en carbonates, semble être une des sources actives).
La production de méthane peut être liée à des activités géologiques ou biologiques. Actuellement, les scientifiques ne peuvent pas trancher. Selon ce que Foti déclare à Space.com: « Il est évident que les plus fortes concentrations sont associées aux saisons les plus chaudes et aux endroits où les conditions géologiques et donc, possiblement, biologiques, sont favorables (activité géothermale et forte hydratation) ».
L’analyse présente un cycle annuel saisonnier des volumes de méthane dans l’atmosphère ainsi que des variations d’une année sur l’autre. La présence du méthane se manifeste à partir du printemps et augmente jusqu’à l’automne. Sa concentration décroît fortement en hiver. Cela suggère :
(1) une cause persistante de génération du gaz et
(2) l’existence d’un processus capable d’éliminer le méthane de l’atmosphère beaucoup plus efficacement que le processus photochimique « normal » (qui ferait la même chose en quelques 350 ans !). L’explication pourrait être la destruction par le perchlorate, présent dans le sol martien et dont l’effet serait accentué par les vents.
Commentaire :
Mars est une planète suffisamment « vivante » pour générer du méthane et l’on sait que ce gaz peut avoir une origine biologique. Pour le moment on ne peut rien dire sur cette origine. Elle pourrait d’ailleurs être double. Cependant même si la cause biologique devait être rejetée, la cause géologique serait très intéressante car elle serait la preuve d’une géochimie encore active aujourd’hui.
On parle par ailleurs de plus en plus du perchlorate. Il semble bien que cet agent corrosif puissant joue un rôle important sur Mars mais cela n’empêche pas les autres processus chimiques de se dérouler et d’avoir leurs effets même s’ils sont en partie inhibés. Ils sont en tout cas suffisamment vigoureux pour se perpétuer parallèlement.
On perçoit ainsi de plus en plus les similarités et les différences de la Terre et de Mars, un monde vraiment original dans sa complexité et, ainsi, passionnant.
Pierre Brisson