Communiqué de la Mars Society (semaine du 20 août 2007).
Traduction de Pierre Brisson
La simulation de quatre mois par la Mars Society dans le Grand Nord canadien, d’une mission d’exploration martienne, vient de s’achever. C’était la première de ce genre et elle constitue une étape marquante sur le chemin de l’exploration humaine de l’espace. Pour marquer cet événement, l’équipage de la station « martienne » Flashline a d’ailleurs communiqué par téléconférence avec l’astronaute Clay Anderson à bord de la Station Spatiale Internationale. Les sept chercheurs de la Mars Society doivent maintenant se rendre au 10ème congrès de cette institution qui se tiendra à la fin du mois d’août à l’Université de Californie, Los Angeles (« UCLA »), pour présenter leurs premiers résultats et partager leur expérience. Le commandant Melissa Battler et deux des membres de l’équipage rencontreront également le Dr Gary Goodyear, membre du Parlement canadien et président du conseil canadien de l’espace.
La mission de simulation martienne de longue durée sur l’île de Devon dans la province du Nunavut, s’est déroulée sans encombre pendant quatre mois, quadruplant ainsi le record précédent de durée des missions de simulation martienne actives. L’équipage Américano-canadien de la Station Flashline de Recherche Martienne en Arctique (acronyme « FMARS ») a mené un programme complet d’exploration géologique et microbiologique dans le désert polaire, semblable à Mars, de cette île située à 1500 km du Pôle Nord. Il a travaillé en respectant plusieurs des contraintes qui s’imposeront aux explorateurs terrestres débarquant sur Mars. Ce faisant, les membres d’équipage ont appris, par expérience directe, beaucoup de leçons qui seront d’une importance critique quand ces explorateurs poseront véritablement le pied sur la planète rouge.
Cette expédition est unique en son genre dans le sens que les membres d’équipage ont pu maintenir une simulation rigoureuse pendant une période sans précédent ce qui leur a permis de collecter des données très précieuses sur les comportements humains. Sept expériences ont été menées dans ce domaine, y compris des études approfondies sur le sommeil et l’exercice physique. L’équipage a aussi vécu selon le rythme circadien martien de « sols » de 24 heures et 39 minutes durant plus d’un mois pour voir si cela avait des effets négatifs sur la psychophysiologie ou sur la conduite des opérations.
Le directeur scientifique « sur Terre » de l’expérience, le Dr Chris McKay du centre de recherche Ames de la NASA, a déclaré que « le travail de cet équipage contribuera à l’étude de Mars et à celle de la réaction du permafrost terrien au réchauffement planétaire ». Il a ajouté : « Son travail de pionnier de simulation d’opérations en suivant le rythme des jours martiens, est de loin le meilleur de ce qui a été fait jusqu’à présent. Il va poser les normes des futures missions de simulation martienne telles que celle prévue par l’ESA pour une durée de 500 jours ».
En dépit de locaux exigus et de conditions de vie fort rudes, l’équipage s’est comporté d’une manière remarquablement satisfaisante et a mené un éventail étendu de recherches de terrain, efficacement et sans incident. En particulier, il a rassemblé des données sur la vie microbienne dans le sol, la neige et les lacs, et son évolution résultant du passage du printemps à l’été. Il a aussi comparé des structures géologiques observées sur Mars, telles que les structures polygonales et les falaises « pleurantes » avec des structures similaires trouvées sur l’île de Devon afin de mieux comprendre les conditions prévalant sur la planète rouge.
FMARS est situé sur le bord du cratère d’impact de Haughton vieux de 39 millions d’années. Cette localisation est particulièrement opportune pour les recherches conduites car un lac a rempli le cratère peu de temps après l’impact créant ainsi un environnement favorable à l’épanouissement de la vie. Des processus similaires ont pu se dérouler sur Mars, dans des milieux désertiques semblables, ce qui fait de Haughton un site martien « analogue » idéal.
Pendant la mission l’équipage a aussi mené six actions éducatives à distance avec cinq camps de vacances au Canada et avec l’école internationale de l’Espace du Johnson Space Center à Houston.
Les photos et les rapports quotidiens de la mission sont accessibles sur le site internet de la Mars Society (www.marssociety.org) . Un rapport complet de mission sera présenté par l’équipage lui-même au 10ème congrès international de la Mars Society à Los Angeles (UCLA).