Note de Ruth Dasso Marlaire, NASA, Centre de recherches Ames, Moffet Field, Californie.
Traduction Pierre Brisson
MOFFETT FIELD, Californie – Dans le cours de leur recherche d’indices du potentiel de vie sur Mars, des scientifiques de la NASA ont récemment exploré des communautés microbiennes dans les déserts du nord-ouest de la Chine qui sont parmi les plus anciens, les plus secs et les moins connus du monde. Ils y ont trouvé des données suggérant que les conditions qui y prévalent pourraient être semblables à celles de certaines régions de Mars.
C'est la première étude complète des écosystèmes microbiens des déserts extrêmes de la Chine. Les scientifiques ont recherché la vie microbienne et ont voulu déterminer l'effet du climat sur la distribution, la diversité et l'abondance de la vie en conditions extrêmes. Les résultats de cette étude ont été publiés récemment dans le Journal of Geophysical Research (Journal de la Recherche Géophysique).
Selon Chris McKay, responsable de ces recherches au centre NASA Ames, « Nos recherches ont montré que de nombreuses sources aqueuses, telles que les pluies et la fonte de neige, expliquaient comment la vie microbienne existait dans cet environnement et que les types d'écosystèmes microbiens que nous avons trouvés dans les différents sites avaient principalement été déterminés par la quantité de précipitations. Cependant on a pu constater que la température, l'humidité et la lumière ont également contribué à créer un éventail de conditions de présence d’eau dans le sol appropriées à la vie.»
En décembre 2006, la NASA a publié des images de la mission Mars Global Surveyor qui montraient que des ravines évoluaient à la surface de Mars. Bien que personne ne sache vraiment comment les ravines martiennes ont été formées, des scientifiques formulent l’hypothèse qu'elles peuvent être le résultat de l’affleurement d’eaux souterraines ou de la fonte de glace dans le sous-sol martien.
Selon McKay, les organismes unicellulaires ne peuvent exister que s'il y a suffisamment d'eau condition qui détermine les limites de la viabilité d’un lieu. Pour étudier les possibilités de vie microbienne sur Mars, les scientifiques sont allés chercher les environnements les plus arides qu'ils pouvaient trouver sur Terre et qui soient semblables à Mars : les vallées sèches de l'Antarctique, le désert d'Atacama au Chili et maintenant la Chine du Nord-ouest.
Les scientifiques qui sont intéressés par Mars et ses conditions environnementales étudient les écosystèmes microbiens dans les déserts de la Terre depuis des années, en se concentrant sur les algues bleu-vert ou cyanobactéries. La couleur verte de ces bactéries indique qu'elles sont capables de photosynthèse, le procédé principal par lequel les organismes produisent de la matière organique à partir de matière inorganique.
Selon les scientifiques, il peut y avoir photosynthèse microbienne dans et sous les roches des déserts. Si la roche est poreuse, comme le grès, alors les cyanobactéries peuvent vivre dans ses pores ou ses crevasses, là où l'eau peut être retenue. Généralement, on trouve des cyanobactéries à l’intérieur de roches translucides, telles que le quartzite, où la lumière peut pénétrer, permettant à la photosynthèse de fonctionner.
Pour élargir la compréhension des environnements physiques dynamiques qui permettent la survie microbienne, l'équipe de recherche de Chris McKay s’est rendue dans l’extrême Nord-ouest de la Chine au printemps 2006 pour rassembler et analyser des données. Les sites de recherche – dont Tokesun, Ruoqiang et Sorkuli – ont été choisis sur la base des contrastes de températures et des hauteurs de précipitations.
Tokesun est situé à l’altitude la plus basse de Chine, environ 152 mètres au-dessous du niveau de la mer. Cet endroit a été choisi parce qu'il est chaud et sec.
Ruoqiang qui est chaud et humide, est situé au bord méridional du désert de Taklamakan.
Sorkuli est dans un désert de haute altitude, entre 2500 m et 3000 m, situé au Nord-est du plateau tibétain (région de l’Amdo). Les conditions climatiques y changent en fonction des changements d'altitude et des paysages. Deux types d'environnements y prévalent : froid et sec et froid et humide.
Chris McKay estime, après avoir comparé les données disponibles des climats désertiques semblables, que, d'un point de vue physiologique microbien, les déserts de haute altitude du plateau tibétain présentent les conditions les plus froides ET les plus sèches enregistrées sur Terre, bien que le désert d'Atacama représente l'environnement le plus sec, et les vallées sèches de l’Antarctique les conditions les plus froides.
Cette recherche a été financée par un programme conjoint de la NASA (« Astrobiologie et Technologie pour l’Exploration des Planètes ») et de la Fondation Nationale des Sciences (« Vie en Environnement Extrême»).
Commentaires :Les recherches s’affinent. Il semble évidemment logique que les régions les plus froides et désertiques de la Terre présentent des conditions climatiques semblables aux régions les plus clémentes de Mars. Ces recherches confirment que la NASA s’intéresse de plus en plus à Mars et c’est tant mieux. On sera mieux armé pour savoir où et comment chercher la vie ou les traces de vie sur Mars. Cela permettra d’optimiser les équipements et les procédures d’investigation des futurs exobiologistes martiens et de les préparer au mieux.
Pierre Brisson
Dans le cours de leur recherche des conditions nécessaires à la vie sur Mars, les scientifiques de la NASA ont récemment exploré dans le Nord-ouest de la Chine les communautés microbiennes de certains des déserts terrestres les plus anciens, les plus secs et les moins connus. Ils y ont trouvé des indices suggérant que les conditions pourraient y être semblables à celles prévalant dans certaines régions de Mars.
Carte approximative des secteurs de déserts de sable et de gobi (shamo) et de terres arénacées (shadi) en Chine. (Extrait de Zhu et autres (1980).
NB : En Chine, si le territoire d’un secteur est à plus de 50% recouvert de gravier ou de galet, il est considéré comme désert de « gobi ».
Gris-foncé : déserts et terres arénacés ; gris-clair : désert de gobi.
1.Taklamakan Shamo ; 2. Gurban Tonggut Shamo ; 3. Kumtag Shamo ; 4. shamo du bassin de Qaidam ; 5. Badain Jaran Shamo ; 6. Tengger Shamo ; 7. Ulan Buh Shamo ; 8. Qubqi Shamo ; 9. Mu nous Shadi ; 10. Ortindag Shadi ; 11. Horqin Shadi ; 12. Hulun Buir Shadi ; 13. shamo de la dépression de Turpan.
Les triangles identifient les sites de cette étude.
Kimberley Warren-Rhodes, assistante de Chris MacKay, examine le sol pierreux du désert à la recherche de cyanobactéries, dans le Sin-Kiang.
Des senseurs environnementaux notent l’évolution climatique pendant toute l'année sur le site de Sorkuli dans le bassin de Qaidam, Nord-Est du plateau Tibétain.