Communiqué de la section allemande de la Mars Society
Traduction et commentaire de Pierre Brisson
Le ballon de la phase « MIRIAM » (a) du projet a été lancé le 22 Octobre 2008 à une altitude de 175 km à partir du centre d’essai des fusées « SSC ESRANGE » près de Kiruna, dans le Nord de la Suède. L’expérience était embarquée à bord d’une fusée balistique REXUS-4 opérée et construite par le Consortium EuroLaunch constitué par le département « Moraba » (b) de la DLR (ndt : Agence Allemande de l’Espace) à Oberpfaffenhofen (c) et de l’ESA.
Malheureusement, après une phase de tests sans problème suivie d’un lancement parfait, l’un des principaux boulons d’attache de MIRIAM s’est bloqué lorsqu’on a voulu le défaire. MIRIAM s’est trouvée par conséquent prisonnière de sa fusée. L’anneau d’attache (bride) étant coincé, le panneau du système de gonflage a initié la mise sous pression du ballon toujours replié sur lui-même, jusqu’à ce que la surpression rejette le tuyau de gonflage en dehors du collier qui le maintenait au ballon.
Le ballon et ses équipements se sont finalement libérés de la fusée mais beaucoup trop tard. Avec les ressorts hélicoïdaux de déploiement presque complètement détendus, il s’est aussi dégagé beaucoup trop lentement, entrant finalement en collision avec le compartiment de charge utile de la fusée. Cependant, le hasard fit bien les choses car la collision libéra le ballon partiellement gonflé de l’anneau de jonction ce qui déclencha son déploiement rapide. Le ballon n’étant maintenu au panneau du système de gonflage que par son collier d’assemblage à ce système, il fut immédiatement libéré mais après avoir reçu seulement un tout petit peu plus de 10 % du gaz qui devait le remplir.
Image 1 :
Après que la collision l’ait dégagé de l’anneau qui le bloquait, le ballon, partiellement gonflé, s’est rapidement déployé à environ 140 km au-dessus de la belle Laponie.
Tous les autres sous-systèmes ont fonctionné nominalement et se sont comportés exactement comme lors des tests.
Bien que le ballon se soit déployé et qu’il ait été lâché, on considère que la mission n’a été que partiellement réussie puisque le déploiement a été involontaire et non contrôlé et puisque le ballon n’a pas été complètement gonflé.
La raison pour laquelle un des couplages principaux s’est avéré défaillant est à l’étude. Ce comportement n’a jamais été constaté durant les essais.
Image 2 :
Comme dans le miroir grand-angle du siège passager d’une voiture, les objets apparaissent plus proches. Le compartiment de charge utile de la fusée vu depuis MIRIAM. Malheureusement la distance est de moins de 2 mètres. Le diamètre du ballon est de 4 mètres.
Image 3 :
Peu de temps après la rentrée dans l’atmosphère, les perches de caméra et d’antenne ont été arrachées du module de service de MIRIAM par les forces aérodynamiques car elles n’étaient pas prévues pour supporter cette rentrée. Miraculeusement, peu de temps après la rentrée, la perche de droite de la caméra s’est trouvée à nouveau bien positionnée et elle a pu brièvement transmettre des images alors qu’elle pendait de son harnais. On peut voir les rayons du soleil passant au travers des interstices séparant le compartiment vide du ballon et le module de l’ordinateur de vol qui, à l’évidence, continuait à fonctionner. Le ressort hélicoïdal est un reste de la capsule « en fleur » qui contenait le ballon, replié, pour l’emporter dans l’Espace.
Tous les sous-systèmes de la fusée REXUS-4 ont très bien marché, exactement comme prévu et dans les temps. Nous devons par conséquent beaucoup remercier EuroLaunch et toute l’équipe de ESRANGE, pour un vol magnifique, leur remarquable soutien technique et une fusée aussi précise qu’une horloge. Tant que nous y sommes, nous saisissons l’occasion de remercier tous ceux qui ont contribué à cette mission, aussi petite que soit cette contribution, puisque l’ensemble nous a aidé à prendre notre envol.
ARCHIMEDES (d) est une tentative pour sonder l’atmosphère de la planète Mars au moyen d’un ballon hypersonique, engin connu sous le nom de “ballute”. Le projet, actuellement en cours d’étude, a été entrepris à l’initiative de la section allemande de la Mars Society. Il est réalisé avec le concours de l’Université de l’Armée Allemande à Munich, l’AMSAT (e), l’Agence Spatiale Allemande (DLR) et plusieurs autres institutions de recherche et sociétés industrielles. La sonde doit être intégrée dans le satellite P5-A de l’AMSAT et doit être lâché du vaisseau lorsqu’il sera en orbite autour de la planète.
Hannes Griebel
Commentaires et notes:
Il faut souligner la persévérance de notre association soeur allemande et la qualité de son travail.Cette expérience est encourageante. Elle prouve un peu plus la faisabilité du projet mais elle met également en évidence la difficulté de la réalisation de tout projet spatial. On voit l’incidence du blocage d’un seul boulon : la moindre défaillance se paye très cher.
(a) MIRIAM, acronyme de « Main Inflated Reentry Into the Atmosphere Mission », est le nom donné au test dans l’espace proche de la Terre du futur ballon Archimedes.
(b) « Mobile Rocket Base »
(c) Village à 20 km de Munich où est situé un des principaux centres de la DLR.
(d) ARCHIMEDES est l’acronyme de « Aerial Robot Carrying High Resolution Imaging, Magnetometer
Experiment and Direct Environment Sensors ».(e) Société internationale des radioamateurs par satellite
Pierre Brisson