Le bulletin n°65 de l’association en date d’octobre 2015 et réservé aux membres (téléchargement ici) est paru avec au sommaire :
- Mars et la vie: les vrais enjeux (édito)
- Les missions analogues HI-SEAS expliquées
- SFERO, un habitat en impression 3D
- 18ème convention de la Mars Society
- La vie de l’association
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Ci-dessous l’édito du bulletin n° 65 :
Mars et la vie : les vrais enjeux
L’annonce récente par la NASA d’une preuve formelle d’écoulements contemporains d’eau liquide à la surface de Mars a indéniablement frappé les esprits. Cette annonce vient couronner la vision d’une planète « humide », désormais solidement établie face à celle d’un monde totalement déshydraté. En 50 ans d’exploration robotique, les progrès accomplis ont en effet fait évoluer la consistance de ces deux conceptions. Si les premières vues rapprochées n’avaient montré en Mars qu’un désert aride et polaire, toutes sortes d’indices sont venus progressivement attester d’une part de la présence d’eau liquide dans un lointain passé, d’autre part de sa persistance, sous forme de glace et de minéraux hydratés, dans d’innombrables régions.
Du point de vue de l’exobiologie, cette évolution est capitale. Elle ne devrait néanmoins pas conduire à considérer comme probable l’existence (même passée) d’une vie sur Mars. De l’eau liquide oui, mais en quelle quantité et pendant combien de temps ; suffisamment pour que les manifestations les plus rudimentaires d’une vie aient pu émerger par l’effet du hasard ? Cette eau primitive était-elle par ailleurs suffisamment chargée en constituants organiques élémentaires ? Enfin, les sources d’énergie potentiellement mobilisables ont-elles été suffisamment prodigues pour être mises à profit ?
Il se pourrait qu’au cours des investigations encore nécessaires pour cerner le niveau de satisfaction de ces exigences on trouve des traces directes d’une vie passée, ou même ayant persisté jusqu’à présent. Le retentissement en serait naturellement considérable, sur les plans scientifique et philosophique. Mais, du strict point de vue de nos connaissances sur la vie, sur les conditions de son apparition et sur les mécanismes les plus fondamentaux qui la gouvernent, un tel aboutissement n’apporterait pas grand-chose de plus aux savoirs accumulés par un programme d’exploration approfondie. Sans compter que le constat d’un non démarrage biologique serait une donnée essentielle à verser au dossier de la vie dans l’univers.
C’est la promesse des connaissances à glaner et de leurs retombées (en particulier en médecine) qui justifie l’exploration exobiologique de Mars. Cela étant, la découverte d’une autre vie reste l’attente dominante du public.
Richard Heidmann
vice-président, fondateur