Le bulletin de l’association n°78 de janvier 2019, réservé aux membres, vient de paraître avec au sommaire :
- La révolution spatiale est en marche
- Sismologie martienne : ce qu’on attend d’InSight
- Une base martienne en impression 3D
- Les Émirats Arabes Unis à l’assaut de la planète rouge
- EMC18, mars sous le regard du temps
- Le « Starsip » fait sa mue
- Votre avis
Le bulletin est téléchargeable ici pour les membres.
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Ci-dessous l’édito du bulletin n°78:
La révolution spatiale est en marche
(extraits du discours de Robert Zubrin à la 18ème Convention Européenne de la Mars Society)
Il y a vingt ans nous avons vu paraître des livres tels que « La fin de l’histoire », « La fin de la science », tout ce qu’il vaut la peine d’entreprendre a déjà été entrepris, tout ce qu’il vaut la peine de connaître est déjà connu ; de la belle littérature … mais un peu vaine si nous considérons ce qui a été accompli au cours des vingt dernières années. Nous avons en effet assisté à une révolution, une révolution de la connaissance, une révolution des possibles, et d’une façon générale le programme spatial fut un élément crucial de cette grande avancée.
En ce qui concerne l’exploration robotique nous avons obtenu des résultats absolument extraordinaires. Les programmes scientifiques se fixent un objectif et c’est pour cette raison qu’ils obtiennent des résultats spectaculaires. Le programme de vol habité, lui, évolue au gré des velléités de ses fournisseurs, c’est la raison pour laquelle son orientation est entropique et qu’il fait du sur-place depuis quarante ans. Cependant, si le programme gouvernemental de vol habité est complètement à la dérive, cette situation a permis l’émergence de nouveaux acteurs et finalement, au cours de la première décennie du vingt et unième siècle, un homme a décidé de créer sa propre société de lanceurs, et il a effectivement réussi. Il s’agit bien sûr d’Elon Musk ! Il a démontré qu’il est possible pour une entreprise privée de taille raisonnable, efficace et bien dirigée, d’accomplir des choses dont on pensait autrefois que seuls les gouvernements des grandes puissances étaient capables et, mieux encore, d’accomplir ces choses en trois fois moins de temps et pour dix fois moins cher.
Donc, nous allons avoir des lanceurs économiques. Mais l’idée qui consiste à envoyer un énorme vaisseau spatial sur Mars, le ravitailler en propergol et le renvoyer sur Terre n’est pas réaliste ; la colonisation de Mars est un aller simple et la façon la plus économique d’y parvenir serait d’y envoyer un BFR avec cent colons et de l’y laisser à demeure, pas de le ramener sur Terre… Par contre cela devient sensé si l’on décide de s’en servir pour envoyer cent cinquante tonnes en LEO (Low Earth Orbit, orbite terrestre basse NdT), et de mettre également à profit ce lanceur pour le voyage intercontinental terrestre : voyager de New York à Sydney en cinquante-trois minutes !
On peut bâtir une colonie sur Mars. Le gros problème de la colonisation est celui de son financement. Les gouvernements peuvent commencer à la financer tant que l’opinion publique les soutient, mais sur le long terme, quand la colonie se transformera en une société organisée, il faudra qu’elle s’autofinance. Il ne lui est pas nécessaire de vivre en complète autarcie, il faut juste qu’elle soit capable de produire les biens volumineux et massifs. Donc si Mars peut produire des idées *, ses habitants pourront acheter tout ce dont ils ont besoin en matière de produits élaborés.
Qui seront les colons Martiens ? Ce seront, dans leur ensemble, des esprits tournés vers la technique qui se retrouvent dans un environnement de Front Pionnier. Toutes sortes d’inventions qu’ils feront pour s’adapter à ce nouveau milieu pourront faire l’objet de ventes de licences sur Terre. Par ailleurs, l’avènement des sociétés privées de lancement facilitera la colonisation privée. Pourquoi ces colons voudront-ils s’installer sur Mars ? Pour avoir l’opportunité d’aller à un endroit où ils seront les bâtisseurs de leur propre monde plutôt que les habitants d’un monde qui a déjà été bâti.
Ce que nous nous sommes efforcés de vendre depuis 1998, depuis la fondation de la Mars Society, « des humains sur Mars », sera beaucoup plus facile à vendre dès que nous disposerons de lanceurs lourds réutilisables bon marché. Nous devons être des vecteurs de cette idée.
(Traduction : Etienne Martinache)