La deuxième journée du congrès EMC11 a commencé par une présentation panorama des lanceurs lourds et mi lourds existant ou en développement dans le monde par Alain Souchier (association Planète Mars).
Lara Vimercati du Ames Research Center a développé les résultats de la mission MDRS 102 et parlé de la culture de la Spiruline pour nourrir les équipages. Question : faut-il manger directement de la spiruline ou nourrir des poulets avec ?
Franco Carbognani du centre de recherche CEFRIEL de Milan a rappelé quelques phrases définitives malheureuses et excessivement pessimistes écrites par des opposants aux aventures techniques en 1906 (« Toutes les tentatives d’aviation artificielle sont non seulement dangereuses pour la vie humaine mais aussi condamnées à l’échec du point de vue ingénierie »). On retrouve le même type d’affirmation aujourd’hui pour le voyage martien comme ci-dessus en 2006 : « Les biologistes estiment que pendant les deux ans d’une mission martienne un astronaute peut perdre entre 13 et 40 % de la masse de son cerveau ».
Elisa Cliquet (CNES et association Planète Mars) a expliqué pourquoi la propulsion VASIMR ne permet pas le voyage vers Mars en 39 jours, les sources de puissance nucléaires n’étant pas assez légères. On pourra atteindre 15kg/kw mais pas dix fois moins, valeur qui est prise pour calculer un trajet en 39 jours. Mais la propulsion électrique sera très intéressante pour augmenter les masses envoyées vers Mars à iso taille de lanceur depuis la Terre.
Gernot Groemer, président de la Mars Society autrichienne ÖWF a décrit les opérations de simulation conduites dans le Rio Tinto au printemps dernier. Il a détaillé les particularités du scaphandre Aouda développé par l’ÖWF : ce scaphandre est muni d’un exosquelette qui restitue les efforts que la pression interne d’un véritable scaphandre exerce sur l’astronaute, contrariant ses mouvements.
Théodore Besson de l’institut de la politique d’utilisation des terres et de l’environnement humain de l’Université de Lausanne a parlé des « Micro écosystèmes artificiels en tant que systèmes support vie » et en particulier du système de recyclage Melissa de l’ESA.
Emmanuel Bonnet du Centre de Recherche de l’Armée de l’Air a présenté le thème « La coordination en environnement extrême, recherche dans la MDRS ». L’étude consiste à voir quels sont les processus d’apprentissage organisationnels d’un groupe et une étude in situ dans l’habitat MDRS est prévue en 2012.
La pause de midi a été l’occasion d’une réunion de concertation pour les représentants des diverses branches européennes de la Mars Society.
La séance de l’après midi a démarré sur la présentation de la mission 2-4-2 (envoi en parallèle de deux vaisseaux occupés chacun par 2 astronautes et qui font le trajet de conserve) de Jean-Marc Salotti (association Planète Mars). C’est cette mission qui a fait l’objet d’une publication en 2011 dans Acta Astronautica.
Michel Cabane du LATMOS, co-investigateur principal de l’expérience SAM à bord du rover MSL Curiosity a développé le thème de la recherche des molécules organiques sur Mars, expliqué comment les matériaux organiques peuvent être détruits par le peroxyde d’hydrogène et les perchlorates présents à la surface de Mars et décrit l’expérience SAM qui constitue 50% de la masse des 75 kg d’instruments scientifiques embarqués à bord de Curiosity. La sensibilité est telle qu’une seule bactérie peut être détectée.
Jean-Luc Josset du Space Exploration Institute suisse a présenté l’imageur CLUPI qui fait partie de la panoplie d’instruments prévus sur ExoMars. C’est un imageur couleur de 145 g qui descend jusqu’à une définition de 15 microns par pixel, et est capable de voir entre 10cm et l’infini. Une particularité : l’instrument ne comporte pas de moteurs ni de lubrification mais les déplacements de lentilles sont obtenus par action d’un champ magnétique sur des pièces déformables en titane.
Fabien Jordan du Space Exploration Institute suisse et de l’EPFL a décrit la caméra panoramique « Pan Cam » d’ExoMars . Cette caméra est équipée de nombreux filtres qui permettent non seulement d’obtenir des images couleur mais aussi de déterminer les caractéristiques minéralogiques des roches observées.
Lors de la pause de l’après midi les conférenciers peuvent voir de près le rover Magma 2, de la branche polonaise, qui a gagné en 2011 la compétition organisée comme tous les ans par la Mars Society aux USA. L’association Planète Mars avait aussi apporté les deux maquettes de bases martiennes, celle qui représente l’habitat type premières missions et celle qui représente une base plus avancée pour 70 personnes.
Olivier Walter et Pierre Brulhet (association Planète Mars et co-présidents d’ArchiEspace) ont développé le thème de l’habitat martien. Olivier et Pierre, spécialistes du sujet depuis de nombreuses années, avaient pu étudier sur place l’habitat MDRS lors de la campagne de simulation MDRS 43 en 2006.
Florent Mennechet a présenté les spectaculaires études de configuration et aménagement de rover pressurisé martien qu’il poursuit depuis plusieurs années et pour lesquelles il est en contact avec l’association. Un sujet dont nous serons amenés à reparler.
Juergen Herhotz, président de la Mars Society allemande a fait le point sur le projet de ballon martien travaillé par l’association depuis plusieurs années. Rappelons que le projet prévoit de manière très originale l’entrée du ballon de 10 m de diamètre dans l’atmosphère martienne après gonflage et sans protection thermique. Le coefficient balistique (rapport entre masse et surface) très faible et totalement inhabituel, de 0,54 kg/m2, n’entraine qu’un échauffement de paroi de 200°C tout à fait supportable par un matériau polymère spécial. La Mars Society allemande a déjà procédé à un essai de déploiement en fusée sonde à 80 km d’altitude en 2008 et compte procéder à un nouvel essai en 2014 pour un lancement visé en 2018 en passager d’un satellite radio amateur à destination de Mars.
Le samedi soir, la municipalité de Neuchâtel a offert un cocktail aux congressistes dans le cadre prestigieux du Musée d’Art et d’Histoire de la ville.