Communiqué de Presse NASA (Pasadena) 2008-176.
Traduction et commentaire de Pierre Brisson
Le rover Opportunity de la NASA tourne maintenant son regard vers un cratère plus de vingt fois plus grand que celui dans lequel il a séjourné ces deux dernières années.
Pour atteindre le cratère, que l’équipe du rover a baptisé « Endeavour », Opportunity aura besoin de parcourir 12 km vers le Sud-Est, soit l’équivalent du chemin déjà parcouru depuis son atterrissage début 2004. Le rover est sorti du cratère Victoria au début du mois de septembre.
Selon Steve Squyres, de l’Université Cornell, responsable scientifique des instruments embarqués sur Opportunity et sur son jumeau, Spirit, « il est possible que nous n’arrivions pas jusque là mais de toute façon, c’est scientifiquement, la bonne direction à prendre. Ce cratère est vraiment très grand comparé à tout ce que nous avons exploré jusqu’ici ».
Y parvenir nous permettrait d’examiner l’intérieur d’un bol large de 22 km. Les scientifiques s’attendent à voir un empilage de strates rocheuses beaucoup plus épais que ceux déjà étudiés par Opportunity dans le cratère Victoria.
« J’adorerais avoir la vue depuis le bord » dit Steve Squyres, « mais même si nous n’y arrivons jamais, nous passerons par des zones de roches affleurant en surface, de plus en plus jeunes. Et puis, il y a des grands cratères vers le Sud qui, nous le pensons, sont à l’origine des pierres que nous voulons examiner dans la plaine. Certaines de ces pierres sont des échantillons de couches plus profondes que celles qu’Opportunity ne verra jamais et nous nous attendons à rencontrer de telles pierres au fur et à mesure de notre progression vers le Sud.
Opportunity devra maintenir une bonne vitesse pour arriver là-bas. L’équipe du rover estime qu’Opportunity pourrait parcourir un peu plus de 100 mètres par jour dans cette direction. Même à cette allure, le voyage devrait prendre deux ans.
« C’est un objectif plus audacieux et plus agressif que les précédents » dit John Callas, le chef de projet pour les deux rovers martiens au JPL de la NASA (Pasadena). « C’est terriblement excitant. C’est de la science toute neuve. C’est le prochain grand défi de nos explorateurs robots ».
Opportunity, comme Spirit, a dépassé depuis longtemps le temps de vie qu’on avait espéré et il pourrait ne pas continuer à fonctionner assez longtemps pour atteindre le cratère. Cependant, il devrait disposer de deux nouvelles ressources qui n’étaient pas disponibles pendant le voyage de 6,5 km vers Victoria en 2005 et 2006.
La première est la possibilité fournie par la caméra HiRISE, embarquée sur Mars Reconnaissance Orbiter, d’obtenir à partir de son orbite des images aux détails plus petits que le rover lui-même. MRO a été placé en orbite martienne en 2006.
« HiRISE nous permet d’identifier, tout au long du chemin, des trajets possibles et des risques potentiels à l’échelle du rover » dit Callas. « C’est un bel exemple de coopération entre les différentes branches du Programme d’exploration martien de la NASA ».
L’autre avantage vient d’une nouvelle version de logiciel de vol transférée à Opportunity et Spirit en 2006, qui renforce leur capacité autonome de choisir seuls des chemins et d’éviter des obstacles tels que les dunes de sable.
Pendant sa première année sur Mars, Opportunity a trouvé des preuves que, dans le passé lointain, il y avait eu de l’eau en surface et en sous-sol dans la région où il avait atterri. L’exploration effectuée depuis, a permis de mieux comprendre comment cet environnement a changé au cours du temps. Trouver des couches de terrains au dessus ou au dessous des couches déjà examinées, ouvrira de nouvelles fenêtres sur des périodes plus anciennes ou plus récentes.
Commentaire:
Au-delà de tous les espoirs qu’on avait mis en lui, le Rover Opportunity reste valide et communique toujours avec la Terre.
Il voit pour nous. Emerveillons-nous en et profitons en.
Comme il a montré que l’extraordinaire n’était pas impossible, il se pourrait bien en effet qu’il parvienne au cratère Endeavour. Quel intérêt pour la science et quel excellent retour sur investissement ce serait !
Souhaitons lui bonne route.
Pierre Brisson