Par Alexandre Mangeot.
Hier, jeudi, une tempête de vent empêchait toute EVA (Activité Extra Véhiculaire, ou activité à l’extérieur de la base) le matin et en début d’après midi. Ce n’est que dans la soirée que le vent s’est un peu calmé et que je me suis risqué à une EVA avec Valentina et Pieter pour récolter quelques échantillons de sol. Il y avait encore trop de vent pour permettre de stériliser les outils de prélèvements en brulant de l’alcool dessus. Nous avons quand même procédé aux prélèvements en supposant que l’alcool suffirait pour les stériliser. L’équipe de géologues et biologistes qui suit cette activité nous à indiqué, a posteriori, que ça ne marcherait pas… Aujourd’hui, vendredi, au petit matin (avant le lever du soleil) Baptiste, Nicolas, Alexandre et moi même avons grimpé la colline qui domine le Hab à l’Ouest pour voir le soleil se lever. Un magnifique spectacle !
Lever de soleil à gauche de Phobos Peak depuis le Hab Ridge. (doc. MDRS 113/A. Mangeot)
Après un bon petit déjeuner (nous avions gardé du bacon et des œufs en poudre pour le dernier déjeuner), je suis parti avec Valentina et Pieter pour prélever les derniers échantillons de sol. Cette fois, le temps était avec nous… nous avons pu suivre le protocole de stérilisation comme indiqué. Toutefois, étant donné notre expérience (proche du zéro absolu) en prélèvement de sol, je pense que nos échantillons auront quand même été contaminés. Cet exercice a bien mis évidence qu’on ne peut laisser faire à une personne inexpérimentée (un éventuel astronaute) un travail de géologue ou biologiste sans qu’il eu suivi un entrainement préalable. Une idée d’expérimentation future (si elle ne fut déjà effectuée) serait qu’un géologue et un biologiste entraine un nouveau MDRSonaute qui n’a aucune compétence en prélèvement, à ce genre d’exercice. Il faudrait observer quelles sont les erreurs commises, savoir à quel rythme il apprend et quand est ce qu’il devient autonome. Je pense que pour une future mission martienne, il y aura au moins un ingénieur de bord et/ou un pilote. Si celui-ci peut effectuer des prélèvements sur site, cela permet d’augmenter le potentiel de retour scientifique de l’équipage. Après cette EVA, je suis reparti avec Alexandre et Nicolas, au Nord Ouest du Hab sur un site qui domine une vaste zone de collines grises qui ressemble à un paysage lunaire.
Nous étions tout proche des falaises de Skyline Rim offrant une vue totalement sublime sur plusieurs dizaines de kilomètres plein Est. Nous voyions même des sommets enneigés à près de 200km de notre point de vue. Le reste de la journée fut dédié au rangement, un nettoyage grossier précurseur d’un plus minutieux demain avant l’arrivée de l’équipage qui nous relèvera. Le résumé final de notre mission a été envoyé, il devrait être bientôt disponible en anglais sur le site de la MarsSociety. C’était mon dernier rapport de la planète Mars (analogue). J’effectuerai d’autres communiqués pendant mon vol de retour vers notre bonne vieille Terre, avec des photos cette fois. Ma première mission de terrain avec la responsabilité du commandant de bord s’achève très bientôt… Ce fût une expérience géniale et pleine d’apprentissages sur soi-même. Ma plus grande satisfaction fut de voir que nous avons réussi à créer une ambiance très agréable et très coopérative en dépit du fait que nous ne nous connaissions pas il y a 15 jours. Ce fût un honneur pour moi de commander cet équipage désigné « Crew 113 »; je remercie Alexandre Richard, Baptiste Moeglin, Nicolas Pourquier, Pieterjan Grandy et Valentina Karga d’y avoir participé.