par Camille Gontier
A deux heures du début de notre simulation le moral de l’équipe est extrêmement bon et nous sommes tous submergés d’enthousiasme et de bonheur. Je veux dire que nous avons attendu le début de cette mission depuis un an (et même deux pour Jérémy et moi); après un an de travail administratif, de préparation scientifique, de réponse à des questions du genre « Est ce que vous allez être habillés comme des martiens ? » (j’ai failli répondre que je prévoyais d’emporter un fond de teint vert et une antenne faite à partir d’un cintre), de préparation physique, un voyage en avion de 30 heures et une trajet routier dans le désert en n’ayant rien d’autre à écouter à la radio qu’un rock terrible (pour être honnête, j’espérais des musiques dans le style de Josh Hommes « Song for the Deaf » ), finalement nous y sommes arrivés.
Rien à voir avec l’anxiété et l’ambiance sombre entourant le départ de la fusée de Tintin dans « On a marché sur la Lune », ni avec les sombres pressentiments de la famille de l’équipage avant le départ de la Saturn V dans « Apollo 13 » (1): alors que nous sommes prêts à entrer dans une mission analogues martienne de deux semaines, nous nous sentons plus en relation avec les personnages de Jules Verne avant le lancement de Columbia, leur enthousiasme et leur sentiment que tout ce qu’ils ont vécu jusqu’à ce moment n’était qu’un petit pas vers la réalisation d’un grand exploit.
Avant l’entrée en simulation (doc MDRS 164)
Nous sommes envahis par le désir de faire de cette mission un succès, de rassembler des données fiables et prometteuses pour analyse ultérieure, et de revenir chez nous avec un sentiment personnel de satisfaction, mais aussi avec la certitude que nos résultats expérimentaux et nos données de simulation serviront au plus grand bien de l’exploration martienne. « Nous n’avancerons pas doucement dans cette bonne nuit… » (2)
« Celui qui survivra à cette journée
Et rentrera sauf chez lui
Se dressera sur la pointe des pieds
Quand on nommera ce jour. »
(Shakespeare, Richard III)
Camille Gontier, journaliste de l’équipage MDRS 164
(1) sans compter « Armagedon »: notre préparation scientifique de deux ans n’a rien à voir avec l’esprit de ce film qui est truffé d’erreurs scientifiques et d’erreurs. La première d’entre elles: Ben Affleck sortant avec Liv Tyler. Soyons sérieux!
(2) Début d’un poème de Dylan Thomas: « We won’t go gentle into that good night… »
Les autres rapports du jour, en anglais sont disponibles ci dessous:
L’équipage et les expériences prévues lors de la mission sont présentés ici