Alors que les rovers Spirit et Opportunity continuent leurs missions d’exploration (après 3,5 années de service, près de 20.000 m cumulés parcourus et presque 200.000 images prises), la NASA a envoyé avec succès le 4 août au matin (11h27 heure française), sa nouvelle sonde vers Mars : Phoenix Mars Lander (PML).
Cette sonde qui fait partie du programme Scout (moins de 400 millions de $), est une rescapée du programme Mars Surveyor 2001, annulé suite à l’échec le 3 décembre 1999, de Mars Polar Lander (MPL). L’engin attendait son heure de gloire sur les étagères du JPL mais dut être profondément modifié suite aux défauts de conception constatés sur MPL.
Trajet de la sonde Phoenix Mars Lander
Il devrait permettre le 25 mai 2008, après un voyage de 680 millions de km, de découvrir enfin les paysages des régions polaires boréales de Mars. Ce lander – engin immobile incapable de se déplacer une fois posé au sol – y étudiera notamment pendant une durée comprise entre 90 et 150 jours martiens, la chimie et la minéralogie de son site d’atterrissage, la distribution et la qualité du pergélisol et des glaces de surface observées, ainsi que les conditions météorologiques locales.
Eclaté de la sonde Phoenix Mars Lander
Zone prévue de l'atterrissage de la sonde Phoenix Mars Lander
Muni de ses deux panneaux solaires, PML mesure 5 m de largeur sur 1,52 m de longueur et dispose de sept instruments scientifiques majeurs, dont :
– un bras robotique (RA pour Robotic Arm) conçu par le JPL, de 2,34 m de long et capable de creuser le sol sur plusieurs dizaines de centimètres de profondeur pour y réaliser des prélèvements,
L'extrêmité du bras robotique
– une caméra (RAC pour Robotic Arm Camera) conçue par l’Université d’Arizona et le Max Planck Institute. La RAC est située en bout du bras robotique, sur la pelle de collecte et permettra des clichés haute-résolution en mode macro et des images couleurs de la surface,
– un instrument analysant la conductivité, l’électrochimie et la microscopie (MECA pour Microscopy, Electrochemistry and Conductivity Analyzer) conçu par le JPL et les Universités d’Arizona et de Neuchâtel. MECA contient en fait plusieurs instruments dont un laboratoire de chimie, deux microscopes (optique et atomique), deux sondes thermique et électrique,
L'instrument MECA
– une caméra de descente (MARDI pour Mars Descent Imager) conçue par Malin Space Science Systems du même type que celles des sondes MER. Peu après la phase de descente sous parachute, vers 10 km d’altitude, MARDI collectera automatiquement une série de clichés grand-angle et en couleurs de la zone d’atterrissage,
– une caméra stéréoscopique (SSI pour Surface Stereoscopic Imager) conçue par l’Université d’Arizona. SSI permettra de réaliser des panoramas haute-résolution et stéréoscopiques du paysage polaire local,
– un four couplé à un spectromètre de masse (TEGA pour Thermal and Evolved Gas Analyzer) conçu par les Universités d’Arizona et du Texas. TEGA sera chargé d’analyser les échantillons de sol et de glaces collectés par le bras robotique et chauffés par le four,
L'instrument TEGA
– une station météorologique (MET pour Meteorological Station) conçue par l’Agence Spatiale Canadienne) munie de capteurs de températures et de pressions ainsi que d’un LIDAR. Le tout permettra des mesures quotidiennes de l’atmosphère polaire et de la quantité d'eau et de poussière en suspension.
Rendez-vous est donc prit le 25 mai 2008 pour une arrivée que l'on espère fantastique… et pour un paysage plein de surprises !
© Texte : Gilles Dawidowicz/APM.
© Images : NASA.