Communiqué de Presse NASA 2010-175
Media contact: D.C. Agle/Jia-Rui Cook
Jet Propulsion Laboratory, Pasadena, Calif.
818-393-9011/354-0850
agle@jpl.nasa.gov/jia-rui.c.cook@jpl.nasa.gov
Dwayne Brown 202-358-1726
NASA Headquarters, Washington
dwayne.c.brown@nasa.gov
Traduction et commentaire de Pierre Brisson
Pasadena, Californie.– On a constaté que la sonde Phoenix de la NASA était définitivement hors d’état de fonctionner après que plusieurs tentatives de reprendre le contact avec elle aient échoué. Une nouvelle image transmise par le satellite Mars Reconnaissance Orbiter montre que ses panneaux solaires ont été sévèrement endommagés par la glace.
Légende Image 1
Deux images de Phoenix prises de l’orbite martienne en 2008 et 2010. L’image de 2008 montre deux taches relativement bleues de chaque côté de la sonde, correspondant à ses panneaux solaires circulaires propres. Sur l’image de 2010, les scientifiques voient une ombre sombre qui pourrait être le corps de la sonde et son panneau solaire situé à l’Est mais il n’y a aucune ombre pour le panneau situé à l’Ouest.
Crédit image NASA/JPL-Caltech/University of Arizona.
Selon Fuk Li, directeur du programme d’exploration martien au JPL de la NASA, « La sonde Phoenix a rempli son programme de collecte d’informations et dépassé son espérance de vie. Bien que son travail soit terminé, l’analyse des données scientifiques recueillies se poursuivra encore quelque temps».
La semaine dernière, l’orbiteur Mars Odyssey a survolé le site d’atterrissage de Phoenix 61 fois dans le but de tenter une dernière fois de communiquer avec la sonde. Aucune transmission n’a pu être détectée. Phoenix n’avait pas non plus communiqué lors des 150 vols de trois campagnes précédentes ayant le même objet.
Sur Terre, la recherche utilisant les découvertes faites par Phoenix durant la période estivale, continue. Rappelons que la sonde s’est posée le 25 mai 2008 dans une région très septentrionale. Alimentée par des panneaux solaires, elle a fonctionné deux mois de plus que les trois mois prévus pour sa mission, jusqu’à ce que le soleil disparaisse.
Phoenix n’était pas conditionnée pour survivre à un hiver sombre, froid et glacé. Cependant, la faible possibilité qu’elle ait survécu ne pouvait être totalement écartée sans qu’on ait cherché à capter à nouveau ses émissions après que le soleil soit revenu.
Une image de Phoenix prise ce mois-ci par la caméra HiRISE (High Resolution Imaging Science Experiment), embarquée à bord du satellite Mars Reconnaissance Orbiter, montre que la sonde ne projette plus la même ombre au sol que celle qu’elle dessinait lorsqu’elle était opérationnelle.
« Les images avant et après sont complètement différentes » dit Michael Mellon de l’Université du Colorado (Boulder), membre de l’équipe scientifique de Phoenix et d’HiRISE. « La sonde semble plus petite et la différence avec l’image que l’on en avait précédemment ne peut être que partiellement expliquée par l’accumulation de poussière à sa surface qui la rend moins distincte du terrain environnant.
Légende Image 2:
Cette vue de l’un des deux panneaux solaires de Phoenix, est une mosaïque de plusieurs clichés pris par la caméra « Surface Stereo Imager » de la sonde.
Crédit image : NASA/JPL-Caltech/University of Arizona/Texas A&M University.
Les changements apparents de l’ombre projetée par la sonde sont cohérents avec la façon dont on attendait que Phoenix soit endommagé par les rudes conditions hivernales. On pensait en effet que le poids de la glace carbonique accumulée pourrait tordre ou casser les panneaux solaires. Mellon avait calculé que plusieurs centaines de kg de glace pourraient recouvrir la sonde en plein hiver.
Pendant sa mission, Phoenix a confirmé l’existence des dépôts étendus de glace en sous-sol immédiat, repérés par Odyssey, et en a examiné des parcelles. Elle a identifié également un minéral appelé carbonate de calcium qui suggère la présence occasionnelle de glace fondue. La sonde a aussi constaté une chimie du sol qui a des implications fortes pour la vie. Elle a enfin observé des chutes de neige. La plus grande surprise a été la découverte de perchlorate, un corps chimique oxydant sur Terre qui peut être un aliment pour certains microbes et un produit toxique pour d’autres.
« Nous avons trouvé que le sol au dessus de la glace peut agir comme une éponge, le perchlorate extrayant l’eau de l’atmosphère et la conservant » nous dit Peter Smith, chef de l’équipe de recherche à l’université d’Arizona (Tucson). « Une pellicule d’eau très fine peut constituer un environnement habitable. Un micro-monde à l’échelle des grains de poussière du sol, c’est là que ça se passe ».
Cette découverte de perchlorate a suscité une recherche en astrobiologie, les scientifiques étudiant les implications de ses propriétés antigel et de son utilisation potentielle comme source d’énergie par des microbes. La découverte de glace dans les couches supérieures du sol par Odyssey a orienté le travail de Phoenix. Plus récemment, Mars Reconnaissance Orbiter a détecté de nombreux dépôts de glace aux latitudes moyennes, à une profondeur plus grande, soit en utilisant son radar, soit en photographiant des cratères d’impact récents où cette glace était exposée.
« Les environnements riches en glace sont encore plus importants sur cette planète que ce que nous pensions » dit Peter Smith. « Quelque part dans cette grande étendue, il doit y avoir des endroits qui sont plus habitables que d’autres ».
Mars Reconnaissance Orbiter a atteint la planète en 2006 pour y entreprendre une mission scientifique de deux ans. Les données qu’il a recueillies montrent que Mars a connu des environnements humides à de nombreux endroits sur des périodes plus ou moins longues tout au long de son histoire. Les cycles de changements climatiques persistent jusqu’à l’époque actuelle. La mission nous a envoyé plus de données que toutes les autres missions martiennes réunies.
Odyssey tourne autour de Mars depuis 2001. La mission a également joué un rôle important en support des rovers jumeaux Spirit et Opportunity. La mission Phoenix était dirigée par Peter Smith de l’Université d’Arizona, avec la direction de projet au JPL et le partenariat de Lockheed Martin pour sa réalisation technique. L’Université d’Arizona fait fonctionner la caméra HiRISE qui a été construite par Ball Aerospace and Technologies Corp. à Boulder. Les missions martiennes sont dirigées par le JPL pour le compte du Programme d’Exploration de Mars du siège de la NASA à Washington. JPL est un département du California Institute of Technology, à Pasadena.
Pour obtenir des images et informations sur Phoenix, vous pouvez aller sur le site http://www.nasa.gov/phoenix
Commentaire :
Cette note d’information de la NASA donne un résumé clair de l’apport pour la science de Phoenix et des équipes qui l’ont fait fonctionner et qui continuent à analyser ses données. On peut dire que les résultats sont très riches et qu’ils ont changé notre vision de Mars, nous encourageant à penser que la planète est peut-être le lieu d’une chimie prébiotique originale et passionnante.
En allant plus loin, s’il s’avérait que des microbes peuvent survivre dans ce milieu, cela donnerait la preuve de la force d’adaptation de la vie aux conditions les plus extrêmes. Il faudra revenir bien vite dans ces régions où la glace fond périodiquement.