Communiqué de Presse de la NASA ; 19 septembre 2008.
Traduction et commentaire Pierre Brisson
Pasadena, Californie. La sonde Phoenix de la NASA a détecté de la neige tombant des nuages martiens. Les expériences effectuées sur le sol ont par ailleurs fourni la preuve d’interactions passées entre les minéraux et l’eau liquide, des processus qui se sont également déroulés sur Terre.
Un laser conçu pour comprendre comment l’atmosphère et la surface interagissent sur Mars ("LIDAR") a détecté de la neige tombant des nuages, 4 km au dessus du site d’atterrissage. Les données montrent que la neige se vaporise avant d’atteindre le sol.
Credit: NASA / JPL / UA / MET team
(NdT: les "Fall Streaks" sont des raies de chute de cristaux de glace formés dans les nuages et tombant vers le sol)
« Rien de semblable n’a jamais été vu sur Mars » dit Jim Whiteway de l’Université de York, Toronto, chef de l’équipe scientifique pour la station météorologique de Phoenix (qui a été fournie par les Canadiens). « Nous attendons des signes que la neige peut même atteindre le sol ».
Les expériences de Phoenix ont également fourni l’indice de la présence de carbonate de calcium, le composant de la craie, et de particules qui pourraient être de l’argile. En général, sur Terre, les carbonates et l’argile ne se forment qu’en présence d’eau liquide.
« Nous continuons à collecter des données et devrons procéder à de très nombreuses analyses mais nous avançons bien sur les grandes questions que nous nous étions posées » dit Peter Smith, de l’Université d’Arizona, chercheur en chef pour Phoenix (« Principal Investigator »).
Depuis qu’il a atterri le 25 mai, Phoenix a confirmé qu’une couche dure sous la surface, du côté Nord, contient de la glace d’eau. Savoir si cette glace a jamais fondu aiderait à comprendre si l’environnement a été favorable à la vie, un des objectifs principaux de la mission.
La preuve de la présence de carbonate de calcium dans les échantillons de sol provenant des tranchées creusées par le bras robotique de Phoenix, a été donnée par deux instruments appelés « TEGA » pour « Thermal and Evolved Gas Analyzer » (NdT : Spectromètre de masse pour l’analyse des gaz par processus thermique) et le laboratoire de chimie humide « MECA » pour « Microscopy, Electrochemistry and Conductivity Analyzer » (NdT : Microscope optique et microscope moléculaire couplés à des appareils permettant, grâce à des réactifs, diverses expériences de chimie, et un équipement permettant des expériences de physiques sur l’adhérence et la conductivité des matériaux).
« Nous avons trouvé des carbonates », dit William Boynton de l’Université d’Arizona, directeur scientifique du TEGA. « Cela indique des périodes d’interaction avec l’eau dans le passé ».
La preuve de la présence de carbonate de calcium donnée par TEGA est fournie par des émissions de dioxyde de carbone provenant d’échantillons de sol portés à haute température. La température à laquelle se font ces émissions correspond à la température que l’on sait nécessaire pour décomposer le carbonate de calcium et produire du dioxyde de carbone (identifié par le spectromètre de masse).
La preuve de la présence de carbonate de calcium donnée par MECA est un effet de saturation caractéristique de ce matériau, constatée par une analyse de chimie humide du sol. La concentration de calcium est exactement celle que l’on pouvait attendre d’une solution saturée de carbonate de calcium.
A la fois TEGA et les équipements d’étude microscopique de MECA ont suggéré la présence d’une substance de type argileux. « Nous voyons, avec le microscope atomique, des particules aplaties à la surface lisse, qui ne sont pas contraires à l’apparence de particules d’argile » dit Michael Hecht, responsable scientifique de MECA au JPL de la NASA (Pasadena).
La mission Phoenix, qui avait été prévue pour trois mois, en est maintenant à son cinquième mois. Cependant elle doit faire face à un déclin de l’énergie solaire qui devrait réduire puis mettre fin à son activité avant la fin de l’année. Avant que le courant soit coupé, l’équipe de Phoenix essaiera d’activer un microphone qui a été incorporé à la sonde, pour tenter de capter les sons de l’environnement.
« Pendant prés de trois mois suivant l’atterrissage, le soleil, sur le site, n’est jamais descendu en dessous de l’horizon » dit Barry Goldstein, chef de projet de Phoenix au JPL. « Maintenant il disparaît pour plus de quatre heures chaque nuit et la production de nos panneaux solaires chute toutes les semaines un peu plus. Avant la fin Octobre, nous n’aurons plus assez d’énergie pour actionner le bras robotique ».
La mission Phoenix est dirigée par Peter Smith, de l’Université d’Arizona. La direction de projet est de la responsabilité du JPL en partenariat avec Lockheed Martin à Denver. Elle bénéficie de contributions internationales : Agence Spatiale Canadienne, Université de Neuchâtel en Suisse, Universités de Copenhague et d’Aarhus au Danemark, Institut Max Planck en Allemagne et Institut Météorologique Finlandais.
Commentaire:
Peu à peu, on obtient confirmation de ce que l’on pressentait. Oui de l’eau a coulé sur Mars. Oui elle a coulé suffisamment pour altérer les minéraux de la planète et y constituer d’épais dépôts sédimentaires.
Mars est un formidable laboratoire où on émet des hypothèses et où on les vérifie. Cela nous donne des éléments de comparaison pour comprendre la Terre et, ne serait que sous cet aspect, les efforts engagés sont pleinement justifiés.
Pierre Brisson.