ESA PR 17 – 2010. Mardi 3 août 2010 16h36
Commentaires Pierre Brisson
L'ESA et la NASA ont sélectionné les instruments scientifiques destinés à leur première mission martienne conjointe. Prévue en 2016, celle-ci étudiera la composition chimique de l'atmosphère de Mars, y compris son mystérieux méthane. Découvert en 2003, ce gaz pourrait indiquer la présence de vie sur la Planète Rouge.
L'orbiteur pour les traces de gaz d'ExoMars cartographiera les variations des émissions de méthane avec une précision jamais atteinte. Cela permettra de déterminer si le méthane a une origine biologique ou volcanique. Credits: NASA
La NASA et l'ESA ont entrepris un programme commun d'exploration de cette planète, qui constitue une alliance inédite en vue de futures aventures martiennes. L'Orbiteur d'étude des gaz à l'état de traces d'ExoMars est la première d'une série de missions conjointes prévues pour rapporter des échantillons de sol martien. Les scientifiques du monde entier ont été conviés à proposer des instruments pour ce véhicule.
Vue d'artiste de l'orbiteur de la NASA appelé "ExoMars Trace Gas Orbiter". L'orbiteur transportera un véhicule européen de démonstration d'entrée en atmosphère, de descente et d'attérrissage. Credits: ESA
" Pour une exploration complète de Mars, nous devons rassembler tous les talents existants ", déclare David Southwood, Directeur Science et Exploration robotique de l'ESA. " A présent, la NASA et l'ESA unissent leurs forces pour la mission de l'Orbiteur d'étude des gaz à l'état de traces d'ExoMars. L'un de ses objectifs consiste à caractériser l'atmosphère de la planète, et notamment à rechercher des gaz à l'état de traces comme le méthane. "
" C'est en 2003 que nous avons pour la première fois détecté ce gaz, grâce à Mars Express ; depuis, la NASA a clairement confirmé sa présence. Cartographier le méthane nous permettra d'approfondir cette question essentielle : Mars est-elle une planète vivante, et, si tel n'est pas le cas, peut-elle le devenir ou le deviendra-t-elle ? "
L'ESA et la NASA ont désormais sélectionné cinq instruments scientifiques parmi les dix neuf proposés en janvier 2010, en réponse à un appel à propositions pour la première mission. Ces instruments, qui présentent un très grand intérêt scientifique ainsi que de faibles risques, seront développés par des équipes internationales de chercheurs et d'ingénieurs situés de part et d'autre de l'Atlantique.
" Jusqu'à présent, la NASA et l'ESA ont, chacune de leur côté, fait des découvertes extraordinaires ", déclare Ed Weiler, Administrateur associé de la Direction des missions scientifiques de la NASA à Washington. " Ensemble, nous réduirons les doublons, nous accroîtrons nos capacités et nous obtiendrons des résultats auxquels nous ne serions jamais parvenus séparément ".
Les instruments scientifiques sélectionnés sont les suivants :
– un spectromètre par occultation pour l'étude des molécules à l'état de traces dans l'atmosphère martienne (MATMOS). Ce spectromètre infrarouge détectera les infimes concentrations de composants moléculaires présents dans l'atmosphère. Responsable de recherche : Paul Wennberg, California Institute of Technology, Pasadena (Etats-Unis). Pays participants : USA, CDN.
– un spectromètre haute résolution à visée au nadir et occultation solaire (SOIR/NOMAD). Ce spectromètre infrarouge détectera les composants à l'état de traces de l'atmosphère et en établira la cartographie à la surface de la planète. Responsable de recherche : Ann Vandaele, Institut d'aéronomie spatiale, Bruxelles (Belgique). Pays participants : B, I, E, GB, USA, CDN.
– un sondeur climatique pour ExoMars (EMCS). Ce radiomètre infrarouge mesurera quotidiennement, à l'échelle globale, les poussières, la vapeur d'eau et les espèces chimiques de l'atmosphère, afin de contribuer à l'analyse des données de spectrométrie. Responsable de recherche : John Schofield, Jet Propulsion Laboratory, Pasadena (Etats-Unis). Pays participants : USA, GB, F.
– un imageur stéréo couleur haute résolution (HiSCI). Une caméra fournira des images stéréo en quadrichromie avec une résolution de 2 m par pixel sur une fauchée de 8,5 km. Responsable de recherche : Alfred McEwen, Université d'Arizona, Tucson (Etats-Unis). Pays participants : USA, CH, GB, I, D, F.
– une expérience d'imagerie globale de l'atmosphère martienne (MAGIE). Une caméra grand angle multi-spectrale fournira des images globales en soutien des autres instruments. Responsable de recherche : Bruce Cantor, Malin Space Science Systems, San Diego (Etats-Unis). Pays participants : USA, B, F, RUS.
– outre l'Orbiteur d'étude des gaz à l'état de traces, la mission de 2016 emportera un véhicule européen de démonstration pour l'entrée, la descente et l'atterrissage. Le lancement de l'ensemble de la mission sera assuré par un lanceur de la NASA.
La mission ExoMars suivante, prévue en 2018, comportera deux robots mobiles : un européen équipé d'un système de forage, et un américain capable de stocker des échantillons en vue d'un éventuel retour sur Terre, ainsi qu'un atterrisseur de la NASA. Cette mission sera également lancée par la NASA.
Ces activités doivent servir de base à un programme mené en coopération, afin d'accroître le retour scientifique et de conduire les deux agences à mettre en place une mission conjointe de retour d'échantillons martiens dans les années 2020.
Note aux rédactions :
L'ESA et la NASA partagent un intérêt commun pour les missions robotisées à destination de la Planète Rouge à des fins scientifiques et pour la préparation, ultérieurement, de missions habitées. Après une série de discussions approfondies, les responsables scientifiques des deux agences sont convenus d'un plan de coopération lors d'une réunion bilatérale tenue en juillet 2009 à Plymouth (GB). Ce plan prévoit deux missions conjointes d'exploration martienne, en 2016 et 2018.
Pour plus d'informations sur les programmes martiens de l'ESA et de la NASA, consultez les adresses suivantes : http://exploration.esa.int et http://www.nasa.gov/mars
Contact :
Jorge Vago, Responsable scientifique du programme ExoMars
Direction Science et Exploration robotique
ESTEC, ESA, Pays-Bas
Email : Jorge.Vago@esa.int Tél. : +31 71 565 5211
Commentaire :
La mission conjointe ESA / NASA a raison de se focaliser sur l’étude des émissions de méthane puisque ce pourrait être une manifestation de la Vie.
Evidemment on peut déplorer que l’orbiteur qui étudiera ces émissions ne soit envoyé vers Mars qu’en 2016 et que ce ne soit que la première mission d’une série qui doit culminer avec un retour d’échantillons, « dans les années » 2020 seulement). Rappelons quand même qu’à l’origine ExoMars devait être lancé en 2011 et par l’ESA toute seule. Il y a trop d’étapes intermédiaires ; la progression est trop lente ! A ce rythme l’homme n’arrivera sur Mars qu’à la fin du XXIème siècle alors que, comme nous le savons (nous, partisans de Mars Direct), il pourrait y débarquer dans une dizaine d’années !
Tout en « rongeant notre frein » réjouissons nous cependant que l’on fasse « quelque chose » et que ce « quelque chose » soit intéressant et utile.
A noter que, au-delà de la coopération ESA/NASA, qui est nouvelle, l’exploration spatiale continue à être totalement globalisée puisque les contributeurs des différents instruments qui seront embarqués, sont des entreprises du monde entier. Les deux agences spatiales disposeront ainsi des meilleurs équipements possibles. Pour une exploration plus rapide, ce n’est donc pas la coopération internationale qui fait défaut au niveau des équipements d’exploration, c’est, outre « l’envie d’y aller », le nerf de la concurrence au niveau des agences. Espérons qu’elle se réveille à nouveau, bientôt !
Pierre Brisson