Le rover Spirit a trouvé sur Mars un nouvel habitat possible
pour une vie passée.
Source NASA / JPL (Guy Webster) / The Mars Society (Robert Zubrin)
Compilation et Traduction : Pierre Brisson
Dans une conférence récente à l'Union Géophysique Américaine (AGU), le Dr. Steven Squyres, directeur de recherche scientifique pour la mission MER, a annoncé que le rover martien Spirit avait découvert un sol extrêmement riche en silice sur un petit plateau appelé « Home Plate », au pied des collines Columbia :
Home Plate vue par la sonde MRO
« Ce matériau est de la silice pure à plus de 90 pour cent » dit-il. « Il n’y a pas beaucoup de possibilités pour expliquer une concentration aussi forte ». L’une d’elle est que la silice ait été extraite sélectivement des roches volcaniques d’origine et concentrée en sédiments ; les sources chaudes peuvent le faire en dissolvant la silice dans de l’eau à haute température et en la laissant précipiter quand l'eau se refroidit. Une autre possibilité est qu’un processus ait enlevé sélectivement presque tous les autres matériaux en ne laissant que la silice ; la vapeur acide de fumerolles s’insinuant au travers de fissures dans la roche volcanique superficielle, comme on en voit à Hawaï ou en Islande, peut aboutir à ce résultat.
Silice mis en évidence par Spirit (photo JPL)
Les scientifiques étudient toujours les deux possibilités. Une raison pour laquelle Squyres penche plutôt pour les fumerolles est que ce sol martien riche en silice a une teneur élevée en titane. Or, sur Terre, ce sont les fumerolles qui produisent cette même combinaison. C'est une nouvelle extrêmement importante car, sur Terre, les occurrences géologiques de cette sorte fournissent des conditions idéales à la vie microbienne. Selon Squyres, « c’est probablement l’indice le plus significatif de ce qui, dans le passé, était un environnement habitable ». Allant plus loin, il pense même que ce type d'environnement pourrait avoir préservé des microfossiles microbiens.
Cette découverte est l’un des indices les plus forts jusqu'ici que Mars a jadis pu être propice à la vie.
De son côté, le rover Opportunity, opérant aux antipodes de Spirit, étudie les strates de sulfates affleurant les parois au bord du cratère d’impact Victoria, dans la région de Meridiani. Ces couches portent clairement les marques d’un environnement passé humide et acide. Elles sont une petite partie des couches riches en sulfates exposées ailleurs dans Meridiani et examinées à partir des sondes actuellement en orbite.
Mais ce n’est pas tout : « Nous voyons à partir de l’orbite les signes de la présence d’argiles sous les matériaux stratifiés de sulfate » dit Ray Arvidson de l'université Washington à St Louis, investigateur principal adjoint pour l’action scientifique des rovers. Ils indiquent des conditions moins acides que du côté de Spirit.
Ces observations renforcent l’idée que l’on avait de l’évolution géologique de Mars. On passe d'un système hydrologique ouvert, avec des précipitations, à des conditions plus arides avec des eaux souterraines montant à la surface et s’évaporant en déposant des sels.
Pour Robert Zubrin, président de la Mars Society, tout cela (et en particulier la découverte de ce gisement particulier de silice) renforce l’intérêt d’aller voir sur place : « les dernières découvertes de la mission MER soulignent l'importance d'envoyer des hommes sur Mars. Mars est la pierre de Rosette qui révélera la vérité sur le potentiel de diversité de la vie dans l'univers. Ce sont des questions que les hommes et les femmes ont considérées pendant des millénaires et nous pourrons leur apporter des réponses seulement en relevant le défi d'envoyer des explorateurs humains sur la Planète rouge ».
Des robots programmés peuvent certes rechercher d’autres indicateurs de vie passée ou actuelle mais, selon toute probabilité, il faudra une mission humaine sur Mars pour vérifier la réalité de cette vie. Aussi valable que soient les missions robotiques, les robots ne peuvent pas être d’aussi bons « chasseurs de fossiles » que les humains.
« Mars : si nous n’y allons pas nous ne saurons jamais » conclut Robert Zubrin.