Nous avons plusieurs fois parlé des transpirations et des larmes martiennes en évoquant quelques formations superficielles étonnantes observées le plus souvent dans des milieux dunaires…
Voici cette semaine une nouvelle illustration de phénomènes jamais observés sur Terre et qui confirment la singularité de Mars. Du moins sur ce type d'évènement géomorphologique ! Avec un nouveau cliché très spectaculaire, nous avons une preuve supplémentaire du caractère changeant de la surface de Mars, aussi bien à l'échelle de la saison qu'à l'échelle de l'instant.
Le cliché provient une fois encore de la sonde MRO via sa caméra haute résolution HiRISE. Il a été pris le 7 avril 2008 à 13h29 heure locale (Ls=55,7°). Nous sommes donc au printemps boréal. Le cliché est centré à 83,5° par 118,6°E. MRO était alors à 319,6 km d'altitude. Le cliché original a une résolution de 32 cm par pixel ce qui permet de déterminer des aspects de la surface d'environ 96 cm.
Ces clichés montrent très en détail des dunes de sables sur lesquelles se produisent des phénomènes d'écoulements superficiels de matériaux provenant de la sub-surface. L'hiver est déjà loin, et les couches de givre d'eau et de glace carbonique ont presque totalement disparues. C'est vraisemblablement lors de la sublimation des couches de glace, que se produit le phénomène : il semble que les grains de sable composant les dunes s'arrachent du substrat et par un processus inconnu (type cryo-reptation ?, cryo-saltation ?, éjection de gaz sous pression ?), des mini-coulées de sable noir sous-jacent se produisent le long des pentes des dunes.
Comme on peut le constater, les coulées sont rectilignes, parallèles et peuvent etre courtes ou assez longues, probablement du fait de la longueur du versant de la dune, mais aussi de la quantité de sable disponible en sub-surface… Il est intéressant d'observer les terminaisons de ces coulées, en "chou-fleur" ou avec des ramifications, laissant supposer un matériel ultra fin ou lié par une matrice visqueuse !
On peut noter également que sur le reste de la zone, entre les dunes, des "boutons noirs" apparaissent, trahissant également des zones actives où la sublimation de la glace a également permis l'éjection de matériel sombre sous-jacent à la manière d'évents. Une fois éjectées, ces accumulations ont parfois été reprises par les vents locaux sur quelques mètres tout autour du point central…
On observe également sur certaines des plaques de glace résiduelles, quelques fissures polygonales qui disparaitront quand la glace aura disparue…
Enfin, MRO a surpris en directe le phénomène ou quelque chose lié au phénomène puisque l'on observe sur le cliché, une zone turbulente orangée, où la poussière est en suspension dans l'air et n'est pas encore retombée.
© Texte : Gilles Dawidowicz/APM.
© Images : NASA/JPL/University of Arizona.
Il parait évident qu’il s’agit de projections, ou de montées progressives de matériaux, du bas vers le haut. Cela se traduit par des arborescences ressemblant d’une manière troublante à des arbres. (note du modérateur : « ressemblant » sans plus ; l’adjectif troublant paraît peu approprié !)
Ont-elles un caractère permanent ou éphémère ?
Merci de votre réponse. G.P.