Newsletter du 19 août de la Mars Society.
Traduction, note et commentaires de Pierre Brisson
Lors de sa 11ème convention internationale annuelle, la Mars Society a choisi le lauréat du concours organisé pour décider de son prochain projet phare. Il s’agit de Tom Hill, concepteur d’un projet de microsatellite pour tester les techniques de génération de gravité artificielle. Ce choix a été ratifié par le Comité de direction de l’organisation.
Tom Hill qui sera le chef du projet, s’est dit très honoré d’avoir été choisi alors qu’il y avait beaucoup d’autres candidats présentant d’excellents dossiers. Il a déclaré qu’il serait heureux de contribuer à faire avancer les connaissances dans le domaine de la génération de gravité artificielle. Il a fait remarquer que la NASA avait, durant le programme Gemini dans les années 60, mené des expériences avec des systèmes de filins (« tether ») liant un couple de deux masses en rotation mais qu’elle ne les avait pas poursuivi pendant les programmes suivants (Apollo, Navettes Spatiales et Station Spatiale Internationale). Il a souligné que la gravité artificielle étant capitale pour les équipages qui voyageront vers Mars, il fallait en faire avancer la conception.
Les détails du projet doivent être affinés mais il est déjà posé comme principe que l’expérience, dénommée “TEMPO3” (NdT: pour "Tethered Experiment for Mars interPlanetary Operations Cubed"), utilisera un micro satellite pour conduire des recherches sur la faisabilité de générer une gravité artificielle pendant les 6 mois que dureront le voyage vers Mars.
Prouver qu’une gravité artificielle peut être générée pour un équipage volant vers Mars contribuera à lever une des hypothèques majeures de l’exploration de la planète Mars par vols habités.
Selon Robert Zubrin, président de la Mars Society, « au début de la deuxième guerre mondiale, les équipages qui devaient voler à haute altitude avec des niveaux d’oxygène bas se sont trouvés confrontés au même type de problèmes. La solution consistant à fournir de l’oxygène artificiellement était contestée par des médecins qui pensaient préférable de compenser les effets négatifs de manque d’oxygène par une médication adaptée. Aujourd’hui les personnes navigants en haute altitude utilisent tout naturellement l’oxygène générée artificiellement et nous pensons qu’un jour les astronautes voyageront naturellement dans un environnement de gravité artificielle et non en situation de microgravité ».
Hill souhaite travailler avec l’ensemble des forces de la Mars Society à travers le monde de façon à produire le meilleur système possible. Il va d’abord rechercher des chefs de groupe pour les aspects techniques, financiers et relations publiques. Les personnes intéressées doivent lui adresser (tomhill@marssociety.org) un résumé (une demi page) de leur expérience avec leurs coordonnées. Hill envisage également de nombreux développements informatiques, les logiciels les plus performants devant être choisis pour être testés dans l’Espace.
Des détails sur les avancées du projet, seront communiqués au fur et à mesure des réalisations.
NB: Le "3" de "TEMPO 3" fait référence au cube dans lequel l'expérience devrait être lancée par CubeSat. Cette organisation universitaire américaine se charge de lancer des microsatellites ("picosatellites") qui tiennent effectivement dans un volume cubique de 10x10x10 cm à 30x30x10 cm et pèsent entre 1kg et 3kg max.
(cf http//:en.wikipedia.org.wiki/CubeSat )
Commentaires :
Les membres de la Mars Society et de ses sociétés sœurs dont la nôtre, doivent se réjouir du choix qui a été fait. En effet il serait absurde et dangereux de faire atterrir sur Mars des astronautes ayant perdu une part essentielle de leur masse musculaire et osseuse après un voyage en gravité nulle. Revenus à une gravité de 38% de celle de la Terre, après un voyage de 6 mois dans de telles conditions, ils seraient incapables de faire face aux besoins d’effort physique imposés par toute recherche de terrain et même d’effectuer les taches essentielles à leur survie.
Pour conserver leurs capacités physiques, rien ne semble plus adéquat que de les maintenir dans un environnement de gravité qui soit au moins de l’ordre de celle de Mars. Théoriquement cela est faisable. Robert Zubrin a mis en avant dès 1996 (cf Cap sur Mars) la solution consistant à recréer la gravité en établissant au début du voyage une force centrifuge par mise en rotation du couple formé par l’habitat et le dernier étage de propulsion du lanceur liés par un filin. L’impulsion giratoire serait maintenue tout au long du voyage du fait que rien dans l’Espace ne la freinerait.
Certes, des problèmes se posent : longueur du filin (pour que le différentiel des effets de la force centrifuge entre la tête et les pieds soit acceptable), déroulement du filin, maintien et correction de la route lors de la mise en place du système, cessation de la rotation avant la descente vers Mars, etc…Il faut se mettre au travail !
Pierre Brisson