Six membres de l'association Mars Society Belgium sont en simulation martienne dans l'Utah du 6 au 20 février 2010.
Le premier équipage MDRS belge. De gauche à droite: Nicky de Munster, Pierre- Emmanuel Paulis, Margaux Hoang, Arjan van der Star, Nancy Vermeulen, Nora Martiny
Nancy Vermeulen est la présidente de Mars Society Belgium et Pierre-Emmanuel Paulis le vice président. Pierre Emmanuel faisait partie de l'équipe de simulation MDRS 7 en 2002 avec Charles Frankel et Alain Souchier de l'association Planète Mars. Voir sur le site "Projets – Planète Mars – Base de recherche martienne du désert (MDRS) -2004/2003/2002 – équipage 7"
Les objectifs de la mission MDRS 90
Ces objectifs sont à la fois scientifiques et pédagogiques.
Chaque membre apporte un savoir-faire scientifique et pédagogique, et prend une responsabilité au sein de l’équipage.
Les expériences porteront sur des domaines aussi variés que : la géologie, la biologie, l’hydrographie, la météorologie, le mouvement des sols, l’astronomie, la géographie, le compostage et la protection de l’environnement et sur l’économie d’eau.
Les plus spectaculaires seront:
- le déploiement d’un robot, le VRP (Véhicule de Reconnaisance de Paroi), mis au point par Alain Souchier: ce robot sera descendu le long de falaises et de parois abruptes afin d’étudier les strates géologiques, de détecter la présence de fossiles et de sources d’eau.
Explications sur le montage et le mode d'emploi du Véhicule de Reconnaissance de Paroi le 23 janvier à Vernon
Deux objectifs de mission pour le VRP: descendre et remonter les 25 m de l'arche de Candor Chasma jusqu'au point indiqué CRV4 (à gauche), descendre et remonter le flanc très accidenté de Stacy's Cake (à droite)
- le largage d’un ballon stratosphérique qui montera à une altitude de 50 kilomètres afin de filmer le sol et d’envoyer des données altimétriques et de températures. Ce ballon est mis au point par l’association Astro Event Group d’Ostende.
- une expérience de compostage avec des vers de Californie et des vers de fumier dont l’objectif est d’étudier comment, en mission martienne, fabriquer du compost à partir des déchets émis par l’équipage.
- mesure de l’irradiation du Soleil afin de déterminer la quantité d’énergie reçue du Soleil en un lieu.
Un important volet pédagogique est également mis en œuvre:
-
- contacts radios et vidéos en direct avec diverses écoles et associations: notamment l’école de Suarlée (Namur), école Saint-Servais de Liège, le « Club Apollo » de Paris, une école de Saint-Charles (Missouri, USA), avec l’Euro Space Center de Redu etc … ainsi que des écoles en Flandre (la liste définitive n’est pas encore complète mais pourra être communiquée sur demande).
- développement du programme pédagogique du Mars Camp de l’Euro Space Center: observation et étude des procédures, du matériel, de l’aspect psychologique etc …
Pour plus d'informations voir:
www.marssociety.be
www.tania-astronaute.net/aventuresAUTEURautresactivitesMARS-2010.html
www.eurospacecenter.be/mdrs.htm
www.marsociety.org (en anglais)
www.rtbf.be/info/regions/liege/ils-revent-de-mars-et-ils-posent-le-pied-en-utah-185172
www.freemars.org/mdrscam (pour l'accès aux webcams du Hab)
La première partie de la mission est à rechercher dans la rubrique archives actualités. Ci après le récit de Pierre-Emmanuel Paulis est repris à partir du 12 février
Vendredi 12 février
Le Hab avec au fond Phobos Peak à gauche. L'équipage au premier étage du Hab à droite
"18 h 30
Le Hab s'est refermé sur la première moitié de notre mission. Demain il y aura 1 semaine que nous nous sommes posés sur Mars.
L'occasion pour l'équipage d'évaluer la semaine écoulée et de faire quelques mises au point bien nécessaires pour entamer du mieux possible la seconde partie de notre périple sur la planète. Ce fut bien utile. Plusieurs choses dans notre organisation n'allaient pas et nous voilà maintenant repartis sur de bonnes bases.
Lever pour moi déjà 6 h 15.
En effet c'est le jour de mon contact avec l'école Saint-Remacle de Stavelot où se trouve mon filleul Pierre-Loup. Je ne peux pas rater ça. Il suit mon aventure avec beaucoup de passion et c'est vraiment chouette d'avoir ainsi pu organiser ce contact avec son école. Merci à Claire et à André pour ce bon moment. Même si le contact est organisé avec les classes supérieures, Pierre-Loup n'étant qu'en troisième, a pu néanmoins y assister. A 6 h 45, un premier test de communication fut réalisé sans problème, puis à 7 heures précises, les enfants de 4ème et de 5ème furent en liaison avec la MDRS ! Le contact fut très riche.Il est clair que les élèves et leurs instituteurs avaient bien préparé ça. J'espère avoir été à la hauteur dans mes réponses, tellement les questions étaient pertinentes et intéressantes. J'aurais bien voulu être dans un coin de la classe pour observer la tête de mon filleul d'entendre ainsi la voix de son parrain en direct de Mars … Le timing de 20 minutes fut respecté à la lettre, et à la fin du contact, Pierre-Loup et moi avons pu converser quelques minutes. Un bon moment dans ma vie de martien ! Merci, Pierre-Loup d'être là. A mes côtés. Ca fait tellement de bien.
Ensuite Margaux et moi sommes partis vers Stacy's Cake en quads et en scaphandres bien sûr. J'ai fixé le VRP en simulation sur le porte paquet arrière du quad. Pas évident de faire ça en gros gants.
La colline de Stacy's Cake se trouve pas loin de Candor Chasma que nous avons cherché hier. J'avais hâte d'y retourner car nous l'avions explorée de fond en comble il y a 7 ans lors de ma première expédition, et c'est vraiment un endroit magnifique.
Arrivée au pied de Stacy's Cake pour tester le VRP sur une falaise accidentée où il est resté coincé lors de la mission MDRS 43. Doc. équipage MDRS 90.
Au sommet de Stacy's Cake. Doc. équipage MDRS 90.
J'ai testé le VRP sans problème depuis son sommet, l'occasion de réaliser un petit film pour mes prochaines conférences et exposés à l'Euro Space Center lors des Classes de l'Espace.
J'ai été secondé très efficacement par Margaux dans cette véritable sortie martienne, riche en enseignements et découvertes, de la véritable expédition. Un vrai esprit de pionnier. Ce pourquoi nous sommes ici en fait."
Essai du VRP. Doc. équipage MDRS 90.
Le retour a été plus mouvementé avec la panne du quad de Margaux, une mission de dépannage depuis le Hab et les couguars qui semblaient rôder autour des martionautes, des traces fraiches ayant été repérées dans Cactus Road.
Traces de martiens à 4 pattes. Doc. équipage MDRS 90.
Samedi 13 février
"11 h 30
C'est le week end aussi sur Mars et nous avons décidé d'être un peu relax.
Demain, avec l'autorisation de Mission Control, nous mettrons la clé sous le paillasson et partirons à la découverte de 2 parcs nationaux à 2 heures de route d'ici. Un break bienvenu au milieu de notre mission, mais néanmoins dans le cadre de nos objectifs, puisqu'il s'agit du cratère météoritique Upheaval Dome (dans le Canyonland Parc) et les Arches de Moab. Notre géologue Arjan nous servira de guide scientifique et les scaphandres seront bien sûr de la partie.
La journée a à nouveau débuté avec des contacts de nos amis néérlandophones. Ce qui m'a permis de faire enfin une grasse matinée. Waoaw j'ai pu me lever à 9 h 00 !
Quel luxe ! La première fois que ça m'arrive depuis le début de la mission.
La matinée a été consacrée au montage des expérience envoyées par l'University of Florida au Kennedy Space Center. C'est génial que notre mission intéresse Cap Kennedy ! De par les caractéristiques de notre équipage : notamment la présence d'un géologue et du fait que nous soyons trois femmes et trois hommes.
Pour l'heure, martienne cela va de soit, je vous propose une petite visite guidée de la MDRS.
Le Hab mesure exactement 8 m 24 cm de diamètre, et est composé de 2 étages. Il repose sur 6 pieds, tous les 60 degrés, à 70 cm environ du sol.
Il y a 2 portes : une devant et une derrière. Celles ci donnent toutes les 2 sur un sas de décompression.
Une fois franchi le sas de l'entrée principale, celle de devant, on pénètre dans la salle des scaphandres. Là est rangé tout le matériel pour les sorties extra véhiculaires : combinaisons, sac à dos,casques talkie walkies, gants, guêtres; et tout le matériel de recharge des sacs à dos et des talkie walkies. La préparation à une sortie à 3 prend environ 1 heure. Elle se fait toujours avec l'aide d'une personne qui ne sort pas. Cette personne sera le ou la « Capcom » (Capsule Communicator) : en permanence à l'écoute de la radio, il saura exactement où la sortie se déroule et l'heure prévue de retour. Lors du retour, le Capcom descendra accueillir les martionautes et les aidera à se déséquiper. Il faut ensuite recharger les batteries des sacs à dos (pour les ventilateurs propulsant l'air dans le casque) et les talkie walkies. Les personnes qui sortent doivent aussi respecter 5 minutes de dépressurisation dans le sas lors de la sortie et 5 minutes de repressurisation lorsqu'ils rentrent.
Salle des scaphandres
Le rez de chaussée du hab comporte également une plus grande salle, en forme de demi lune : c'est le laboratoire et la salle de rangement de tout le matériel. C'est là que Margaux et moi avons assemblé le VRP. Dans le fond de cette salle se trouve la toilette et la douche, puis la seconde porte vers l'extérieur.
Le rez de chaussée laboratoire et atelier
Un escalier très raide nous emmène à l'étage supérieur. C'est le quartier de vie. Il est divisé en deux : les chambres d'un côté et la salle « à tout faire » : plan de travail le long du mur, cuisine, évier, armoires des vivres et de la vaisselle, frigo; une table au centre pour les repas, réunions et travail.
4 hublots nous donnent la lumière (on est dirigé plein Sud), du lever au coucher du soleil.
Le premier étage: living room "salle à tout faire" et six chambres
Les chambres sont minuscules. Les 2 plus grandes sont à chaque extrémité. J'occupe la seconde, celle que j'avais déjà occupée il y a 7 ans.
Au-dessus des chambres se trouve une plate forme où est le réservoir d'eau potable et des réserves de vivres.
Au faîte du toit : un hublot minuscule pour l'évacuation en cas d'urgence.
Nous disposons également d'une échelle de secours amovible à accrocher au hublot au-dessus du plan de travail. A droite de l'escalier : une armoire avec les médicaments et produits de premiers soins.
Pour la petite histoire, l'architecte de la Mars Society qui a conçu le hab s'appelle Frank Shubert et est un descendant du compositeur Franz Shubert. C'est lui et Robert Zubrin (le grand patron de la Mars Society) qui nous avaient accueillis à Hanksville au début de ma première mission en 2002.
19 h 00
Nous rentrons d'une promenade tous ensemble qui nous a fait beaucoup de bien. Un bon bol d'air, dans un magnifique paysage, avec des explications géologiques d'Arjan. Cela nous a fait grand bien de sortir un peu; ça a rechargé les batterie. On a grimpé la colline derrière le Hab et avons arpenté l'immense plateau là dessus, avec une vue fabuleuse sur la chaîne de montagnes au Nord et sur Factory Butte. Nous marchions dans un champ de fossiles d'huîtres ! De superbes plantes, racines … de la boue aussi, le sol est gorgé d'eau, et encore pas mal de plaques de neige.
Nous sommes redescendus avant le coucher du soleil, le froid commençait vraiment à se faire sentir.
Demain nous partons donc en excursion, direction les parcs nationaux de Canyonland et de Moab. Un peu de tourisme que nous attendons avec beaucoup d'impatience."
Dimanche 14 et lundi 15 février
"12 h 00 le 15
Nous entamons la dernière ligne droite de notre expédition martienne. Dans quelques jours déjà il faudra commencer la checklist de redécollage vers la Terre. D'ici là il reste encore beaucoup de travail passionnant à réaliser.
La journée d'hier dimanche fut consacrée à une ballade exceptionnelle qui restera à jamais gravée dans les mémoires de chacun des membres d'équipage. Impossible en effet d'oublier les fantastiques paysages explorés hier : tout d'abord l' « Arches National Park » le matin et le « Canyonland Park » l'après-midi et son célèbre Upheaval Dome ».
Si je connaissais déjà le second parc pour l'avoir visité il y a 7 ans, je rêvais depuis longtemps de voir le premier. Les arches de Moab ! Creusées par le vent et l'eau pendant des milliers d'années. Et je n'ai pas été déçu.
Dimanche 14 février: relâche terrestre pour l'équipage. Doc. équipage MDRS 90.
Partis à 10 h 00 nous avons atteint la petite ville de Moab vers 11 h 30, admirant les paysages enneigés qui à certain moments émergeaient d'un brouillard surréaliste.
Les décors devenaient de plus en plus majestueux.
L'émotion envahissait notre véhicule au fur et à mesure que nous grimpions dans le parc national des Arches. Des paysages à couper le souffle. Ne plus savoir où regarder tellement tout est beau : de dunes pétrifiées à d'imposantes masse rocheuses, de vastes plaines enneigées aux montagnes émergeant du lointain. Que dame nature réalise de belles choses ! Impossible de voir tout, nos heures de sortie sont limitées. Le clou du spectacle fut certainement la Delicate Arche. Une merveille de la nature, comme il en existe d'autres dans le Parc mais que nous n'avions pas le temps hélas d'aller voir.
Il était temps de repartir vers l'autre objectif de la journée : Upheaval Dome dans le Canyonlands Park, que nous avons atteint vers 16 h 00. Vite quelques photos en traversant le parc car nous voulions grimper le flan du cratère météoritique avant que la nuit ne nous surprenne.
Nous n'avons pas été déçus non plus : la jeep laissée sur le parking, 15 minutes de marche sur un sentier escarpé, parsemé de gros cailloux rouges, de superbes grosses racines et puis la vue sublime, impressionnante : le centre du cratère de plusieurs centaines de mètres de diamètre. L'occasion pour notre géologue Arjan de nous expliquer ce qui s'est passé ici il y a plus de 70 millions d'années. Une plongée vertigineuse dans le passé qui nous amène à l'époque des dinosaures.
Le cratère météoritique d'Upheaval Dome dans Canyonland national park. Doc. équipage MDRS 90.
Dans le silence de la montagne, nous admirons le coucher du soleil. Loin dans nos pensées, nous prolongeons le rêve jusqu'à la nuit noire. J'avais vécu exactement la même expérience il y a 7 ans, mais l'émotion était intacte.
Rentrés au Hab, Nancy et Margaux nous font admirer le ciel. Le téléscope de Nancy nous montre la nébuleuse d'Orion, les Pléiades, et bien sûr … Mars, notre objectif, si haut dans le ciel."
Changement de la pompe d'eau des toilettes dans la serre. Doc. équipage MDRS 90.
La salle des scaphandres à gauche, le living room à droite avec le célèbre drapeau martien.
Nancy Vermeulen au poste de travail ordinateurs.
Arjan et Nicky dans le sas pour l'EVA 11 (mais ne pas oublier de mettre le gant avant la dépressurisation). A droite et en dessous, la mise en place d'une expérience de caractérisation des sols pour l'université de Floride. Doc. équipage MDRS 90.
Mardi 16 février
"18 h 40
Nous rentrons alors que le soleil a disparu derrière les montagnes martiennes.
Une équipe de la télévision belge VTM a passé la journée avec nous : une journaliste et un caméraman arrivés ce matin vers 8 h 30 alors que Nicky et moi allions entamer le pompage de la fosse sceptique.
Le tournage a donc commencé avec le tour technique; VTM nous a donc suivi jusque dans la serre, où nous avons donc procédé au pompage électrique, … et évidemment j'ai attrapé des nausées au milieu de l'opération … ; ça ne m'était pas encore arrivé et donc il a fallu que ça se produise devant une caméra de télévision et ce malgré le masque. Bref j'ai dû tout planter là et vite courir à l'extérieur prendre un bon bol d'air … évidemment c'était du pain béni pour le cameraman qui m'a emboîté le pas …
Puis ce fut au tour de Nancy d'expliquer ses expériences puis à Arjan.
Ensuite tout le monde se retrouva pour le repas et nous nous sommes préparés à l'EVA de l'après-midi : déployer le VRP à White Canyon. Nous avions repéré l'endroit hier, Margaux, Arjan et moi.
Tournage en cours par une équipe de télévision flamande pour l'émission "telefacts"
Cette fois ce fut au tour de la partie néérlandophone d'enfourcher les quads pour la télé. Margaux, Nora et moi précédions l'épopée avec la jeep. Cela pris un certain temps car comme pour tous les tournages, il faut recommencer et recommencer encore sous différents angles.
Bref il était bien 16 h lorsque nous sommes arrivés à White Canyon.
J'enfile mon scaphandre de même que mes coéquipières et je commence à détachr le VRP du quad que pilotait Nancy.
Soudain je commence à avoir certaines difficultés à respirer …
Zut le ventilateur de mon sac à dos émet des ratés et finit par s'arrêter …
Plus possible de respirer. J'avertis Nancy de mon problème …
L'occasion de tester une procédure d'urgence sur Mars !
Super aussi pour le tournage télé.
Mes équipiers entreprennent alors de dévisser mes arrivées d'air, une des 2 du casque de Nancy et branche celle-ci sur mon propre casque. Je peux enfin respirer un petit peu. Il était temps. Mon casque était rempli de buée, je ne voyais plus rien et je commençais à suffoquer.
Me voilà soudé littéralement à Nancy, comme des siamois.
Nous nous sommes installés difficilement sur un quad, moi devant Nancy et en équilibre sur une fesse du côté droit. On a réussi à démarrer le quad, j'avais la poignée de gaz à droite et ma foi nous nous en sommes bien sortis. La position était super inconfortable mais voilà tout à fait une procédure faisable et réaliste.
Procédure de secours. Doc. équipage MDRS 90
Mais il fallait néanmoins que nous déployions notre petit robot.
Nora a échangé avec moi casques et sacs à dos et hop c'est parti pour Margaux et moi.
Nous escaladons lentement White Canyon par la droite pour surplomber la paroi face au soleil et face à la caméra. L'ascension prend un peu de temps; le sol est fort accidenté et arrivés au dessus il nous faut encore franchir une crevasse et un surplomb. De plus nos casques sont envahis par la buée et le soleil couchant n'arrange pas la visibilité.
Mais tout s'est passé sans difficultés majeure.
Majestueusement le VRP a descendu la paroi à pic, dans la belle lumière orangée des rayons rasants du soleil.
Une fois retournés près de nos compagnons, nous en avons profité pour faire enfin une série de photos de nous tous en scaphandres. C'est le caméraman qui a pris les photos, avec l'appareil de Margaux. Il fallait se dépêcher car le soleil disparaissait et le froid se faisait à nouveau sentir.
L'équipe MDRS 90: de gauche à droite, Nora, Margaux, Nancy, Arjan, Pierre-Emmanuel, Nicky. Doc. équipage MDRS 90.
A demain, pour de nouvelles aventures martiennes …"
Mercredi 17 février
L'équipe télé de VTM est arrivée, pour filmer notre petit déjeuner. J'avais alors deux contacts Skype au programme : le premier avec le Club Apollo de mon amie Catherine Lari à Paris puis avec l'Euro Space Center et mon collègue Dominique. Malgré une mauvaise liaison audio, j'ai répondu avec beaucoup de plaisir à toutes les intéressantes questions des enfants.
L'équipe VTM en plein tournage. Doc. équipage MDRS 90.
Je rentre d'une EVA comme je les aime !De part sa durée (presque 3 heures), sa distance (plusieurs kilomètres : carrément le Nord de Candor Chasma), des décors majestueux, et un zeste d'imprévus, d'improvisation et d'exploration.
Bref la totale.
Il était 14 h 45' lorsque Margaux, Arjan et moi sommes entrés dans le sas de décompression du Hab, pour entamer la 16 ème sortie officielle de la mission MDRS 90.
Dans le sas. Doc. équipage MDRS 90.
En route pour Candor Chasma, au Nord de Stacy's Cake.
Après consultation des cartes, nous nous engageons dans un lit de ruisseau, et trouvons rapidement une piste en plein désert; parsemé de petits cactus.
Doc. équipage MDRS 90.
Nous décidons de continuer la piste jusqu'au bout, jusqu'à ce que nous croisions le canyon de Candor Chasma, tout au Nord. Soudain du sommet d'une butte apparaît une gigantesque vallée, entourée de parois rocheuses et de terre rouge. Pas mal de plaques de neige encore donnent un relief particulier. Nous décidons d'abandonner nos quads et de continuer à pied : peut-être trouverons-nous une falaise pour y déployer le VRP.
Nous tombons sur des traces de couguars (lions des montagnes), elles sont toutes fraîches. Il y en a vraiment beaucoup.
Puis soudain nous découvrons un animal dépecé dans une petite crevasse.
Avons-nous dérangé le couguar dans son repas ?
Nous pensons que oui, les traces datent de quelques minutes.
Sommes nous surveillés à notre insu ?
Nous ne sommes pas à l'aise.
Depuis le début de notre mission, nous avons relevé énormément de traces de couguars et d'autres animaux. Il est clair qu'il y a un certain danger. Même à quelques dizaines de mètres du Hab il y a des traces.
Lorsque la nuit tombe, une autre vie s'éveille!
Au sommet d'une butte nous découvrons de très belles roches roses dénudées par l'érosion, et notamment une superbe géode de quartz.
Nous ne trainons donc pas dans cet endroit, si reculé. Nous surveillons les hauteurs autour de nous, comme nous l'a recommandé Mission Control. Le danger vient des hauteurs.
Nous repartons en sens inverse.
Waoaw la vue, avec le soleil de face qui descend déjà. Au loin Factory Butte en contre jour, à gauche Olympus Mons bien enneigé.
Cela me rappelle ma mission MDRS 7. J'avais été marqué par ces images, bien au chaud à jamais dans le fond de ma mémoire. Je suis si heureux de les avoir ravivées.
Revenus au pied de Stacy's Cake, nous bifurquons vers l'Est, au Sud donc de Candor Chasma.
Très vite le lit de rivière débouche sur la falaise à pic.
Nous coupons les quads, et Margaux et moi emmenons le VRP vers l'endroit de sa prochaine escapade à la verticale.
Le soleil baisse déjà, le froid, lui, monte, il ne faut pas trop tarder.
Sous l'objectif de mon appareil photo tenu par Arjan, nous descendons le VRP; il se coince un léger moment lors de la remontée mais il reprend rapidement une bonne position pour terminer la remontée sans anicroches.
Essai du VRP. Doc. MDRS 90.
Il faut rentrer maintenant; nous sommes à environ 20 minutes de la MDRS.
Et voilà … il fallait bien que ça arrive maintenant.
Impossible de redémarrer mon quad. Il ne veut pas se positionner sur « neutre », ce qui est indispensable pour lancer le moteur. Mes coéquipiers viennent à mon secours, … sans succès.
Le temps passe. Nos essais incessants restent infructueux. En tant que responsable de la sortie, je décide de tenter un remorquage par le quad d'Arjan. Rapidement nous fixons un câble entre nos deux véhicules … nous parcourons quelques mètres … le quad d'Arjan s'embourbe … on ne peut plus avancer. Margaux accourt en scaphandre à notre secours, elle tire sur le quad pendant que je pousse … on sort du premier bourbier au bout de quelques efforts.
Ce n'est qu'un bref répit. Un reste de ruisseau est encore à traverser et de toute manière, un lit de canyon bien boueux nous attend encore plus loin.
Miracle : mon quad veut bien redémarrer.
Puis cale à nouveau.
Après quelques essais, il reprend; je garde la main sur la manette des gaz pendant qu'Arjan détache le câble.
Je pars le premier et en file indienne nous nous engageons dans le canyon et ressortons près de la piste qui mène au Hab.
Il est 17 h 30 lorsque nous nous garons à côté de notre « tonneau ». Content de le revoir !
Ouf tout est bien qui finit bien; je m'étais déjà vu abandonner mon quad récalcitrant au pied de Candor Chasma et revenir cramponné à Arjan.
Nicky descend à notre rencontre et ensemble effectuons la check list technique du Hab avant la nuit, faisons le plein des quads, pompons une nouvelle fois la fosse sceptique et refermons le sas sur cette journée martienne riche en péripéties."
Jeudi 18 février
" Cette fois cela sent déjà la fin.
Les nuages sont revenus, comme pour regretter notre retour sur la Terre
après-demain.
Il y a même eu une petite averse de neige l'après-midi.
La matinée s'était pourtant passée sous le soleil; Margaux, Nancy, Nora
et moi en ont profité pour effectuer une EVA dans la plaine
surplombant le Hab. La vue est tellement majestueuse là-haut, avec la
Factory Butte à l'horizon Nord, et le début des Montagnes Rocheuses au
Sud.
L'occasion de ramener de nouveaux fossiles d'huitres que l'équipage
ramènera aux membres de la Mars Society Belgium.
Pendant ce temps, Nicky et Arjan, restés au hab travaillent sur les
expériences Université de Floride.
L'après-midi, Nancy, Nicky et Arjan partent en quads vers White
Canyon puis Rock Garden, pour une exploration géologique avec les
précieuses explications d'Arjan. Ils en profitent aussi pour tourner
une vidéo destinée aux étudiants d'Arjan.
Nora, Margaux et moi restons au Hab pour commencer les
préparatifs de retour sur Terre : inventaire des vivres puis démontage
et nettoyage du VRP.
Plus que deux nuits sur Mars ."
Vendredi 19 février
Le living room du premier étage
A gauche la salle des scaphandres avec, au premier plan, la porte interne du sas ouverte. A droite l'atelier laboratoire. Le VRP est déjà dans sa valise pour le retour.
"18 h 00
Notre dernière journée martienne se termine sous la neige.
Il en est tombé environ 10 cm et nous croisons les doigts pour que demain la piste soit praticable. Les prévisions météorologiques ne sont pas bonnes; il doit encore bien neiger demain.
L'équipage de relève doit arriver entre midi et 13 heures, nous devons le briefer sur le fonctionnement du Hab avant de partir.
Cette dernière journée fut celle de tous les problèmes pour moi.
Tout d'abord ma chute d'hier me provoque de grosses douleurs au bras gauche. Nous avons donc établi ce matin un contact avec le médecin de garde de Mission Control qui a été rassurant et nous a donné une marche à suivre pour me soigner. Me voilà avec un bandage de l'épaule au coude et des compresses anti-inflammatoires. Merci Nora. J'ai déjà moins mal et suis donc optimiste pour demain vu les efforts physiques qui m'attendent pour porter les valises.
L'autre souci est que je n'arrive plus à mettre la main sur mon … passeport. Je l'avais dimanche pour l'excursion dans les parcs nationaux; l'ai-je perdu à ce moment ? On a tout retourné, tout l'équipage s'y est mis. Rien.Pas de passeport. J'ai téléphoné avec le téléphone satellite à Mondial Assistance pour solliciter son aide …On est coupé plusieurs fois, le téléphone satellite est pratique, d'accord, mais c'est pas encore au point ce truc là. Enfin je ne vais pas ma plaindre ici. J'ai réussi en trois fois à expliquer ma situation.L'employé que j'ai au bout du fil m'explique gentiment que je ne pourrai pas quitter les USA sans passeport, que vu que c'est le WE qui commence, je ne pourrai pas avoir de papiers de remplacement avant lundi, mais qu'il va se renseigner et m'envoyer un mail avec tous les détails qu'il aura pu récolter.
Je pensais être donc entre de bonnes mains mais je téléphone néanmoins à ma soeur Anne-Cécile, qui habite Saint-Louis, Missouri, pour lui demander son aide également.
Une heure plus tard je reçois un mail de Mondial Assistance … on me donne l'adresse internet de l'Ambassade belge à Washington ! C'est une blague ? Voilà une aide efficace !
Heureusement, ma soeur qui habite à Saint-Louis est nettement plus performante et efficace : elle a téléphoné pour moi à l'Ambassade et on lui a donné la garantie que je pourrais repartir sans mon passeport, juste avec ma carte d'identité, vu que je repars dans mon pays.
Doc. équipage MDRS 90.
Les valises sont faites.
Demain, nous entamerons le long voyage de "retour vers la Terre…"
Nous repartons d'abord vers Grand Junction au Colorado, avec la jeep que l'équipage de relève nous aura amenée. Puis dimanche matin, nous reprenons l'avion à … 6 h 45 pour Salt Lake City (ça veut dire qu'on devra partir à … 4 h de l'hôtel !), puis en route pour Atlanta, puis la traversée nocturne de l'Atlantique vers Bruxelles où nous arriverons à 8 h lundi matin.
Croisons les doigts pour que tout se passe bien; je ne suis quand même pas rassuré avec mon problème de passeport, mais je serai heureux d'être demain soir à Grand Junction, dans une bonne chambre d'hôtel, de prendre un bon bain, un bon repas, un bon petit verre de vin …
Ici Mars qui rend l'antenne.
A bientôt … sur la Terre !"
Lever de soleil sur Phobos Peak (à droite avec le rocher au sommet). Doc. équipage MDRS 90.
Samedi 20 février
Préparatifs de départ et attente de l'arrivée de l'équipe MDRS 91.
15h30 locale, la nouvelle équipe est arrivée. Nancy Vermeulen passe les consignes.