Notre première étude s’était attachée à examiner les limites du concept « Tout-en-Un », c’est-à-dire d’un Mars Colonization Transport comprenant un seul lancement et un seul vaisseau navette, le tout entièrement réutilisable. Nos résultats, tout en permettant de conclure à la possibilité théorique de ce concept radical et d’en donner une illustration, nous ont aussi conduits à le considérer irréaliste, du fait de la taille du lanceur nécessaire (13500 T au décollage, 20 m de diamètre à la base…).
Dans cette reprise de l’étude, nous abandonnons donc cette architecture et nous intéressons à celle qui paraît le moins accroître la complexité et les coûts opérationnels, à savoir celle d’un lancement double, schéma vers lequel SpaceX pourrait s’orienter.
1. Principe de lancement
2. Conditions du transfert retour
3. Conception générale de la navette
3.1. Formule aérodynamique
3.2. Formule propulsive
3.3. Deux problèmes critiques de sécurité
3.4. Aménagement et dimensionnement de la navette
4. Architecture et dimensionnement du lanceur
5. Faut-il redescendre sur Terre ?
5.1. Recharger la navette maintenue en orbite
5.2. Utiliser de l’oxygène lunaire
5.3. Le concept de « cycler »
6. Les perspectives de la propulsion électrique
6.1. Avantages et limitations d’emploi
6.2. Approche dans le cadre de cette analyse MCT
6.3. Exemples d’application en phase aller
6.4. Application à la phase retour
6.5. Un remorqueur interplanétaire auxiliaire ?
Conclusion
1. Principe de lancement
Dans cette nouvelle approche, le premier lanceur placerait en orbite de parking, en mode automatique, une navette ravitailleur. La navette interplanétaire viendrait ensuite accomplir un rendez-vous avec elle afin de compléter ses pleins au niveau des besoins pour l’ensemble des manœuvres du trajet aller. Une procédure analogue devrait être mise en œuvre pour le retour, en particulier du fait que nous nous imposerons un retour « non différé » pour respecter le cycle opérationnel minimal de 26 mois. Pour des raisons de coût de développement et de flexibilité opérationnelle, les deux configurations de vaisseaux utiliseraient le même lanceur, ne présentant elles-mêmes de différences qu’en termes d’équipements internes et de systèmes propres à l’emport des passagers (enceinte pressurisée, système de secours, support vie). Mais tout le reste serait identique (dimensions, forme, structures, propulsion, guidage, etc.).
Le transfert d’ergols cryogéniques en microgravité n’a jamais été développé. On peut imaginer par exemple d’amarrer les deux vaisseaux bout à bout, tête-bêche, par l’arrière (si les moteurs ne sont pas axiaux) et de créer une gravité artificielle en faisant tourner l’ensemble autour d’un axe perpendiculaire. Cette gravité centrifuge permettrait de plaquer les ergols en fond de réservoirs et de créer une pression statique favorable au bon fonctionnement d’une pompe de transfert. Par exemple, si l’éloignement du lieu de puisage au centre de gravité commun est de 15 m, une rotation à 3 tours par minute, parfaitement tolérable pour les passagers, permettrait de créer environ 0,15 g et une pression statique de 15 mbar/m de « hauteur » à cet endroit. Ce mode de ravitaillement serait également à mettre en œuvre en orbite martienne pour le retour, comme nous le verrons.
Concernant le choix de la trajectoire (aller), faute de constater que la formule à deux lancements apporte un gain considérable de performances, on reste dans l’hypothèse d’un transfert en mode économique (de Hohmann), de préférence à la trajectoire dite de « libre retour », nettement plus coûteuse en masse de propergol. Cette option est néanmoins très discutable, tant il est vrai qu’une durée de voyage rallongée de 50% (8 à 9 mois au lieu de 6) présente de sérieux inconvénients, en particulier en matière de niveau d’épreuve psychologique que va représenter la cohabitation des passagers dans un espace clos et restreint (on vise 10 à 15 m3 par personne). Une version « première classe », plus rapide, serait à évaluer et à comparer. On verra qu’une propulsion électrique auxiliaire pourrait s’avérer utile à cette fin.
Quelle devrait être la performance en LEO du lanceur correspondant, et quelle capacité d’emport d’ergols faut-il prévoir pour les navettes dans leurs deux versions ? Pour le déterminer, il faut en premier lieu définir les modalités du retour.
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If you allow for 2 refueling trips, or refueling depo. Then the design could use a launcher with 19 Raptors and 240t to LEO payload. The shuttle only has 550t of fuel. Meaning that the tanks could be half as big. Or possibly make them from multiple toroid shaped taks. The center of the craft would then serve as an unpressurised acces to cargo bay. Toroid tanks would also allow to use round baffles to keep liquid pressurised while in microgravity.
Bonjour,
juste pour signaler à quel point, semble-t-il, le projet MCT et colonisation de Mars , serait d’une dimension jamais imaginée. Le 6 octobre 2015, Chris Bergin, l’administrateur du fameux site NasaSpaceflight.com, qui suit de près l’évolution des projets de SpaceX à tweeté que ce qu’il lui a été montré est la chose la plus excitante qu’il ait jamais vu. https://twitter.com/NASASpaceflight
Il semble que Chris Bergin a eu l’autorisation de voir le projet, qu’il décrit comme allant beaucoup plus loin que tout ce qui a pu être envisagé lors des nombreux fils de discussions. Bien au delà des espérences des uns et des autres. Chris Bergin s’est engagé à ne pas aller plus loin et confirme que la priorité de SpaceX actuellement est le retour en vol d’essai de F9. Donc révélation du programme plutôt l’année prochaine et ça vaudra le détour.
Il s’en explique sur son site. http://forum.nasaspaceflight.com/index.php?topic=38593.0
Bonjour, plutôt que d’envisager des moteurs ventraux traversant le bouclier ventral du MCT, pourquoi ne pas envisager des moteurs placer sur les flancs avec un angle de 15 degrés, à l’image du design de dragon V2? Il y a une légère perte de performance à cause de l’inclinaison, mais les benéfices sont intéressants non? De plus à l’atterissage et décollage de Mars, l’éloignement des moteurs par rapport au sol permet de minimiser les risques de projections de matières contre la coque du vaisseau. Autre point, un système de by pass des gazs éjectés, entre des tuyères orientées vers le bas et d’autres orientées vers l’arrière est-il techniquement envisageable?
oui, mais il faudrait voir la conséquence sur l’aérodynamique de rentrée(si les moteurs sont latéraux).<
non, on ne déviera pas le jet des tuyères, cela créerait des échauffements de structure considérables et des pertes de performance rédhibitoires.
Merci de votre réponse éclairante. Toujours dans l’idée de comprendre à quoi peut ressembler le système MCT, vous dites dans votre étude que la rétropropulsion est un point critique de la sécurité des passagers pour un retour sur Terre, la panne étant interdite faute de solution de rechange. Il y eut le programme avorté Venture Star de Lookheed Martin et le démonstrateur X-33. Ce corps portant permettait un retour plané et un roulé sur une piste. C’est peut-être ici la solution de rattrapage en cas de panne des moteurs? Au prix surement, d’autres contraintes notamment l’appariement avec le lanceur pour le décollage. J’ajouterais qu’un train roulant permettrait au véhicule une certaine mobilité sur Mars, pour facilité les opérations de transfert de carburant ou autre logistique. Mais le devis de masse s’envolerait surement.
Concernant les objectifs de Spacex sur la charge utile, 100mt, bien que cyclopéen, cet objectif est encore le plus facile à atteindre il me semble, face au défi de transporter et faire vivre, 100 personnes pendant 6 à 11 mois (et encore si tout ce passe bien et que l’EDL sur Mars est possible), dans un espace compté. Il est déjà difficile d’organiser la vie de 4 astronautes dans l’ISS, une structure de 400 tonnes, comment réussir un tel pari sans un vaisseau de type « Galactica ». E.Musk a déclaré récemment qu’à l’annonce du projet, au mois de septembre, les gens diront que « c’est completement fou ». Mais qu’est ce donc?!….