Communiqué NASA du 10 avril 2008.
Traduction de Didier Bailleau.
PASADENA, Californie – les ingénieurs de la NASA ont ajusté la trajectoire de l’atterrisseur Phoenix, en vue de son atterrissage le 25 mai sur la planète rouge (NdT : dans la nuit du 25 au 26 mai en France).
“Il s’agit de la première manœuvre visant une zone spécifique de la région du pôle nord de Mars,” explique Brian Portock, chef de l’équipe de navigation de Phoenix, au JPL (Jet Propulsion Laboratory), situé à Pasadena (Californie). Les deux premières manœuvres, en août et octobre dernier, avaient pour objet d’ajuster le croisement de la trajectoire de la sonde avec celle de Mars.
La NASA a validé, sous conditions, le site d’atterrissage dans une vallée plate, informellement nommée “La Vallée Verte”. Une décision finale se fera sur la base de photos supplémentaires de la zone, qui seront prises par MRO (Mars Reconnaissance Orbiter) ce mois-ci.
HIRISE, la caméra à haute définition de MRO, a pris plus de trois douzaines de photos de cette zone. Leur analyse a poussé l’équipe de Phoenix à déplacer le centre de la zone d’atterrissage de 1,3 kilomètres vers le sud-est, l’éloignant d’endroits plus rocailleux situés au nord-ouest. Les navigateurs ont pris cette nouvelle cible pour planifier la manœuvre d’aujourd’hui.
La zone d’atterrissage est une ellipse d’environ 100 kilomètres sur 20. Les chercheurs ont localisé plus de cinq millions de rochers à l’intérieur et autour de cette ellipse, chacun étant suffisamment gros pour faire échouer la mission s’il était touché par la sonde lors de son atterrissage. Sachant quelles zones sont à éviter, l’équipe a sélectionné une cible scientifiquement intéressante, qui offre aussi les meilleures chances pour un atterrissage en sécurité de la sonde sur le sol martien.
“Notre zone d’atterrissage présente la plus grande concentration de glace martienne hors des calottes polaires. Si vous voulez rechercher une parcelle du permafrost arctique qui soit une zone habitable, alors c’est à cet endroit qu’il faut aller, » a déclaré Peter Smith, chercheur principal de la mission, à l’université d’Arizona (Tucson).
Phoenix creusera une couche riche en glace, supposée être à portée du bras robotique sous la surface. Il analysera l’eau et le sol à la recherche d’information concernant les cycles climatiques et investiguera si cet environnement a été un jour favorable à la vie microbienne.
“Auparavant, nous n’avons jamais eu autant d’informations concernant un futur site d’atterrissage,” explique Ray Arvidson, de l’Université de Washington à St Louis. Arvidson est le président du groupe de travail sur le site d’atterrissage de Phoenix, et a étudié les sites d’atterrissage sur Mars depuis le succès des premiers atterrisseurs Viking, en 1976.
“Les risques à l’atterrissage liés à l’environnement – rochers et pentes – représentent la menace la plus importante pour le succès de la mission. Il y a toujours un risque de malchance, mais nous avons identifié une zone qui est très plate, et relativement dépourvue de grands rochers,” déclare David Spencer du JPL, chef de projet adjoint de Phoenix, et co-président du groupe de travail sur le site d’atterrissage de Phoenix.
L’ajustement de trajectoire qui a été fait aujourd’hui, consistait à pivoter Phoenix de 145 degrés puis à allumer ses moteurs pendant environ 35 secondes, et enfin à le ramener à son angle initial, son antenne principale pointant ainsi vers la Terre. La mission disposera de trois opportunités supplémentaires de manœuvres d’ici le 25 mai pour affiner la trajectoire et permettre un atterrissage à l’endroit désiré, en sécurité.
Au cours des sept dernières minutes de vol, le 25 mai, Phoenix devra effectuer une ambitieuse série d’actions pour faire chuter sa vitesse de près de 21 000 km/h en toute sécurité. La sonde libérera un parachute puis fera appel à l’allumage de ses rétrofusées à une altitude d’un peu plus de 900 mètres, pour ralentir jusqu’à 8 km/h et enfin atterrir sur ses trois pieds.
“Atterrir sur Mars est une épreuve extrême. En fait, le dernier atterrissage motorisé réussi sur cette planète implacable remonte aux années 1970. Il n’y a pas de garantie de succès, mais nous faisons tout pour maîtriser les risques,” déclare Doug McCuistion, directeur du Program d’Exploration de Mars de la NASA, à Washington.
Pour plus d’information sur la mission Phoenix, rendez-vous sur: <http://www.nasa.gov/phoenix et http://phoenix.lpl.arizona.edu>.
La mission Phoenix est dirigée par Peter Smith de l’Université d’Arizona, à Tucson, avec le pilotage du projet par le JPL, et Lockheed Martin, à Denver, comme partenaire de développement. Les contributions internationales sont assurées par l’Agence Spatiale du Canada, l’Université de Neuchatel, en Suisse, les universités de Copenhague et Aarhus, au Danemark, l’Université Max Plank, en Allemagne, et l’Institut Météorologique Finnois, en Finlande.