Le 7 août dernier, au 712ème jour martien de sa mission, alors qu’il était au bord de la « Hidden Valley » (voir les articles correspondant à cette période du 6 août et du 20 août), Curiosity, au moyen de sa Mastcam, a pris l’image ci-dessous. On y voit des roches finement stratifiées sous une couche de grès plus épais. Les fines strates seraient l’indication de dépôts sédimentaires qui se produisent lorsqu’une rivière entre dans un lac.
Assemblage d’images Mastcam prises le 7 août avec surimposition d’une échelle (doc. NASA/JPL-Caltech/MSSS)
La couche épaisse de strates fines relativement claires surmontée de grès plus foncé (doc. NASA/JPL-Caltech)
Dans la zone supérieure blocs de grès et éléments à strates fines sont mêlés (doc. NASA/JPL-Caltech)
Pour Ashwin Vasavada, chef de projet scientifique adjoint sur Curiosity au JPL, ces découvertes mettent en doute que les périodes passées de climat chaud et humides aient été très transitoires et locales; une explication plus radicale serait que l’atmosphère ancienne, plus épaisse, aurait permis des températures supérieures à zéro globalement et sur de longues périodes.
Ashwin Vasavada expliquant les caractéristiques de la base du Mont Sharp dans laquelle Curiosity allait opérer, le 5 août 2014, lors du congrès Space 2014 à San Diego (doc. A. Souchier)
Dans un texte et une vidéo en anglais, Ashwin Vasavada explique ces différentes découvertes concernant les strates inférieures du Mont Sharp. La vidéo illustre une des phases d’évolution supposée du cratère Gale par l’image suivante, montrant le cratère rempli d’un lac et avant la constitution de la montagne centrale.
Jadis un lac dans le cratère Gale, avant la création de la montagne centrale (doc. NASA)
La partie basse du Mont Sharp, étudiée maintenant par Curiosity, qui présente une alternance de dépôts d’alluvions de rivières, de lacs et de dépôts éoliens, indiquerait une alternance de remplissages et évaporations de lacs de plus grande étendue et de plus longue durée par rapport à ce qui a été examiné jusqu’à présent par le rover.
« Nous avançons dans la résolution du mystère du Mont Sharp » a déclaré John Grotzinger du Caltech. »Là où il y a maintenant une montagne, il y a eu peut être autrefois une série de lacs. Au fur et à mesure de la montée de Curiosity sur le mont Sharp, nous allons étudier comment l’atmosphère, l’eau et les sédiments ont interagi et nous verrons peut être comment la chimie a changé dans les lacs en fonction du temps. »
Le cratère Gale a du être rempli de quelques centaines de mètre de sédiments jadis, puis le vent aurait ensuite érodé ces sédiments et constitué la montagne centrale.
« Nous avons trouvé des rocs sédimentaires suggérant des petits deltas anciens empilés les uns sur les autres » a déclaré Sanjeev Gupta de l’Imperial College à Londres. « Curiosity est passé progressivement d’un environnement dominé par des rivières à un environnement dominé par des lacs ».
A Whale Rock (voir l’article du 6 novembre et du 3 novembre), cette image Mastcam prise le 2 novembre montre des strates croisées, un ensemble de strates supérieures coupant avec un angle des strates inférieures. Cela se produit quand le courant crée des ondulations, petites rides et dunes sur le fond. (Doc. NASA/JPL-Caltech/MSSS)
Détail de la zone où le recoupement des strates est évident (doc. NASA/JPL-Caltech)
On trouve bien sûr le même genre de strates croisées sur Terre, ici dans l’Utah, dans la région de la station de simulation MDRS de la Mars Society. Ces couches datent de l’ère secondaire (environ 100 millions d’années). Celles vues sur Mars ont plus de 3 milliards d’années. (Doc. MDRS 43)
Au 826ème jour de sa mission, le 3 décembre, Curiosity est aussi sur un terrain à stratifications fines comme le montre cet assemblage d’images Mastcam (doc. NASA/JPL-Caltech)
Même type de stratifications fines sur cette image Mastcam au sol 828, le 5 décembre (doc. NASA/JPL-Caltech)
Curiosity au travail au sol 829, le 6 décembre, sur les strates de l’image précédente (doc. NASA/JPL-Caltech)
La zone sur laquelle opérait ci-dessus la brosse en bout de bras, observée par la caméra Mahli, également en bout de bras, le 7 décembre (doc.NASA/JPL-Caltech/MSSS)
Gros plan sur la partie de l’image précédente par la caméra Mahli le 7 décembre. Les filons blancs sont la plupart du temps constituées de gypse. (Doc. NASA/JPL-Caltech)
Autre vue rapprochée prise par la caméra Mahli le 7 décembre montrant un filon de minéraux blancs (doc. NASA/JPL-Caltech)
On s’y attendait un peu, mais il n’empêche que c’est magnifique !