En transit vers le point Glenelg, Curiosity a pris des images qui montrent clairement les traces d’un écoulement ancien. Les roches observées sont constituées de petits galets de quelques centimètres maximum incrustées dans un ciment naturel constitué de particules plus fines. C’est ce qu’on appelle sur Terre du poudingue. Plus les galets incrustés sont gros et plus cela traduit un écoulement violent (mais dans cette évaluation il faut prendre en compte la gravité différente, plus faible sur Mars). Les experts ont évalué la vitesse d’écoulement de l’eau à 1 m/s et la profondeur entre 10 cm et 1 m. La présence d’écoulements de ce type sur Mars n’est pas une surprise. De nombreuses vallées et chenaux d’écoulement ont été détectés depuis l’orbite et Opportunity avait déjà trouvé des traces sédimentaires traduisant la présence d’eau. Mais c’est la première fois qu’un rover au sol, se trouve au contact de traces aussi évidentes d’écoulement bien localisé. Toutefois Curiosity avait déjà détecté des roches semblables autour de son point d’atterrissage, là où la couche de poussières superficielle avait été soufflée par ses fusées d’atterrissage. Les nouvelles images sont cependant bien plus spectaculaires et démonstratives.
Le banc de roche désigné « Hottah ». Le banc est incliné, ce qui ne correspond pas à son positionnement original, peut être en raison de l’impact de météorites. L’image a été prise par la Mastcam à focale 100 mm au sol 39, le 14 septembre. (Doc. NASA/JPL-Caltech/MSSS)
Détail de la plaque sédimentaire basculée. (Doc. NASA/JPL-Caltech/MSSS)
Détail de la plaque sédimentaire basculée. (Doc. NASA/JPL-Caltech/MSSS)
Poudingue martien à gauche et terrestre à droite. (Doc. NASA/JPL-Caltech/MSSS)
Poudingue de l’ère tertiaire sur Terre en Méditerranée, avec des galets 10 fois plus gros que sur Mars. Les galets visibles sur cette image sont bloqués dans un ciment naturel. (Doc. A. Souchier)
Curiosity a atterri dans l’éventail alluvionnaire d’une vallée qui descend des remparts du cratère Gale au Nord. Les images montrent-elles des traces de cet éventail ? (Doc. NASA/Milliken/Anderson and Bell/Ryan Anderson)
La vallée “Peace vallis” qui entaille le rempart du cratère Gale à quelques dizaines de km au Nord de la position de Curiosity (croix rouge) et dont l’éventail alluvionnaire s’étend jusqu’à l’emplacement de Curiosity. Ces images proviennent de la sonde européenne Mars Express. (Doc. ESA/DLR/FU Berlin (G Neukum))
La zone de Peace Vallis, vue par Curiosity peu après son atterrissage. La vallée court du haut à droite jusqu’au bas à gauche où l’on voit bien le lit plus clair qui dessine un S. (Doc. NASA/JPL-Caltech)
Ces photos parlent d’elles même en effet. Nous avons là ce que l’on nomme en sédimentologie, des « roches à grains cimentés ».
Sur Terre, elles sont classées en conglomérats et en grès. Parmi les conglomérats, on distingue les brèches et les poudingues. Manifestement, nous avons là un poudingue, qui résulte de la sédimentation de graviers d’origine alluviale.
Dommage que le JPL n’ait pas produit d’images au microscope pour faire une morphoscopie rapide de ces graviers…
GD
Absolument exitant de découvrir ces image, tant de MRO que de Curiosity. On est vraiment gâté avec cette mission. Est-ce que des experts seraient à même de dater ce genre de conglomérat. Est-ce que cela implique que la pression atmosphèrique a été à cette période supérieure pour permettre à l’eau de ne pas se vaporiser?