La revue « Meteoritics & Planetary Science » vient de publier (Dec 2014) une étude sur la Météorite de Tissint, tombée sur Terre le 18 juillet 2011 (voir les articles du 19 janvier 2012 et du 29 juin 2012). Elle a été effectuée par un groupe de chercheurs dont le principal est Yangtin Lin (Institut de géologie et de géophysique de l’Académie des Sciences de Chine) et dont fait partie le Professeur Philippe Gillet, du Laboratoire de Sciences de la Terre et des Planètes de l’EPFL (Lausanne).
Pour la première fois une analyse de météorite conclue que des particules carbonacées, de type kérogène* de quelques microns,présentent un rapport isotopiques 12C/13C du type de ceux que l’on trouve dans les êtres vivants ou résultant d’êtres vivants (charbon) **. Il est clair par ailleurs que les particules carbonacées analysées ne peuvent résulter d’une contamination depuis leur arrivée sur Terre. En effet d’une part la chute de la météorite est très récente et d’autre part la configuration de l’intérieur de la roche exclue une pénétration de fluide extérieur jusqu’à ces particules car elles sont incluses dans une matière fondue par un choc étant intervenu après la formation de la roche, avant un deuxième choc qui l’a arraché à son astre d’origine. La météorite a clairement été identifiée comme martienne à la suite de l’étude de ses inclusions de gaz (micro bulles) qui montrent un rapport de deutérium / hydrogène de type caractéristique.
Malheureusement aucun biomorphe n’est associé à cette composition isotopique. Il se pourrait que les fragments carbonacés résultent d’une activité biotique développée quelque part dans le sol de Mars, dont les résidus se seraient infiltrés ensuite dans les microfractures de la météorite résultants du premier choc.On n’est cependant pas totalement certains que leur origine soit martienne car ils auraient pu être introduits sur Mars par un corps étranger à Mars,cause du premier choc. Mais l’hypothèse semble assez improbable et n’enlève rien à la réalité du rapport isotopique constaté (il ne ferait que reporter le problème de l’activité biotique dans un « ailleurs » indéterminé).
*Substance intermédiaire entre matière organique et combustible fossile, comprenant outre du carbone des éléments chimiques caractéristiques tels que H, O,N, P, Cl
**Sur Terre, les êtres vivants privilégient l’utilisation de l’isotope de carbone le plus léger, le 12C