Elon Musk, le génial et prolifique créateur d’entreprises (PayPal, SpaceX, Tesla Motors, Solar City et maintenant une usine de production de milliers de satellites pour l’Internet), déploie son énergie en vue du rêve de sa vie : permettre l’établissement d’une colonie humaine sur Mars. Avec SpaceX, il entend développer un moyen de transport interplanétaire radicalement moins coûteux, car réutilisable, et grâce à la richesse dont le développement de son ensemble industriel devrait lui permettre de disposer, il entend participer de façon décisive aux investissements importants qu’une telle entreprise ne manquera pas de requérir.
Il n’y a donc à vrai dire pas lieu de se montrer surpris par sa dernière annonce, à savoir d’écrire un livre, à diffusion mondiale, sur les perspectives martiennes auxquelles il voue son existence. La nécessité de cette décision difficile – presque inquiétante de la part de ce multi entrepreneur sursaturé, amené à se battre sur de multiples fronts – ne pouvait échapper à son analyse ; en effet, il comprend sans doute mieux que quiconque l’importance capitale qu’il y a à rallier et enthousiasmer le public s’il veut obtenir l’adhésion et le soutien concret à son projet d’une sphère politique en panne de vision. Il est par ailleurs certainement conscient de sa popularité et de son charisme, qui lui garantissent d’avance un succès d’estime, tout en lui faisant presque obligation de publication. D’ailleurs, les éditeurs se sont rués sur lui (on parle d’une offre à 3 millions $), sachant qu’il est prévu une diffusion mondiale, en plusieurs langues simultanément.
Point capital, l’ouvrage ne devrait pas traiter uniquement de la perspective martienne mais comporter deux parties. D’après ce qu’on peut comprendre, la première serait consacrée à l’analyse des problèmes qui se présentent pour l’avenir de notre espèce et de notre civilisation sur notre planète, la deuxième y faisant écho en termes d’opportunités offertes par notre débarquement sur notre voisine. Là non plus, il n’y a pas lieu de s’en étonner car les orientations créatives d’Elon Musk, comme ses déclarations, témoignent de son sentiment profondément et concrètement écologique : voitures électriques, équipements solaires pour l’habitat, transport terrestre à grande vitesse neutre en énergie, et même, peut-on dire, fusées réutilisables et non jetables ! Il n’y a donc rien d’artificiel dans cette conception du projet, qui ne fait que traduire une conviction profonde de son auteur.
Celui-ci a déclaré qu’il tiendrait la plume lui-même et prendrait le temps nécessaire, deux à trois ans, compte tenu de ses nombreuses activités et obligations. Souhaitons-lui une santé de fer et la poursuite de ses aventures industrielles sans catastrophe majeure, car un tel niveau d’activité, pour remarquable qu’il soit, peut susciter des inquiétudes.