La matinée a comporté deux sessions en parallèle, l’une comportant une série d’exposés, l’autre dédiée à la présentation détaillée de la simulation réalisée par l’ÖWF autrichien dans le Rio Tinto en Espagne.
Tobias Keller de l’Institut de Géophysique de Zürich a décrit la formation du noyau, du manteau et de la croûte de Mars. Ses modélisations ont permis de visualiser l’impact originel d’un corps de taille au plus égale à celle de la Lune qui a crée la grande dichotomie Nord Sud et les conséquences de cet impact. En fait l’impact ne se serait pas produit dans la zone basse Nord mais au contraire dans la zone Sud élevée. Le point chaud qui a engendré la zone de Tharsis aurait d’abord occupé le centre de la zone élevée avant de migrer sur le bord où il se situe aujourd’hui.
Cédric Gillmann de l’Institut de Physique du Globe de Paris et de l’Institut de Géophysique de Zürich a traité de « L’effet long terme du volcanisme et de l’échappement de l’atmosphère sur l’évolution des conditions à la surface de Mars ». Selon ses modèles, 500 millions d’années après la création de Mars, l’atmosphère était déjà tombée à une pression de 35 mb. Elle est passée par un minimum entre 2 et 7 mb à 1,5 milliards d’années avant de remonter. La moyenne d’âge de l’atmosphère est aujourd’hui de 2 milliards d’années et elle est à 75% d’origine volcanique. L’habitabilité en surface est ainsi problématique à partir de 500 millions d’année après la naissance de la planète c’est-à-dire à peu près au moment du bombardement tardif. Cela n’empêche pas des périodes d’écoulement catastrophiques sur des périodes de 10 à 100000 ans dans les 4 milliards d’années suivants. D’autre part c’est surtout la faible gravité qui serait la cause de la disparition de l’atmosphère, la perte du champ magnétique n’ayant qu’un effet secondaire.
Richard Heidmann (association Planète Mars) a voulu remettre a sa juste place le problème des radiations qui est souvent présenté comme grave par les opposants aux missions martiennes habitées. Les radiations reçues ont deux origines celles qui viennent du soleil et celles qui viennent de l’espace profond, les rayons cosmiques. Lors du trajet vers Mars l’exposition aux rayonnements cosmiques n’est que de 2,2 fois supérieur à celui reçu à bord de la station ISS. Sur Mars on ne reçoit que le quart de la dose reçue en voyage interplanétaire. Il y a une différence importante dans les effets protecteurs de l’atmosphère selon que l’on est situé dans une zone basse comme Hellas (10 rems par an) ou dans les terrains élevés (20 rems par an). Au total et à condition de disposer d’un abri dans l’habitat du voyage interplanétaire pour se réfugier momentanément lors des éruptions solaires, la dose reçue sur l’ensemble d’une mission martienne sera inférieurs à 90 rems (cas majorant de deux éruptions solaires pendant la mission). La dose autorisée dans une carrière pour un travailleur du nucléaire est de 100 (femme) à 400 (homme) rems.
Le président de la Mars Society polonaise, Lucas Wilcynski a ensuite traité le sujet « Comment faire la promotion de l’exploration martienne ». La branche polonaise travaille en particulier sur un petit rover d’environ 40 cm qui pourra être vendu en version jouet, étudiant (apprentissage de la robotique) et opérationnel (missions de surveillance).
Sébastien Gautsch, vice président de Mars Society Switzerland et chercheur à l’EPFL a présenté l’imageur microscopique AFM de la sonde Phoenix et ses brillants réultats, cet imageur ayant fait l’objet de ses travaux de thèse.
Olivier Chételat, responsable des systèmes de contrôle et senseurs de l’organisation CSEM a fait un point sur les systèmes d’acquisition de données physiologiques. CSEM a développé des systèmes qui ont été testés dans les conditions difficiles des abords de la station antarctique franco italienne Concordia. Ces systèmes étaient également présents lors des simulations de l’ÖWF autrichien dans le Rio Tinto.
Alain Souchier a ensuite présenté, au nom de Philippe Coué qui n’avait pu faire le déplacement, le programme d’exploration spatiale des chinois et leurs visées martiennes.
Pour la dernière intervention de la manifestation, Robert Zubrin a analysé la situation US en matière d’exploration humaine, générale et martienne en particulier. Il a fait part de ses inquiétudes concernant l’avenir en raison de la crise de la dette aux USA et insisté sur le risque que représentait pour le développement du lanceur lourd l’absence de missions à moyen terme pour celui-ci. Pour lui l’Amérique est née nation de pionniers et risque de perdre son âme si elle ne le reste pas. Ses critiques souvent sévères de la NASA se veulent constructives : « Je la défendrai autant que je peux »
Pierre Brisson a conclu ces trois journées en rappelant qu’il fallait rester optimiste et qu’il est de notre rôle de convaincre à tous niveaux. La Chine avait commencé à explorer le monde au 15 ème siècle quand les autorités politiques ont mis un coup d’arrêt. Il s’en est suivi une période de déclin. Cet exemple passé reste une leçon valable aujourd’hui.
Bravo et merci à toute l’équipe organisatrice de la Mars Society Switzerland pour l’organisation parfaite de EMC 11.
Les rencontres de l’année prochaine, EMC12, seront préparées par la Mars Society allemande.