A la demande de la NASA, l’académie des sciences américaine a conduit une étude sur le thème : Des voies pour l’exploration – Logiques et approches pour un programme US d’exploration spatiale par l’homme. Tel est le titre du document émis en prépublication début juin.
Comme destinations le rapport affiche que seuls la Lune, les astéroïdes, Mars et ses satellites sont des destinations possibles pour l’homme dans un futur raisonnable, le plus difficile étant Mars. « Ainsi l’horizon pour l’exploration spatiale humaine est Mars ». Le document reconnait que les motivations qui ont conduit au programme Apollo ne sont plus là et que, bien que le public soit en général positif vis-à-vis de la NASA et des programmes spatiaux, sa priorité n’est pas à augmenter le budget. Il constate une divergence entre les objectifs des nations qui regardent vers la Lune tandis que les USA visent dans un premier temps la capture et l’étude d’un astéroïde dans l’environnement lunaire. De manière plus innovante aux USA, il considère qu’il serait de l’intérêt de ceux-ci d’être ouverts à une inclusion de la Chine dans de futurs programmes internationaux, et que la mise à l’écart actuelle « réduit substantiellement les potentielles capacités internationales qui pourraient être réunies pour atteindre Mars »
« Il y a un consensus dans la politique spatiale nationale, dans les groupes de coordination internationaux et dans l’imagination du public sur l’idée que Mars est un objectif majeur de l’exploration spatiale humaine ». « La NASA peut soutenir un programme d’exploration spatiale par l’homme qui poursuive l’objectif d’un atterrissage sur Mars comportant des étapes clés intermédiaires significatives pour réaffirmer le leadership US et simultanément ouvre d’amples opportunités de coopération internationale substantielle – mais seulement si ce programme a des éléments construits en séquence logique et si la NASA peut financer des vols assez fréquents pour assurer le maintien du professionnalisme des personnels au sol, des contrôleurs de mission et des équipages de vol ». Les capacités à développer en priorités concernent « l’entrée, descente et atterrissage sur Mars, la protection contre les radiations, et des système de propulsion et production d’énergie avancés ». « Les progrès de l’exploration humaine au-delà de l’orbite basse se mesureront en décennies, en centaines de milliards de dollars et en risques significatifs pour la vie humaine ».
Le rapport recommande d’ « impliquer les agences spatiales internationales dès le début de la conception et du développement… ». « La séquence des missions et destinations doit permettre aux parties prenantes, y compris les contribuables, de voir les progrès et de développer la confiance dans la capacité de la NASA à poursuivre le programme ». « Le programme doit minimiser l’utilisation d’éléments de mission sans suite, qui ne contribuent pas aux destinations ultérieures du programme ».
Mais le comité des experts réunis pour élaborer le rapport, affiche que le programme ne pourra réussir que s’il est correctement financé, ce qui est une évidence, et qu’il faut qu’il y ait « un engagement soutenu de ceux qui gouvernent le pays – un engagement qui ne change pas de direction au gré des cycles électoraux successifs », ce qui est aussi un conseil rempli de bon sens mais pas souvent suivi.
Données caractéristiques des différents types de mission : delta V (vitesse totale à donner) et durée totale (doc. NASA)
Pour illustrer la problématique budgétaire, le rapport présente cette projection d’enchaînement d’un maximum de programmes entrant dans un budget qui compense l’inflation. L’enchainement ne fait malheureusement pas l’économie d’une base lunaire provisoire (lunar outpost), présentée toutefois comme servant à préparer le séjour sur Mars. La surface martienne n’est atteinte qu’après 2050 et le programme ne permet pas un rythme suffisant de missions. Conclusion : il faudrait un apport international plus important que ce qui se pratique aujourd’hui ou une augmentation du budget US supérieure à l’inflation. Mais le document envisage également des scénarios plus directs pour la mission martienne. (Doc. NRC)
Le document dresse par ailleurs un bilan assez précis (situation actuelle, développements à conduire) des différentes technologies ou éléments (habitats, lanceurs, scaphandres) nécessaires pour l’exploration.
Une autre vision budgétaire : ce qui reste disponible pour de nouveaux programmes après prise en compte de la prolongation de l’ISS et du développement du SLS et d’Orion, dans le cas d’un budget constant en dollars courants ou dans le cas d’un budget prenant en compte l’inflation. (doc. NRC)
Le rapport complet de 286 pages, en anglais, est disponible ci-après : 18801