Le rapport de la commission d’enquête sur le crash de l’atterrisseur martien européen Schiaparelli le 19 octobre 2016, a été publié par l’agence spatiale européenne, l’ESA, le 18 mai 2017. Le signal de l’atterrisseur avait été perdu à 14h 47mn 22s (GMT), 43 s avant l’heure prévue d’atterrissage.
Finalement il apparait que ce n’est pas une vitesse en roulis excessive après l’ouverture du parachute qui a été la cause de l’anomalie (comme certaines informations en avait circulé) mais une vitesse excessive de balancement en tangage.
La séquence d’atterrissage de Schiaparelli (doc. ESA)
La vitesse de rotation en tangage, excessive par rapport aux limites acceptées par la centrale inertielle, a saturé celle-ci pendant un temps nettement plus long que la durée réelle de dépassement de la limite. En fait l’atterrisseur oscillait à une fréquence de 2,5 Hz et la vitesse de rotation oscillait à la même fréquence. Pendant la durée de saturation (plus longue que la réalité) de la centrale, l’ordinateur de bord calculait l’angle de l’atterrisseur avec la vitesse de saturation. Cela l’a conduit à afficher une rotation de 165°, c’est à dire une position quasi à l’envers (mais erronée) de Schiaparelli. Le radar donnait une distance au sol correcte, mais situant pour l’ordinateur le sol au dessus de l’atterrisseur, c’est à dire indiquant une altitude négative. L’ordinateur a donc enclenché la séquence d’atterrissage: largage du parachute et du bouclier arrière, allumage très écourté (3 secondes) des rétro fusées. Le module était alors en fait à 3,7 km d’altitude et est tombé en chute libre. Il a percuté le sol à environ 150 m/s.
Voir le rapport (en anglais) ci dessous:
ESA_ExoMars_2016_Schiaparelli_Anomaly_Inquiry (1)
Le rapport tire toutes les leçons de cet échec en particulier pour la mission ExoMars 2020 qui vise à déposer un rover à la surface de Mars, l’atterrisseur étant de responsabilité principale Lavochkin en Russie.
L’atterrisseur ExoMars 2020 dans sa configuration d’entrée dans l’atmosphère martienne (doc. ESA/Lavochkine)
La reconstitution détaillée des événements ayant conduit au crash de Schiaparelli démontre tout l’intérêt d’avoir des mesures télémétriques pendant les opérations de rentrée et d’atterrissage, ce qui n’était pas le cas lors de la précédente tentative européenne (anglaise) d’atterrissage sur Mars par Beagle 2.
Rappelons que la mission ExoMars 2016 comportait aussi (et surtout, en termes de résultats scientifiques escomptés et de durée d’opération attendue), l’orbiteur TGO dont la mission se poursuit avec succès.