Communiqué NASA 2008-239 du 18 décembre 2008
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Traduction et commentaire Pierre Brisson
Pasadena, Californie. Les chercheurs, utilisant un puissant instrument embarqué sur le satellite MRO (« Mars Reconnaissance Orbiter ») de la NASA, ont trouvé à la surface de Mars un minéral qu’ils cherchaient depuis longtemps et, avec lui, des informations inattendus sur le passé aqueux de la Planète rouge.
En faisant le relevé géologique de zones rocheuses intactes avec le CRISM (« Compact Reconnaissance Imaging Spectrometer for Mars »), les scientifiques ont trouvé des carbonates, ce qui indique qu’il y avait de l’eau neutre ou alcaline sur Mars quand ces minéraux se sont formés, à ces endroits, il y a plus de 3,6 milliards d’années. Les carbonates qui sur la Terre comprennent le calcaire et la craie, se dissolvent rapidement dans l’acide. Par conséquent, le fait qu’ils ont subsisté sur Mars jusqu’à aujourd’hui remet en question les hypothèses selon lesquelles un environnement exclusivement acide a dominé la planète après leur formation. Elle indique au contraire que différents environnements aqueux ont existé. Plus ces environnements ont été variés, plus il y a eu de chance que l’un ou plusieurs d’entre eux ait favorisé la Vie.
Scott Murchie, chercheur en chef pour le CRISM au Laboratoire de Physique Appliquée de l’Université Johns Hopkins à Laurel, Maryland, déclare: « Nous sommes très satisfaits d’avoir finalement trouvé des carbonates car ils précisent les détails sur les conditions prévalant pendant des périodes spécifiques de l’histoire de Mars ».
Les résultats paraîtront dans le numéro du 19 décembre de la revue Science. Ils ont été annoncés jeudi à l’occasion d’un point fait à San Francisco par l’Union Géophysique Américaine lors de sa réunion d’Automne.
Les carbonates se forment quand de l’eau et du dioxyde de carbone interagissent avec le calcium, le fer ou le magnésium contenus dans des roches volcaniques. Le dioxyde de carbone de l’atmosphère est emprisonné par les roches. Si tout le dioxyde de carbone contenu dans les carbonates terrestres était libéré, notre atmosphère serait plus épaisse que celle de Vénus. Certains chercheurs pensent qu’une atmosphère épaisse, riche en dioxyde de carbone, a permis à l’ancienne Mars de rester chaude et qu’elle a ainsi permis à l’eau liquide de couler en surface suffisamment longtemps pour creuser les réseaux fluviaux que l’on observe aujourd’hui.
« Les carbonates que le CRISM a observés sont davantage de nature régionale que planétaire et ils sont par conséquent trop peu abondants pour que leur dioxyde de carbone puisse contribuer suffisamment à la formation d’une atmosphère épaisse » dit Bethany Ehlmann, principal auteur de l’article et l’un des membres de l’équipe du spectromètre de Brown University (Providence, Rhode Island).
« Bien que nous n’ayons pas trouvé les types de dépôts de carbonates qui auraient pu capturer une ancienne atmosphère, » dit Ehlmann, « nous avons trouvé la preuve que ce n’est pas la totalité de Mars qui a connu un environnement intensément acide et décapant il y a 3,5 milliards d’années comme on en avait précédemment fait l’hypothèse. On a trouvé au moins une région qui était potentiellement plus accueillante à la vie ».
Le rapport des chercheurs indique clairement la présence de carbonates dans les couches rocheuses entourant le bassin d’impact d’Isidis (1.489 km) qui a été formé il y a 3,6 milliards d’années. Les roches les plus visibles se trouvent le long d’un complexe de fosses d’effondrement appelé Nili Fossae qui a 666 km de long, au bord de ce bassin. Il y a dans cette zone des roches enrichies d’olivine, un minéral qui peut réagir avec de l’eau pour former des carbonates.
Photo :Les carbonates, qui témoignent d’une histoire géologique humide et non acide, se trouvent dans de petites taches de roches exposées apparaissant en vert dans cette représentation en fausses couleurs d’une zone d’environ 20 km de large sur Mars.
Credit image: NASA/JPL/JHUAPL/MSSS/Brown University
Selon Sue Smrekar, responsable scientifique adjointe du satellite au JPL (Pasadena, Californie), « cette découverte de carbonates dans une strate rocheuse intacte, au contact avec des argiles, est un exemple des détails d’environnements distincts que peuvent révéler les observations conjointes du CRISM et de la caméra télescopique embarquée sur le MRO ».
La sonde Phoenix de la NASA a découvert des carbonates dans des échantillons de sol. Les chercheurs en avaient précédemment trouvé dans des météorites martiennes tombées sur Terre et dans les poussières martiennes de l’atmosphère observées depuis l’orbite. Cependant, les poussières dans l’air et au sol peuvent résulter d’un mixage de particules en provenance de nombreuses régions. Par conséquent l’origine de ces carbonates n’était pas claire. Les toutes dernières observations montrent que des carbonates peuvent s’être formés pendant de longues périodes sur la Mars primitive. Elles indiquent aussi les endroits précis ou les futurs rovers et atterrisseurs pourraient chercher des preuves possibles d’ancienne vie.
C’est le Laboratoire de Physique Appliqué qui a mené l’effort de réalisation du CRISM. Il gère l’instrument en coordination avec une équipe de chercheurs internationaux provenant des universités, du gouvernement américain et du secteur privé. JPL, un département de l’Institut Californien de Technologie (« Caltech ») à Pasadena, gère la mission MRO pour le compte de la Direction des missions scientifiques de la NASA à Washington. Lockheed Martin Space Systems, Denver, est le contractant principal pour le projet. C’est la société qui a construit la sonde spatiale. Pour plus d’information sur MRO, vous pouvez visiter le site http://www.nasa.gov/mro .
Commentaire :
On a enfin trouvé des carbonates sur Mars et ainsi prouvé que l’environnement martien, dans certaines régions, a pu rester favorable à la vie pendant une période beaucoup plus longue qu’on ne l’avait espéré.
A chaque étape de l’exploration martienne, on progresse ainsi. Mars apparaît souvent décevante au premier abord et puis, en y regardant de plus près, on constate que son histoire géologique n’a pas été aussi pauvre que cela et que les conditions environnementales pour la vie ne sont pas complètement négatives. Il ne faut pas commettre l’erreur de considérer Mars comme « une autre Terre » mais il faut quand même la voir comme « une presque Terre » et l’accepter ainsi, avec ses limitations : planète plus petite, planète plus froide, planète n’ayant conservé qu’une atmosphère très tenue mais aussi planète d’un diamètre double de celui de la Lune, planète où l’eau liquide a pu un jour couler et qui l’a conservée sous forme de glace, planète dotée quand même d’une atmosphère dont les éléments sont de surcroît facilement exploitables.
Mars se confirme donc comme l'objectif prioritaire et le plus intéressant du renouveau de l'exploration spatiale par l'homme. Réjouissons nous de l’avoir à portée de nos fusées.
Pierre Brisson
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