Le lancement de la sonde Phobos Grunt par une fusée Zénith a eu lieu à la date prévue, dans la nuit du 8 au 9 novembre à 0h16 heure de Moscou et 21h 16 heure française. Le lanceur a correctement placé sa charge utile de 13,5 tonnes sur une orbite 210/340 km mais l’étage Fregat ne s’est ensuite pas allumé.
Le lancement dans la nuit du 8 au 9 novembre (doc. Roskosmos)
Cet étage Fregat devait, par un premier allumage, élever l’apogée à 4710 km. Le réservoir toroïdal situé à la base de l’étage, alors vide, devait être largué puis un deuxième allumage au périgée devait provoquer l’injection à plus de 11 km/s sur une trajectoire d’échappement à destination de Mars. Fregat devait rester solidaire de la sonde pendant les 10 mois du trajet vers Mars, assurer pendant cette phase les corrections de trajectoire puis, à l’arrivée dans le voisinage martien, diminuer la vitesse de 800 m/s pour assurer la mise en orbite.
Phobos Grunt et l’étage Fregat dans la configuration constituant la charge utile du lanceur Zenith. C’est dans cette configuration que se trouve actuellement Phobos Grunt en orbite terrestre. A la base, le réservoir torique d’ergols devait être éjecté après la première mise à feu. (doc. Roskosmos)
Un étage Fregat présenté lors du salon du Bourget 2003. Les verrues sur les réservoirs sphériques servent à augmenter le volume de ceux-ci. (doc. A. Souchier)
Les sources russes ont indiqué que l’allumage ne s’était pas produit en raison d’un mauvais fonctionnement du système d’orientation de la sonde. Celle-ci s’oriente par rapport aux étoiles pour que l’impulsion délivrée par le moteur fusée s’exerce dans la direction voulue. Des problèmes de dialogue avec l’ordinateur de bord ont aussi été évoqués. La sonde envoie une télémétrie passive qui a probablement permis d’avancer ces hypothèses mais elle se refuse à recevoir des ordres de télécommande.
Compte tenu du freinage exercé par l’atmosphère résiduelle à l’altitude de l’orbite où se trouve la sonde, Phobos Grunt pourrait retomber sur Terre en décembre dans une zone encore non définie entre 52 ° de latitude Nord et 52 ° de latitude Sud.
Phobos Grunt est équipé d’un certain nombre de matériels français : caméras panoramiques et stéréoscopiques, microscopes optique et infrarouge MicrOmega (IAS et du LESIA), spetromètre laser (GSMA et INSU/CNRS) pour le four pyroliseur ainsi qu’un chromatographe en phase gazeuse (LATMOS et LISA/IPSL). Voir http://smsc.cnes.fr/PHOBOS/GP_instruments.htm
D’autres pays d’Europe avaient également fourni des équipements et en particulier la Pologne avec le système de forage.
Il faut espérer que les Américains auront plus de chance avec Curiosity.
La presse a annoncé un peu trop tôt la fni de la mission Phobos-Grunt. L’opération de sauvetage est toujours en cours et la fenêre ne se referme que fin novembre. Tout le monde, c’est-à-dire Russes, Européens et surtout Français, et aussi Américains se mobilisent pour établir une communication avec le vaisseau en orbite basse terrestre.
S’il y avait eu encore la navette un sauvetage aurait-il été possible?