Le 15 décembre Romain Charles, l’équipier français de la mission de simulation Mars 500, a terminé au siège du CNES à Paris, dans la salle de l’espace, le cycle de conférences commencé le 5 décembre à l’ESA Paris (voir http ://www.planete-mars.com/la-conference-de-presse-mars-500-du-5-decembre-a-paris/ et aussi, pour mémoire http ://www.planete-mars.com/une-video-de-12-minutes-sur-la-mission-mars-500/ et http ://www.planete-mars.com/ils-ont-debarque-sur-mars/)
Romain Charles a indiqué qu’une centaine d’expériences avaient été conduites lors de son séjour de 520 jours dans l’installation de simulation de l’Institut des problèmes médicaux de Moscou.
Ces expériences relevaient de trois grands thèmes : psychologie, physiologie, environnement.
Quelques exemples d’expériences psychologiques : un exercice répété de rendez vous de Soyouz avec l’ISS conduit sur simulateur, une conduite de rover martien sur simulateur également, ces deux expériences visant à voir l’évolution des performances cognitives en cours de mission, des auto exercices de cartographie sociale (socio mapping) consistant à se situer par rapport à ses collègues (proximité mentale, niveaux d’échanges), utilisation de lumière bleue pour influencer le rythme circadien, etc…
Dans le domaine de la physiologie ont été conduites des expériences sur le seuil de douleur, la nutrition, les bilans d’absorption de sel des organismes, l’effet du sport sur l’humeur.
Dans le domaine environnemental la pollution par microorganismes de différents types de revêtement muraux a été étudiée.
Romain Charles a insisté sur l’importance des évènements pour maintenir le moral de l’équipe (anniversaires, Halloween, mais aussi panne d’électricité simulée par le contrôle de mission). Les évènements liés à la partie martienne de la mission ont aussi été marquants, l’ouverture du module de descente martien en particulier (le 1er février 2011), mais aussi, bien sûr, la sortie dans le hangar qui comportait un sol martien reconstitué.
Les scaphandres utilisés, de vrais scaphandres, avaient été assouplis et allégés, leur masse étant réduite à 32 kg. Dans le hangar les deux membres d’équipage qui ont pu exécuter trois sorties se sont livrés à différents tests, comme rechercher des masses métalliques au magnétomètre (enfouies au préalable par les organisateurs) ou simuler une chute. Diego Urbina, qui était l’un des deux, a trouvé très grand le hangar d’exercice alors que celui-ci est en réalité de dimensions modestes, simplement par effet de contraste avec les petits volumes dans lesquels ils avaient tous vécu jusque là.
Les contacts entre l’équipe « restée en orbite » et l’équipe « au sol » étaient limités à 10 minutes toutes les deux heures pour restituer ce que seraient ces contacts entre une station en orbite autour de Mars et des astronautes en bas.
La phase de retour a été plus difficile car les expériences étaient toujours les mêmes, la nourriture devenait plus monotone. Lors de l’été 2011, les familles étant en vacances, les contacts se sont un peu espacés et cela a été ressenti.
Les différences culturelles se sont fait sentir en positif ou négatif. En positif par exemple la période de Noël et nouvel an a été très animé avec le Noël et le nouvel an européens, le Noël et le nouvel an orthodoxes, le nouvel an chinois. Du coté négatif, Romain Charles a cité un cas de tension venant du fait qu’en France le repas est aussi un moment où l’on parle ensemble alors que pour un autre équipier on ne parle pas pendant le repas mais après. C’est le seul cas de ce que Romain Charles a qualifié de tension en confirmant qu’il n’y avait pas eu de conflit, les membres de l’équipe ayant été choisis curieux et ouverts et particulièrement sociables.
Sur le degré de liberté par rapport au contrôle de mission, Romain Charles a indiqué que le programme d’activités de la semaine était envoyé la semaine précédente. Les activités à faire un jour donné étaient définies, mais l’équipage avait la liberté de caler les expériences au moment qu’il souhaitait (sauf les opérations de type prise de sang à jeun qui bien entendu étaient conduites dès le lever).
Chacun recevait des informations « de la Terre » assemblées en vidéo par un membre des équipes sol. Romain Charles avait ainsi les informations (en particulier télévision) avec un décalage de 24 h seulement.
Maintenant Diego Urbina et Romain Charles, les deux membres d’équipage envoyés par l’ESA, vont passer plusieurs semaines à rédiger un rapport final sur l’opération sachant que les expériences scientifiques font l’objet d’études et mises en forme séparées de la part des principaux investigateurs.
La conférence de Romain Charles au CNES Paris le 15 décembre 2011
Présentation des installations de simulation de l’Institut des problèmes médicaux de Moscou
Exemple d’évènement festif : Halloween 2010
Parmi les tests d’évaluation cognitive : le pilotage d’un rover martien
Premier février 2011 : l’ouverture du module de descente
Pour mettre l’équipe dans l’ambiance, des vidéos martiennes étaient envoyées par l’équipe sol sur les écrans d’ordinateurs de bord : d’abord une approche de Mars puis comme ici et ci-dessous l’atterrissage du module de descente
Préparatifs de sortie
Et sortie de Diego Urbina et Alexandr Smoleevskiy dans le hangar martien
Pour illustrer la monotonie du retour, Romain Charles a utilisé cette vue du couloir désert de leur habitat.
(docs. A. Souchier)
Pour toutes informations sur la mission Mars 500 voir, en anglais, le site ESA http://www.esa.int/SPECIALS/Mars500/