Le forum spatial autrichien ÖWF a invité à Vienne tous les participants et expérimentateurs de l’opération de simulation de février 2013 au Maroc à présenter les premiers résultats de leurs activités le 25 et 26 mai. Le workshop se tenait dans les locaux de l’université technologique de Vienne qui se trouve sur la célèbre Karl Platz. Le déroulement de ce workshop est présenté dans la suite en images et commentaires. Stephan Gérard et Alain Souchier y ont assisté pour l’association. Les deux présentations effectuées par « Planète Mars » à cette occasion sont téléchargeables ci-dessous (documents en anglais).
Présentation générale de l’association et de son action :
Présentation des résultats des essais du Véhicule de Reconnaissance de Paroi lors de Mars2013 :
L’université technologique de Vienne
Les participants du workshop de Vienne
Ouverture du workshop par Gernot Groemer le responsable du forum spatial autrichien. 500 h d’activités en scaphandre analogue (EVAs) ont été réalisées lors de Mars2013. Un programme d’étude de la contamination, en coopération avec le JPL a été déroulé. Il avait commencé à Dachstein en avril 2012. La contamination est étudiée dans les deux sens : astronautes vers échantillons et échantillons vers astronautes.
Csilla Orgel a présenté l’entrainement géologique qu’avaient reçu les « astronautes analogues » avant la mission (avec examens ensuite). Sur le terrain les descriptions géologiques ont été bonnes mais les interprétations souvent approximatives voire erronées. Un entrainement géologique plus poussé est à prévoir pour les futures opérations.
Sebastian Hettrich, l’un des responsables de la planification, a expliqué comment le processus de planification a fonctionné pendant la mission. Le processus est entré en mode de fonctionnement rodé à partir du 11 février. Une certaine autonomie d’action qui avait été laissée à l’équipe de terrain n’a pas vraiment été utilisée, semble-t-il. Il est à noter que l’organisation, la planification, le pilotage des activités, en incluant la composante télécommunication, constituent l’un des objectifs expérimentaux de ce type de simulation au même titre que les expériences technico-scientifiques effectuées sur le terrain.
Cette planche présente, expérience par expérience, le taux d’atteinte des objectifs (graduation par 20%).
Le nombre d’heures d’EVA journalières, pour les deux scaphandres Aouda X et S est comparé aux prévisions.
Izabela Golebiowska insiste sur le rôle fondamental des cartes dans l’exploration de terrain.
Le travail sur les cartes n’a vraiment pris de l’ampleur qu’après la répétition de décembre à Innsbruck. A l’avenir il faudra que les cartes soient disponibles pour les séances de préparation.
Lors de la première séance du samedi après midi, Gernot Groemer et Csilla Orgel animent une séance d’analyse sur la géologie de la région d’Erfoud en confrontant aux retours de terrain. A noter que 17 sites ont été visités avant de choisir celui sur lequel l’opération de simulation a eu lieu. Les astronautes analogues n’ont pu aller prélever des échantillons sur les Kess Kess, les volcans de boue, car ils sont cernés de débris qui rendent l’approche impraticable en scaphandre.
L’une des vues transmises par la caméra interne du scaphandre Aouda X
La falaise verticale noire (avec surplomb en bas) au centre de l’image, est celle sur laquelle Gernot Groemer en scaphandre Aouda S a réalisé les essais 97 à 100 du Véhicule de Reconnaissance de Paroi de l’association, le « cliffbot », le 6 février 2013.
Alexandre Soucek a présenté les résultats de l’expérience Delta qui consiste à comparer les temps mis exécuter à certaine tâches par un opérateur sans scaphandre et avec scaphandre. 413 tâches (dont plusieurs fois la même) ont été chronométrées dont 182 avec scaphandre et 231 sans. La durée moyenne d’une opération en scaphandre est multipliée par 1,33 mais ce coefficient dépend de la délicatesse de la tâche à accomplir. Il est de 1,1 pour la marche et de 1,6 quand il faut utiliser les doigts.
Le docteur Thomas Lueger a donné les résultats des analyses de stress et de dynamique de groupe, conduites aussi bien sur le terrain que dans le centre de support de mission d’Innsbruck. Curieusement il y a eu plus de stress au centre de mission que sur le terrain lors de la première semaine ; le fait que le nombre de personnes impliquées dans le centre de mission soit plus élevé que le nombre de personnes sur le terrain y est probablement pour beaucoup, de même que la constitution tardive de l’équipe. Une autre conclusion : il faut programmer des heures et des jours de repos à des moments non soumis à variations aléatoires.
A. Stadler a ensuite donné les résultats de l’analyse statistique d’incidents corporels survenus sur le terrain : 1,7 incident par 100 h et par personne (1,4 de trauma et 0,3 de maladie). Les trauma sont classés selon des critères de gravité NACA de 1 (faible) à 7 (mort), mais Mars2013 s’est fort heureusement limité au niveau 3.
Csilla Orgel et Sebastian Hettrich ont ensuite dévoilé le projet de mission de simulation sur un glacier rocheux, semblable à ceux que l’on pense exister sur Mars. Après une reconnaissance lors de l’été 2013, la mission de 14 jours dont 10 jours en simulation, aurait lieu à l’été 2014. Elle permettrait de préparer la mission prévue ultérieurement dans l’Arctique. L’objectif de la nouvelle simulation prévue sur le glacier rocheux d’Otztal, aura pour but d’améliorer l’efficacité des opérations sur le terrain, efficacité qui a été jugée trop faible lors de Mars2013. L’accent sera mis sur les expériences de caractérisation du sous sol (radar de sondage, forages).
En fin d’après midi du samedi, une téléconférence a eu lieu avec les participants de la manifestation « Space Up » accueillie cette année dans les locaux de l’ESA à Paris (image sur l’écran à gauche). Le lendemain dimanche, Richard Heidmann y représentait l’association. Puis en clôture de cette première journée, Gernot Groemer a indiqué que la « Space Week » du 4 au 10 octobre aura pour thème « Exploring Mars/Discovering Earth ». La Space Week est une manifestation annuelle avalisée par l’ONU. La Mars Society a demandé à l’ÖWF de contrôler une mission dans l’habitat de simulation MDRS depuis le centre de support d’Innsbruck, cette mission étant prévue justement lors de la Space Week.
La session du dimanche a commencé par la présentation de la détection de grottes par mesure d’inertie thermique. Cette expérience a été réalisée au Maroc lors de Mars2013.
Le nombre de grotte détectées sur Terre (en bleu celles de plus de 500 m de profondeur, en rouge celles de plus d’un km) ne cesse de croître sur Terre depuis les années 60-70. On estime la longueur totale des grottes terrestres à 10 millions de km. Sur Mars elles constitueraient des zones intéressantes aussi bien pour l’implantation d’habitats que pour la recherche de traces de vie d’où la question de leur détection.
Sur ces images infrarouge, avant le lever de soleil (en haut), une grotte est plus chaude que l’environnement, après le lever de soleil (en bas), l’écart s’inverse. La thermographie infrarouge permettra l’identification des grottes à grande distance en effectuant un balayage du panorama. Le Véhicule de Reconnaissance de Paroi de l’association a été envoyé en exploration dans la grotte figurant sur ces images.
Gernot Groemer a présenté l’expérimentation sur la contamination, qui utilise comme traceurs des microbilles de Terbium. Les microbilles sont mises sur le scaphandre et leur transfert sur les échantillons collectés est analysée. Après éclairage laser dans une fréquence précise, le terbium est luminescent sur quelques microsecondes et peut donc être identifié. Tous les résultats ne seront disponibles qu’en décembre prochain.
G. Hudoba a indiqué que la station hongroise de collecte de données a envoyé 619 relevés lors de la mission.
Après un résumé des évolutions du Véhicle de Reconnaissance de Paroi depuis 2001, Alain Souchier a affiché les résultats de la campagne d’essai Mars2013. (Doc. S. Gerard)
L’équipe de l’université de Vienne qui a fourni l’abri de secours déployable, a sorti un livret (encadré en haut à droite) détaillant les différents concepts étudiés et les résultats de l’utilisation lors de la simulation.
Voila ce à quoi devrait ressembler l’habitat opérationnel. 25 étudiants ont travaillé sur le projet. Le matériel essayé au Maroc était le troisième prototype.
Un médecin du bureau des astronautes de l’ESA (au centre) a revu le projet et émis 11 recommandations sur les équipements à prévoir.
Tous les sponsors du rover hongrois Puli. Un centre de contrôle avait été établi à Budapest et le maire de la ville a pu télécommander les évolutions de l’engin sur le terrain au Maroc.
(Docs. A. Souchier sauf mention contraire)