Depuis l’accord entre NASA et ESA de 2009 l’avenir de l’exploration robotique européenne de Mars semblait clair et consolidé par la coopération avec les USA. Mais dans le spatial comme ailleurs rien n’est jamais acquis tant qu’une mission n’est pas achevée et réussie. Le 20 avril le directeur scientifique de l’ESA, David Southwood a annoncé l’arrêt – momentané – des activités sur Exomars. On se souvient que l’accord ESA NASA portait finalement sur deux missions. La première en 2016 prévoyait le lancement, au moyen d’une fusée Atlas 5 US, d’un orbiteur européen et d’un démonstrateur, également européen, d’atterrisseur martien. L’Europe n’a en effet jamais réussi d’atterrissage en douceur sur Mars, la seule tentative avec Beagle 2, passager anglais de la sonde Mars Express, ayant échoué en 2003 alors que Mars Express se satellisait avec succès autour de Mars et continue encore avec brio sa mission. Cette mission 2016 ne semble pas affectée par la décision NASA de revoir le programme, décision communiqué à l’ESA le 29 mars au JPL. C’est en effet la deuxième mission, celle de 2018 qui est concernée. Cette mission prévoyait le lancement, toujours par un lanceur US d’une sonde qui aurait déposé deux rovers sur Mars, l’un européen, l’autre américain. Maintenant pour des raisons d’incertitudes budgétaires, la NASA propose un rover unique développé en commun qui aura l’avantage d’être plus gros. L’ESA vise d’avoir une meilleure visibilité début mai sur le nouveau projet, en particulier sur le plan budgétaire, afin de proposer une décision aux états impliqués dans les missions Exomars vers fin mai.
Il semble probable que l’activité américaine concernera le système d’atterrissage proche de celui du rover MSL dont le lancement est programmé à la fin 2011 (système d’atterrissage Skycrane ou « grue du ciel »). L’Europe se concentrera sur le rover qui gardera son système de forage profond nécessaire pour remplir l’objectif de recherche de traces de vie. A la demande américaine le rover devrait aussi comprendre un volume de stockage d’échantillons, ceux-ci étant conservés dans la perspective d’un rendez-vous ultérieur avec un engin qui rapporterait ces échantillons sur Terre.
Maquette du rover Exomars au salon du Bourget 2009 dans le pavillon ESA. (doc. A. Souchier)
Du coté européen le programme faisait aussi face à des difficultés budgétaires puisque le prix affiché par les industriels début février pour les deux missions dépassait de 40% l’objectif ESA de 575 millions d’euros, chiffre qui n’inclut pas les opérations martiennes. Le programme semble maintenant revenu dans l’enveloppe financière mais la décision de reprise des activités est attendue avec anxiété car la date du lancement de la première mission de 2016 approche.