Quand ils arriveront sur Mars, les astronautes ne manqueront pas d’eau !
Une recherche publiée récemment dans les Geophysical Research Letters par Cassie Stuurman (Institute of Geophysics, University of Texas) et al. analyse des données recueillies par SHARAD, le radar embarqué par Mars Reconnaissance Orbiter, pour pénétrer le sous-sol immédiat de Mars.
Figure 1 du document de recherche.L’image du haut montre la surface de la couche de glace souterraine (1 million de km2). l’image du bas montre la surface sondée par SHARAD (375.000 km2).
Il en ressort que sur les bords d’Utopia Planitia, dans les Basses Terre du Nord, tout près des Hautes Terres du Sud, à des latitudes moyennes (40° à 50° de latitude Nord) se trouve un énorme inlandsis de glace d’eau, d’au moins 14300 km3 étendus sur 375000 km2 (épaisseur de 80 à 170 mètres), sous une couche de régolite très fine, puisqu’elle ne devrait pas dépasser un à deux mètres. Il ne s’agit pas d’eau pure car elle est mélangée à de la poussière volcanique mais la teneur en eau est élevée (50 à 85%). C’est énorme !
L’attention des chercheurs avait été attirée par un relief de mesas, dans un paysage périglaciaire, avec notamment des craquelures polygonales, des dépressions festonnées e des cratères entourés de coulées de boue. SHARAD a identifié dans cette zone une diélectricité élevée, caractéristique de l’eau.
Une explication possible serait un dépôt de glace pendant l’Amazonien tardif, simultané à une éruption volcanique, en raison d’un changement d’inclinaison de l’axe de rotation de la planète sur l’écliptique. Le caractère récent se déduit du faible nombre de cratère, de la fraicheur du relief et de l’absence d’écoulement important qui prouve que l’atmosphère était déjà très ténue.
Les chercheurs estiment que l’inlandsis pourrait être beaucoup plus étendu car ce type de relief se prolonge sur une surface de quelques 1000000 de km2. Mais pour le moment la généralisation ne peut être confirmée puisque SHARAD n’a pas examiné la zone sur cette superficie.
Trois conséquences sont à tirer de cette découverte :
(1) Les Basses Terres du Nord confirment leur vocation à être l’exutoire des eaux des Hautes Terres du Nord ou le réceptacle de l’eau en suspension dans l’atmosphère, du fait de son altitude basse ;
(2) Les astronautes n’auront vraiment pas de difficulté à se procurer de l’eau sur Mars ;
(3) Il peut y avoir un peu d’eau liquide sous la glace, ce qui comme chacun sait favorise les échanges biologiques.
Pierre Brisson
Source : Geophysical Research Letters, ‘SHARAD detection and characterization of subsurface ice deposits in Utopia Planitia, Mars” doi:10.1002/2016GL070138, publié le 29 septembre 2016.
image à la Une: Figure 1 du document de recherche ci-dessus. carte de la zone examinée par SHARAD (zone rayée)
image ci-dessous: photo ESA montrant l’effet de l’impact d’un astéroïde sur le terrain. Vous voyez l’éclaboussement de boue causé par l’impact et la trace de l’écoulement d’eau qui s’en est suivi (fausses couleurs!).
Bonjour j’ai lu que le régolite protégeait la glace de la sublimation du fait de la faible pression atmosphérique ce que je comprends. j’ai lu aussi que la majeur partie de l’eau de mars aurait été détruite en haute altitude,du fait de l’absence de champs magnétique, par les rayons… que l’atmosphère était saturé en vapeur d’eau qui régulièrement était détruite par les vents solaire.
Voici ma question: les nuits étant extrêmement froide (-90 ° C) Une majeur partie de la vapeur d’eau n’est elle pas condensée pendant la nuit et donc retombant sous forme de glace est protégée par la destruction dans les hautes sphère? (je ne connais pas le diagramme pression température par coeur) Ce qui expliquerai les grandes quantité de’au découverte et même peut être une mésestimation des quantités d’eau sur mars? merci
Cordialement A. Reboul
Oui une majeure partie de l’eau a été perdue dans l’espace (sous forme dissociée en oxygène et hydrogène). Il reste cependant beaucoup d’eau dans l’atmosphère, relativement du moins, du fait de la sa ténuité. Certes la nuit qui permet souvent la formation de givre, limite probablement les pertes mais (1) les radiations solaires (qui peuvent être les plus violentes du fait de leur intensité) ne frappent pas pendant la nuit; (2) le sol ne peut accepter plus d’eau qu’il n’en contient du fait de la pression atmosphérique qui baisse avec le jour et de l’intensité du rayonnement pendant le jour. Les grandes quantité d’eau constatées sous le sol proviennent plutôt d’épisodes exceptionnelles de fonte massive de glace des pôles lors de changement d’obliquité de l’axe de rotation.