Plus de 30 ans séparent ces deux clichés de la surface de Mars. Le premier provient de la sonde Phoenix Mars Lander, posée sur Mars depuis le 26 mai 2008 et actuellement en opération dans Vastitas Borealis et le second provient de la sonde Viking Lander 1, posée dans Chryse Planitia depuis le 3 juillet 1976.
30 ans, soit plus d'une génération. Plus qu'un symbole, on peut se poser légitimement la question de savoir quels sont les progrès accomplis dans la connaissance de Mars durant cette période de temps. Car si ces deux clichés se ressemblent (ce qui n'est en fait pas étonnant), ils trahissent tout de même des avancées scientifiques sans précédent !
L'un des pieds de la sonde Phoenix Mars Lander.
L'un des pieds de la sonde Viking Lander 1.
En fait, en 30 ans notre vision de la planète Mars a radicalement changé. L'ensemble des connaissances accumulées au sol mais aussi depuis l'orbite dans toutes les disciplines de la planétologie comparée, constitue une véritable encyclopédie de la planète rouge. Certes incomplète, mais bien plus précise que jamais auparavant. Si nous n'avons pas de réponses à des questions majeures plus ou moins légitimes d'ailleurs concernant Mars, nous en avons beaucoup par ailleurs sur des sujets considérés à tort comme secondaires, et qui ne le sont en fait pas du tout.
Evidemment, il manque encore de grands chapitres dans l'Histoire de la planète, mais la Science martienne est bel et bien en marche et c'est l'essentiel. Et même en marche à grande vitesse puisque l'on peut affirmer que la science lunaire s'est brutalement arrêtée avec Apollo 17 et qu'elle n'a que très récemment reprise…
Pour Mars, impossible de comparer la fantastique moisson scientifique des missions Viking avec la laborieuse tentative Phoenix. De même, si Pathfinder n'a pas révolutionné notre vision de Mars… il a contribué à tenir en haleine un grand public désireux d'avoir de très fraîches informations, via Internet notamment.
Non, les grandes connaissances sont surtout venues du ciel, en couplant les observations des Mars Global Surveyor, Mars Odyssey et Mars Express. Spirit, Opportunity et Mars Reconnaissance Orbiter n'ont fait "que" préciser les choses, confirmer sur le terrain les éléments télédétectés.
Pourtant, il faut bien l'avouer, c'est aussi grace aux échecs de très nombreuses missions martiennes que l'on a apprit à approcher Mars, à savoir l'observer, à l'appréhender voire à l'apprivoiser. Si l'on ne peut oublier les essais soviétiques, japonais et britannique, les américains ont également payé un lourd tribu en missions perdues… Et sans être les maîtres absolus dans l'art de poser une sonde sur Mars ou de s'y mettre en orbite, il faut bien reconnaître qu'ils ont acquis à ces exercices, une très grande technicité.
Alors voilà, 30 ans séparent ces deux clichés et l'on a presque l'impression de n'avoir pas avancé, d'avoir "simplement" délégué à quelques robots toujours plus sophistiqués, toujours plus spécialisés, toujours plus fragiles… des taches que l'on aurait pu accomplir in-vivo et in-situ, infiniment plus vite et de manière plus efficace ! Eternel débat voire combat, entre l'homme et la machine… qui ne sont finalement pas encore prêts à collaborer !
Les toutes prochaines missions robotiques vers Mars, certes fascinantes, seront déterminantes pour la suite et à vrai dire, à double tranchant :
– ou bien les décideurs poursuivront une stratégie d'exploration automatique sans prendre plus de risque comme cela l'a été depuis 30 ans,
– ou bien ils stopperont l'exploration de Mars pendant plusieurs décennies (cela s'est déjà produit entre Viking et Mars Observer, mais aussi comme cela s'est produit pour l'exploration de la Lune et de Vénus),
– ou bien encore ils décideront la grande enjambée !
Des trois scénarios, c'est biensur le troisième que nous soutiendrons !
© Texte : Gilles Dawidowicz/APM.
© Images : NASA/JPL-Caltech/University of Arizona/Texas A&M University et DR.