Le 29 septembre 2019, finalement annoncée à 3h (heure française), présentation par Elon Musk, à Boca Chica (Texas), de l’état de développement du vaisseau interplanétaire Starship, devant le premier prototype grandeur réelle (9m de diamètre !), dont les essais en vol devraient commencer avant fin 2019. A voir en direct (ou en replay) sur
https://www.spacex.com/webcast
La vitesse de réalisation de ce premier exemplaire, annoncé comme étant capable d’un vol orbital, a été stupéfiante. Espérons que cette performance ne se paiera pas au prix d’un échec en vol. A noter qu’un deuxième exemplaire est en cours de finition en Floride, et permettrait dans ce cas une réaction rapide.
Cette image révèle la conception originale des voilures, dont la mobilité autour d’axes longitudinaux devrait permettre à la fois d’obtenir un effet de portance accrue pendant la rentrée (fonction aile), puis de guider la phase terminale de descente, en mode » parachutiste en chute libre » (surfaces face au vent), enfin de modifier la position du centre de poussée aérodynamique en phase d’atterrissage (du type Falcon 9) pour assurer un centrage optimal du point de vue stabilité. Par ailleurs, ces ailerons accroissent la surface de freinage, ce qui réduit le flux thermique à encaisser. Enfin, tout comme le ventre du vaisseau, leur réalisation en acier inoxydable et réfractaire leur permettrait de monter à des températures voisines de 800°C, en faisant des radiateurs efficaces pour dissiper la chaleur du freinage aérodynamique (en effet, la puissance rayonnée varie comme la puissance 4 de la température !).
J’ai quand même l’impression que les différentes versions proposées jusqu’à celle-ci témoignent que le projet initial était mal cerné. On est passé d’un engin massif avec boostback et posé en rétropropulsion à des versions moins volumineuses avec aérofreins, puis une version Tintin, puis plans canard et augmentation des surfaces. On sait que Musk répugne l’utilisation de voilures car considérées comme poids mort, mais il se résout au recours à des surfaces variables comme contrôle d’attitude et les plans canards montrent un soucis de centrage des masses. La rétropropulsion n’intervient qu’au final pour le posé au prix d’une acrobatique figure pour se remettre vertical. Ouf! Du coup était-il pertinent de partir sur un vaisseau type « fusée », avec une géométrie verticale, moteur en bas, réservoirs au dessus, charge utile en haut? Pas assez de poids dans les hauts donc recours à des artifices aérodynamiques, problèmes pour débarquer la charge utile sur Mars ou la Lune, problèmes de stabilité avec des pieds étroits sur des sols pas forcément très plans (Lune/Mars). Il aurait peut-être été plus judicieux de partir sur une forme à corps portant comme les premiers dessins de l’APM d’ailleurs, car la problématique n’est pas la même entre un « simple » lanceur suborbital réutilisable et un vaisseau de transport de charge évoluant à vitesse orbitale. Le corps portant c’est une grande surface ventrale pour l’aérobracking, meilleure dissipation thermique, une portance minimale, meilleur centrage avec la partie habitable/charge utile au centre du véhicule, un posé vertical soutenu par les moteurs raptor après un bel arrondi mais vaisseau horizontal, voire posé roulé sur piste en cas d’urgence, meilleure stabilité sur sol Martien, facilité de débarquement. On ne sait pas vraiment comment les choix sont arbitrés, c’est dommage, donc faisons confiance à SpaceX.