Hephaestus Fossae est une région située à 20,9°N par 122,5°E et s'étend sur près de 600 km à l'Ouest d'Elysium Mons, dans la région d'Utopia Planitia. Et c'est grâce à la caméra exceptionnelle de la sonde Mars Express, que l'on découvre un paysage à couper le souffle, véritable cas d'école de la planétologie comparée. L'image date du 28 décembre 2007 et couvre une zone d'environ 170 x 80 km.
L'image HRSC dans son contexte.
Il s'agit en effet d'une zone à la géomorphologie très complexe, où se mêlent des phénomènes géologiques très différents et totalement non liés les uns aux autres, même si on pourrait penser dans certains cas, le contraire.
Description générale
Nous sommes dans une région relativement plane, aux reliefs globalement peu accentués. La surface est constellée de petits et moyens cratères d'impact, pour la plupart relativement bien conservés. Il est notable de constater que seuls les très gros de ces cratères possèdent des ejecta lobés, traduisant la présence d'éléments volatils en profondeur. Ces petits et moyens impacts font entre 800 et 2800 mètres de diamètre. Par ailleurs, une myriade de tout petits cratères d'impact emboutie le paysage de manière assez uniforme. Il est possible que nombre de ces petits impacts soient en fait des impacts secondaires. Mais rien n'est certain…
Dans ce paysage, un cratère d'impact particulièrement important se détache. Il mesure près de 20 km de diamètre et couvre une surface d'environ 150 km². Ses ejectas sont splendides. Toute la structure est remarquablement bien conservée. Il possède des remparts intacts. Il possède un piton central proéminent lui aussi bien apparent et bien conservé. Enfin, on observe sur ses parois internes des phénomènes de mouvements de masses très importants, ainsi d'ailleurs que des écoulements qui pourraient être des ravines. Ce cratère a lui tout seul mériterait d'être décrit et étudier un long moment…
Le cas général ne serait pas somptueux, si cet impact n'oblitérait pas un chenal fluviatil de belle importance. C'est le troisième ensemble du paysage. Il s'agit en effet d'une vallée de type "outflow" qui s'est écoulée dans la région, la barrant par le travers, du Sud-Ouest en Est.
Au Sud-Ouest, la vallée présente un chenal assez peu calibré, dont le cours méandre et se trouve agrémenté d'îles de belle importance. Il y a également des cratères d'impact sur le plancher du chenal, mais ils semblent moins nombreux et surtout beaucoup plus dégradés qu'aux alentours, sur la plaine environnante…
A l'Est, la vallée se complique. Si elle présente bien un chenal principal sur l'essentiel de son cours, il est en revanche accompagné d'un vaste système bien plus complexe d'affluents de plus petites tailles et très calibrés. Le chenal principal possède également de très nombreuses îles sur son plancher. Enfin dans la partie la plus orientale du cliché, le réseau hydrographique se complexifie encore, en se densifiant brusquement au Nord à la manière d'une delta, et en disparaissant progressivement sous terre au Sud pour réapparaître plus loin sous la formes d'effondrements.
L'image HRSC complète, à moyenne résolution.
Vue oblique de la région orientée vers le Sud-Sud/Ouest.
Vue oblique du cratère orientée vers le Sud-Sud/Ouest.
Le cratère en oblique, à haute résolution.
On ne saurait expliquer l'origine et la nature exactes de cette vallée fluviale, tant elle offre un tracé pour le moins particulier. La seule certitude, c'est que le cratère d'impact de 20 km lui est postérieur. Rien ne permet de dire si lors de la formation de l'impact, la vallée fonctionnait ou non, mais il semble bien qu'il y ait des évidences pour affirmer que des écoulements ont eu lieu dans la vallée, au contact des ejecta, après leur mise en place. Peut-être qu'un vaste drainage de l'ensemble s'est produit peu après. Il faudrait une étude détaillée des clichés très haute résolution pour en avoir la certitude…
© Texte : Gilles Dawidowicz/APM.
© Image : ESA/ DLR/ FU Berlin (G. Neukum).