La conférence de presse de la NASA sur les résultats d’analyse du premier forage de Curiosity a eu lieu comme prévu le 12 mars. Ces résultats ont été fournis par les instruments SAM et CheMin. La roche est formée de mudstone (c’est le même mot en anglais et en français, littéralement « roche de boue ») à grain fin contenant de l’argile et des sulfates. Il est intéressant de noter que les géologues responsables de l’analyse affichent que ce prélèvement, effectué dans d’anciens alluvions d’écoulement, traduit un environnement qui n’était pas spécialement oxydant, acide ou salé, c’est-à-dire dans un milieu aqueux que l’on pourrait qualifier d’eau douce. L’argile qui traduit une longue action de l’eau sur des roches ignées telle que l’olivine, compose au moins 20% de l’échantillon.
Deux exemples de roches formées dans un environnement aqueux sur Mars. A gauche la roche « Wopmay » vue par Opportunity dans le cratère Endurance et dont l’analyse a montré qu’elle s’était formée dans un environnement aqueux très acide et très salé peu propice à une vie microbienne. A droite la roche « Sheepbed » dans Yellowknife Bay vue par Curiosity. Les analyses de la zone indiquent une formation en PH neutre (eau ni acide ni basique) et en faible salinité. (Doc. NASA/JPL-Caltech/Cornell/MSSS)
Voir (en anglais) : http://www.jpl.nasa.gov/news/news.php?release=2013-092&cid=release_2013-092 et http://www.jpl.nasa.gov/spaceimages/details.php?id=PIA16833
Voir également (en français) :
http://www.leparisien.fr/sciences/curiosity-la-vie-sur-mars-a-pu-exister-12-03-2013-2635809.php
http://www.20minutes.fr/sciences/espace/1117071-20130312-robot-curiosity-mars-pu-abriter-vie-passe
http://www.lepoint.fr/science/nasa-il-y-a-peut-etre-eu-de-la-vie-sur-mars-12-03-2013-1639137_25.php
http://www.europe1.fr/International/L-idee-d-aller-sur-Mars-est-relancee-1445811/
Le communiqué de la NASA, traduit en français par Pierre Brisson, figure ci-dessous :
Première analyse de roche par les instruments SAM et CheMin
PASADENA, Californie – L’analyse d’un échantillon de roche recueilli par le rover Curiosity de la NASA montre que l’ancienne Mars aurait pu permettre la vie microbienne.
Les scientifiques ont identifié le soufre, l’azote, l’hydrogène, l’oxygène, le phosphore et le carbone (quelques-uns des ingrédients chimiques essentiels pour la vie) dans la poudre d’une roche sédimentaire forée par Curiosity à proximité d’un lit de rivière ancienne dans le cratère Gale sur la planète rouge le mois dernier.
« Une question fondamentale pour cette mission est de savoir si Mars aurait pu offrir un environnement habitable », a déclaré Michael Meyer, chercheur en chef pour le programme d’exploration de Mars de la NASA au siège de l’agence à Washington. « D’après ce que nous savons maintenant, la réponse est oui. »
Des indices de cet environnement habitable proviennent de données envoyées par les instruments du rover SAM (« Sample At Mars ») et CheMin (« Chemistry and Mineralogy »). Ces données indiquent que la région de Yellowknife Bay que le rover est en train d’explorer est l’extrémité d’un cours d’eau ou l’ancien lit d’un lac, humide par intermittence, qui aurait pu fournir de l’énergie chimique et d’autres conditions favorables à la vie de microbes. La roche est constituée d’une « mudstone » (ndt : roche sédimentaire composée d’argile ou de boue) à grains fins contenant des minéraux argileux, des sulfates et d’autres éléments chimiques. Ce milieu humide ancien, contrairement à d’autres sur la planète Mars, n’était pas fortement oxydant, acide ou extrêmement salé.
La roche où Curiosity a foré son premier échantillon se trouve dans un ancien réseau de rivières descendant du bord du cratère Gale. Le socle rocheux est aussi constitué de mudstone fine et montre des signes de multiples périodes humides, y compris des nodules et des veines.
Le foret de Curiosity a obtenu son l’échantillon sur un site se trouvant à quelques centaines de mètres de l’endroit où le rover avait précédemment (en Septembre 2012) trouvé un cours d’eau ancien.
« Les minéraux argileux représentent au moins 20 pour cent de la composition de cet échantillon », a déclaré David Blake, PI (responsable scientifique) de l’instrument CheMin au Ames Research Center de la NASA, Moffett Field, Californie.
Ces minéraux argileux sont un produit de la réaction d’eau relativement douce avec des minéraux ignés, telles que l’olivine, également présents dans les sédiments. La réaction a pu avoir lieu dans le dépôt sédimentaire, au cours du transport des sédiments, ou dans la région d’origine du sédiment. La présence de sulfate de calcium avec l’argile donne à penser que le sol était neutre ou légèrement alcalin.
Les scientifiques ont été surpris de trouver un mélange d’éléments chimiques oxydés, moins oxydés, et même non oxydés, fournissant un gradient énergétique tel qu’exploité pour vivre par de nombreux microbes sur Terre. Cette oxydation partielle a été suggérée dès que les poussières de forage se sont avérées grises plutôt que rouges.
«La gamme d’éléments chimiques que nous avons identifiés dans l’échantillon est impressionnante. Elle suggère des couples tels que des sulfates et des sulfures qui pourraient être une source d’énergie chimique pour des micro-organismes», a déclaré Paul Mahaffy, PI du groupe d’instruments SAM, au Goddard Space Flight Center à NASA, Greenbelt, Maryland.
Un échantillon foré supplémentaire sera utilisé pour aider à confirmer ces résultats pour plusieurs des gaz à l’état de traces analysés par l’instrument SAM.
«Nous avons caractérisé une très ancienne, mais étrangement nouvelle « Mars la Grise », où les conditions étaient jadis favorables à la vie », a déclaré John Grotzinger, scientifique de la mission Mars Science Laboratory (« MSL ») à l’Institut de technologie de Californie, Pasadena, Californie. « Curiosity est sur une mission de découverte et d’exploration et toute l’équipe estime qu’il existe encore de nombreuses découvertes excitantes qui nous attendent dans les mois et les années à venir. »
Les chercheurs envisagent de continuer à travailler avec Curiosity dans la zone de «Yellowknife Bay » pendant encore de nombreuses semaines avant d’entreprendre un long trajet vers le mont central du cratère Gale, nommé (ndt : par les Américains) le mont « Sharp ». L’étude de l’empilement des couches géologiques exposées sur le mont Sharp où des minéraux argileux et des sulfates ont été identifiés à partir de l’orbite martienne, peut ajouter des informations sur la durée et la diversité des conditions d’habitabilité.
La mission MSL de la NASA utilise Curiosity pour rechercher si une zone à l’intérieur du cratère martien Gale a jamais offert un environnement favorable à la vie microbienne. Curiosity, avec à son bord 10 instruments scientifiques, a atterri il y a sept mois pour une mission de deux ans au moins. Le JPL de la NASA à Pasadena, Californie, gère la mission pour le compte de la Direction des missions scientifiques de la NASA à Washington.
Les produits détectés par SAM, cohérents avec la signature de l’argile. Voir, en anglais, http://marsprogram.jpl.nasa.gov/msl/multimedia/images/?ImageID=5125&NewsInfo=59C884BFF2B8E0EFCDDC0BB94F94BA55AC4A8F9603007ADCC24950FE
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ACFCF007BCE2805CBFB4ADE00C9D3D20A0DC4DBA97684A789FBBB86. (Doc. NASA/JPL-Caltech/GSFC)
Les formes chlorées de méthane détectées par SAM dans les échantillons. Voir, en anglais, http://marsprogram.jpl.nasa.gov/msl/multimedia/images/?ImageID=5126&NewsInfo=59C884BFF2B8E0EFCDDC0BB94F94BA55AC4A8F9603007ADCC24950
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(doc. NASA-JPL/Caltech)
Belle réactivité! bravo Alain!