La simulation à la station MDRS de la Mars Society : l’exemple de la mission 145
Parfois le public peut se demander à quoi servent les simulations effectuées par la Mars Society auxquelles participent périodiquement des français soutenus par la branche française APM (Association Planète-Mars) de la Mars Society. Il est normal de se poser des questions et cet article essaie de répondre à travers un exemple.
Impressionnée par les premiers essais dans l’ISS de la technologie d’impression additive (plus connue sous le terme d’impression 3D) Julielynn Wong, créatrice de la société 3DM4, après des contacts avec des médecins de la Nasa et sur leurs conseils, a obtenu la possibilité de tester sa technologie et son concept lors d’une mission à la Mars Desert Research Station qui est isolée à souhait pour le but recherché.
Son idée est de pouvoir créer par impression 3D le matériel médical directement dans une station spatiale, un habitat d’exploration planétaire, une base ou toute future implantation humaine hors de la Terre, et sur Mars notamment.
C’est donc logiquement dans une base de simulation analogue de la Mars Society qu’elle est allée tester concept et matériel. Et son concept semble bien y avoir fait ses preuves
Julielynn Wong devant l’imprimante 3D lors de la simulation MDRS 145 (doc. Mars Society/MDRS 145)
Le matériel médical imprimé sur place permettra aux astronautes de répondre rapidement à des besoins spécifiques à des accidents éventuels. Il est difficile et coûteux d’emmener tout le matériel dont on pourrait avoir besoin, répondant à tous les types d’accidents, une mission spatiale habitée ne peut emporter que du matériel médical assez polyvalent. Un choix doit être fait au départ.
Un matériel de base sera toujours nécessaire mais pouvoir disposer d’une réserve de matériaux et d’une imprimante 3D donne une bien plus grande capacité de réponse et d’adaptation aux divers accidents susceptibles d’entraver le cours d’une mission, surtout lointaine, et cela en augmente l’efficacité.
Et si l’ISS est à quelques heures de temps pour y envoyer du matériel en urgence, il faudrait plusieurs jours vers la Lune et de 6 mois à 2ans et 6 mois vers une mission posée sur Mars, d’ou l’intérêt de la simulation.
Mais comme souvent dans ce type de démarche, le concept peut encore plus facilement s’appliquer à notre Terre. Bien des zones et territoires ont le même problème d’ »éloignement temporel « et de difficultés à être correctement approvisionné en matériel médical : zones de guerre , de catastrophes et de non-droit , territoires « ruraux » ou « oubliés « par les états , ou encore isolés par des conditions climatiques et géologiques rudes .
D’après Julielynn Wong 45 % de la population mondiale vit dans des régions et des conditions où l’absence d’aide médicale pourrait être aidée par son procédé.
Elle pense que l’imprimante 3D sera la mallette du médecin du futur et son entreprise est actuellement en train de créer une bibliothèque numérique de matériel médical imprimable pour téléchargement et fabrication selon les besoins.
De quoi améliorer et avoir un procédé parfaitement au point et performant le jour ou des missions habitées se poseront sur Mars .
Les futurs astronautes pourront avoir une pensée de remerciement pour le Dr Wong et la Mars Society !
Mais l’impression 3D ne se limitera pas au seul matériel de la mallette du médecin, certaines prothèses mais aussi des médicaments pourront également être imprimés selon les besoins, et cela se fait déjà, toujours dans l’idée de fournir le plus grand nombre, rapidement, à la demande et à moindre coût des produits et du matériel médical:
Pour les médicaments voir :
http://www.additiverse.com/2024-imprimer-en-3d-vos-medicaments-personnalises/
Documents en anglais sur les tests du concept à la MDRS :
http://abcnews.go.com/Health/mock-mars-mission-simulate-life-red-planet/story?id=27609237
http://endurancerobots.com/2016/04/26/3d-printing-on-mars/
http://hplusmagazine.com/2015/02/11/3d-printing-mars/
Présentations en anglais sur le sujet :
Et bien sûr l’impression 3D n’est pas réservée au matériel à finalité médicale; de nombreuses pièces, en particulier de rechange, peuvent être produites par ce procédé. Toute la question est de disposer de la matière première souhaitée.
Les machines d’impression 3D font maintenant partie des matériels des installations ou campagnes de simulation. Ici un tel matériel lors de la campagne de simulation Mars 2013 de l’ÖWF au Maroc (doc. A. Souchier)
Les différentes étapes de la fabrication d’un filtre de rechange pour la pompe à haut du loft de l’installation de simulation MDRS lors de la mission MDRS 164 de début 2016. De gauche à droite et de haut en bas : Le filtre cassé en entrée de pompe, la conception du nouveau filtre sous CATIA, le téléchargement du logiciel de transformation du fichier CATIA en un fichier compatible avec l’imprimante 3D, le filtre nouveau sortant de la machine, un gros plan du nouveau filtre, l’ancien et le nouveau filtre. La réalisation de cette pièce opérationnelle était une première pour la MDRS mais une pièce opérationnelle avait déjà été réalisée lors de la simulation HI-SEAS 2 en 2014. (Doc. MDRS 164)