Par Philippe Coué
Un reportage de la télévision chinoise a précisé le 24 août dernier les contours de la première mission martienne de l’Empire du Milieu.
Cet été, la Chine a révélé ce qui semble être la configuration définitive de leur mission martienne prévue en 2020. Elle ne diffère pas vraiment de ce qui avait été présenté au salon aérospatial de Zhuhai en 2014 et dans les différentes communications techniques diffusées depuis cette époque. Ainsi, trois véhicules constituent le train spatial qui s’élancera vers Mars à bord d’un puissant lanceur CZ-5 au cours de l’été 2020. Il y aura un orbiteur qui effectuera une reconnaissance globale de la planète rouge, la première du genre pour la Chine. Pendant la croisière interplanétaire, cette sonde sera associée à une grosse capsule doublement conique qui abritera l’atterrisseur et le rover.
Vue générale du train martien chinois de 2020 avec au premier plan la capsule qui abrite l’atterrisseur et le rover (doc. DR)
Après la mise en orbite martienne, la capsule sera larguée vers la planète. L’approche et l’atterrissage suivront ce qui a été pratiqué avec succès par les sondes américaines Viking (1976) et Phoenix (2008), à savoir un freinage aérodynamique avec la capsule dans l’atmosphère précédant l’ouverture d’un large parachute et un freinage par rétro-fusées jusqu’à l’atterrissage. Les reportages diffusés par la télé chinoise montraient l’essai en soufflerie du parachute et très distinctement toute la séquence finale jusqu’à l’atterrissage. D’autres animations montraient le rover qui ressemble sans conteste aux Spirit et Opportunity de la Nasa avec une disposition des panneaux solaires presque identique et à l’avant un mat porteur de caméras.
L’atterrisseur sera freiné par un unique moteur à l’atterrissage (doc. DR)
Même si la mission martienne chinoise utilisera abondamment les technologies et l’expérience du programme d’exploration automatique de la Lune Chang’E, ce sera un véritable défi pour la Chine. Sans pratiquement aucune expérience avec Mars, ils souhaitent s’y mettre en orbite et effectuer une exploration in situ conséquente. C’est une approche qui est à l’opposée de celle de l’Inde. Le sous-continent est déjà autour de la planète Mars avec une sonde « économique » et compte aborder très progressivement les étapes ultérieures. Mais la Chine est pressée. Elle veut démontrer qu’elle peut mieux faire sans passer par des étapes intermédiaires comme elle l’avait pourtant envisagé il y a quelques années. Assurément la dynamique est plus importante et elle n’est pas dénuée d’arrière-pensées, en particulier en terme de compétition avec son rival américain et même indien.
La mission chinoise, qui abordera la planète Mars en 2021, n’a pas encore été décrite en détail par l’Académie de technologie spatiale chinoise (le maître d’œuvre des engins d’exploration) ou par l’Agence spatiale qui manage l’ensemble. Cependant, la Chine semble accorder une certaine importance à la recherche de l’eau depuis l’orbite ou avec le rover.
L’atterrisseur et ses rampes déployées pour permettre au rover de rejoindre la surface de Mars (doc. DR)
Le rover chinois sur Mars en 2021 (doc. DR)
Autres vues montrant la configuration des futurs engins martiens chinois (doc. DR)
Après l’exploration de la Lune, celle de Mars est désormais bien ancrée dans le programme spatial chinois depuis son officialisation en mars 2016. Et l’opération qui est actuellement préparée ne sera pas unique. En effet, la Chine pense sérieusement à retourner des échantillons martiens sur Terre. Pour réussir ce défi technologique, il faudra d’abord réaliser l’étape de 2020 et surtout développer un lanceur adéquat, car le CZ-5 ne sera plus suffisant. Il serait logique que la fusée lunaire CZ-9, dont le développement a aussi été officialisé cette année, soit utilisée. Mais sa mise en service est prévue à la fin des années 2020. C’est exactement la période qui a été annoncée par la Chine pour conduire ce retour d’échantillons martiens…