Après les tribulations de la sonde Insight avec l’instrument HP3 qui avait dû interrompre son forage avec la taupe, il y a une année dans Elysium Planitia, (voir le bulletin n°82 page 4) c’est au tour de la mission européenne Exomars de nous donner des soucis alors que le lancement de l’astromobile Rosalind Franklin à bord d’un lanceur Proton, depuis le cosmodrome de Baïkonour, est prévu à l’intérieur d’une fenêtre de tir qui s’ouvre le 26 juillet et se ferme le 11 août 2020.
Il y a eu d’abord des déconvenues avec l’extraction des parachutes qui doivent permettre de ralentir suffisamment la sonde de deux tonnes pour qu’elle se pose en douceur sur le sol de la planète rouge, alors qu’elle arrivera dans la haute atmosphère martienne à la vitesse de 21000 km/h et qu’un bouclier thermique l’amènera à une vitesse de 1700 km/h. En final des rétro-fusées assureront l’atterrissage en douceur.
En effet lors des essais en mai 2019, à l’altitude de 27 km où la pression est similaire à celle de Mars, les parachutes se sont correctement déployés mais lors de leurs récupérations au sol, des déchirures ont été constatées sur les coupoles.
Avec l’aide des techniciens du JPL de Pasadena, en août dernier, on s’est aperçu que les problèmes étaient dus à de fortes frictions amenant aux déchirures lors de l’extraction des parachutes pilotes tirant les parachutes principaux à très grande vitesse, de l’ordre de 250 à 280 km/h. Le dispositif a été modifié pour une extraction plus fluide à l’aide de revêtement téflon et de changements de géométrie des extracteurs.
Des tests ont été réalisés au sol pour les parachutes pilotes de 15 m de diamètre en décembre 2019 et en janvier pour les parachutes principaux de 35 m. Il faut encore valider par des essais à haute altitude dans l’Orégan aux USA. Ces tests prévus initialement en février auront lieu finalement à la fin de ce mois-ci.
De plus fin février des anomalies ont été constatées sur l’astromobile au niveau de la colle dans les supports des panneaux solaires déployables, lors de son arrivée dans les locaux de Thalès Alenia Space, TAS, maître d’œuvre du projet pour le compte de l’ESA, pour son intégration au module de descente Kazatchok russe. L’incident s’est révélé lors d’essais de vide thermique et est également apparu sur un modèle d’essai mais il n’apparaît pas critique. Un arrêt dans l’usine de TAS à Turin, devrait permettre d’ajouter des boulons supplémentaires, avant l’envoi à Baïkonour, Kazakhstan, pour les préparatifs de lancement.
Un comité de l’ESA était prévu initialement en avril pour passer en revue l’ensemble de la mission et donner son feu vert mais il aura finalement lieu le 12 mars selon l’annonce du 28 février.
À quelques jours de la réunion (du 12 mars) des dirigeants de l’ESA et de l’agence spatiale russe Roscosmos pour discuter de l’état d’avancement du projet Exomars et de sa préparation au lancement, des rumeurs d’un éventuel report à 2022 se font entendre.
Il s’agit de difficultés inhérentes à chaque programme spatial. Dans le cas d’ExoMars, il y a plusieurs « paramètres » qui rendent soucieux les responsables de la mission. Si isolé, aucun ne représente une difficulté technique insurmontable, la difficulté de la tâche est de s’assurer que ces paramètres, en fonction des marges d’erreurs des uns et des autres, fonctionneront correctement les uns par rapport aux autres. Et que la mission se déroule nominalement.
Exomars 2018, puis 2020, puis 2022. A part pour les parachutes, comment se fait-il que le reste ne soit pas encore prêt? Décidement ce projet n’avance pas.