Ainsi le choix du site d’atterrissage du rover ExoMars en 2018 est fait: ce sera Oxia Planum. On est tout près de Mawrth Vallis que préconisait Jean-Pierre Bibring pour Curiosity en 2009.
La localisation d’Oxia Planum
Les raisons sont la richesse en argiles relativement « fraiches » et l’accessibilité. Oxia Planum, entre Chryse Planitia et Mawrth Vallis, est en effet un cratère peu profond dans lequel se sont déposées des couches d’argiles lorsque Mars était plus humide (fin de l’ère Noachienne, avant – 4 milliards). Les argiles sont connues pour être hospitalières aux premières étapes de la vie et aussi favorables à la conservation des fossiles. Cerise sur le gâteau, ces couches d’argiles ont été dégagées d’une couche d’alluvions détritiques et de laves qui les avaient recouvertes pendant l’ère Hespérienne. Cette érosion est récente (moins d’une centaine de millions d’années) et on peut penser que les radiations solaires et le rayonnement cosmique ont pu ne pas totalement détruire les molécules organiques qui auraient pu y évoluer.
Maquette du rover européen ExoMars dans le stand ESA du salon du Bourget 2015. Le rover est équipé d’une foreuse capable d’atteindre une profondeur de 2m et d’un instrument d’analyse perfectionné des échantillons récoltés. (doc. APM)
L’objectif d’ExoMars, mission conjointe de l’ESA et de Roskosmos, est en effet de rechercher des traces d’évolutions pré-biologiques ou éventuellement biologiques. C’est la première mission d’exploration martienne qui y est dédiée depuis Viking dans les années 70 ! Curiosity avait en effet pour objectif de seulement vérifier l’habitabilité mais n’était pas véritablement équipé d’instruments d’investigation biologique.
Par ailleurs, le site d’Oxia Planum est un peu moins haut en latitude que Mawrth Vallis (juste en dessous de 20°N et au-dessus d’Ares Vallis) et semble de ce fait lui être préférable mais ce dernier reste le « second best » et si le lancement d’ExoMars ne pouvait se faire en 2018, on pourrait retomber sur ce site pour la fenêtre de 2020. Malheureusement ce retard n’est pas à écarter car la préparation du rover semble plutôt juste dans les délais, sans aucune marge.
Voir ici (article en anglais) l’analyse géomorphologique du site d’Oxia Planum.
Détail d’une zone d’Oxia Planum (en fausses couleurs !) vu par la caméra HiRISE de Mars Reconnaissance Orbiter (doc. NASA/JPL-Caltech/Univ. of Arizona)